Poncharal : « Mon souhait est de garder Syahrin »

Hervé Poncharal confiait à motogp.com son souhait de conserver Hafizh Syahrin, tout en précisant vouloir d’abord parler à ses sponsors.

Le team Monster Yamaha Tech3 débarquait à Buriram, avec dans ses rangs un tout nouveau pilote en la personne de Hafizh Syahrin. Suite à l’annonce faite par Jonas Folger en janvier dernier de renoncer à la saison 2018, la structure française avait en effet décidé de faire appel au jeune Malaisien durant ces trois jours ; une grande première en MotoGP™.

Pour le natif d’Ampang, le challenge était de taille mais loin de se laisser impressionner, ce dernier progressait au fil des séances pour tout compte fait repartir avec le 22e temps combiné, juste devant Karel Abraham (Ángel Nieto Team) et Xavier Siméon (Reale Avintia Racing). Hafizh Syahrin, qui parcourut l’équivalent de 166 tours, pointait ainsi à un peu moins de 1.7 seconde du premier.

De son côté, Johann Zarco manquait de terminer au sommet de la hiérarchie. Le Français, qui n’aura cessé de monter en puissance au cours du #ThaiTest, était finalement battu dans les dernières minutes par Dani Pedrosa (Repsol Honda Team) pour 86 petits millièmes. Au lendemain de ce deuxième Test Officiel de l’année, motogp.com a souhaité savoir ce que Hervé Poncharal, patron de l’équipe borméenne, avait pensé de la prestation de ses deux pilotes.  

Qu’avez-vous pensé de la prestation de Johann lors du #ThaiTest ?
« Ça faisait bien longtemps que nous n’avions pas connu un Test aussi constructif. Quand vous faites trois journées d’essais à raison de 70 à 90 tours par jour, en général il y a toujours des hauts et des bas. Certains réglages sont moins bien que d’autres… mais force est de constater que là, Johann s’est de suite senti à l’aise, outre le fait de progresser à chaque run. Franchement c’est rare d’avoir des séances où tout se passe aussi bien ! À Sepang, on voyait bien qu’il y avait quelques petites choses à améliorer. Certes, il y en a encore, mais après ces trois jours, on ne peut qu’être en confiance. »

Comment expliquez-vous une telle différence avec les pilotes officiels Yamaha ?
« Chez Monster Yamaha Tech3, j’ai toujours voulu qu’on travaille comme une famille, en regardant le moins possible ce qu’il se passe ailleurs. Il serait donc prétentieux de ma part de parler d’un box qui est à côté du mien sans connaître les tenants et les aboutissants. Je ne sais pas quels sont les problèmes de Maverick et de Valentino, comment ça se passe en interne. Tout ce que je sais, c’est que ce sont deux Champions du Monde, deux pilotes qui termineront malgré tout devant nous au classement général. De notre côté, nous sommes très heureux du matériel qui nous est fourni et nous avons à cœur d’en extraire son maximum. Comparé à la saison dernière, nous avons également quelques petites évolutions, notamment au niveau aérodynamique, qui fonctionnent vraiment bien […] Au final, je pense qu’ils sont plutôt contents des prestations de Johann, des infos qu’on leur remonte. Je sais aussi que les pilotes officiels regardent ses données avec très grand intérêt. Si tous ensemble, nous parvenons à faire en sorte que Yamaha soit encore plus efficace dans le développement de sa machine, alors nous aurons accompli notre mission ! »

Je sais que les pilotes officiels regardent les données de Johann avec très grand intérêt.

Concernant Hafizh, qu’avez-vous pensé de ses premiers tours de roue ?
« C’était une bonne surprise aussi de ce côté là. Il faut bien garder à l’esprit que Hafizh n’était absolument pas préparé, qu’il était parti pour son projet Moto2™… Mais Razlan Razali a accepté de nous confier son pilote pour ces trois jours de Test, je tiens par ailleurs à l’en remercier. Atteindre le MotoGP™ est le rêve de tout pilote. Une certaine pression pesait donc sur les épaules de Hafizh à Buriram. Jamais un Malaisien n’avait piloté de MotoGP™ avant lui. Il avait également un certain handicap comparé à d’autres rookies comme Takaaki, Franco, Tom ou Xavier qui avaient déjà quelques kilomètres au compteur. Il se devait d’être performant, sans pour autant chuter et dans ces conditions il est facile de commettre une erreur. Il a franchement fait du superbe travail, il a progressé à chacune des journées et il finit à seulement 1.7 seconde du meilleur, sachant qu’il est loin d’avoir atteint son plein potentiel. Je suis vraiment bluffé ! En plus, c’est quelqu’un hors piste qui est super humble, super agréable. Et puis clairement, j’ai toujours considéré Monster Yamaha Tech3 comme un team junior, autant dire que Hafizh colle tout à fait au profil. »

A-t-on des chances de le revoir de fait en 2018 ?
« Ma volonté est de le garder pour toute la saison 2018, mais je dois avant tout convaincre l’ensemble de mes partenaires. Aujourd’hui, il n’y a rien de décidé, néanmoins je ne vous cache pas que je serais très déçu, si on ne parvenait pas à trouver un accord. Je pense que nous avons trouvé un pilote qui cadre tout à fait avec ce que nous recherchons. Suite au retrait très malheureux et très tardif de Jonas Folger, c’est certainement la meilleure solution qui se présente à nous. »

Ma volonté est de garder Hafizh pour toute la saison 2018, mais je dois avant tout convaincre l’ensemble de mes partenaires

Petite précision, sur quelle moto Hafizh évoluait-il ?
« Quand vous avez un jeune pilote qui n’a aucune expérience, autant lui donner une base ‘saine’ et performante. Hafizh a donc la moto que Johann et Jonas avaient en 2017. »

À ce stade, vous avez donc totalement abandonné la piste 2017 ?
« Oui oui, nous avons fait le tour de son potentiel et nous avons regardé. Quand nous avons fait un back-to-back, Johann se sentait un peu mieux sur le châssis 2016… En plus Valentino et Maverick utilisent cette même base. Donc ça a du sens que tout le monde ait plus ou moins le même matériel pour qu’on puisse comparer les data et s’entraider. »