Le moment de vérité, par Nick Harris

Nick Harris revient sur sa première venue à Misano, en avril 1976.

Après quatre mois passés à couvrir le Championnat britannique de Sidecar pour le compte de Motor Cycle News, le moment de vérité était enfin arrivé. Le rédacteur en chef décida en effet de m’envoyer à Misano durant la pré-saison. Alors que je faisais route vers l’Italie, vêtu de mon tout nouvel anorak aux couleurs du canard, mon supérieur me contacta justement pour me demander de revenir avec quelques déclarations de Giacomo Agostini et de Phil Read…

Pendant de nombreuses années, des courses avaient à vrai dire lieu sur la Côte adriatique. Pas étonnant donc que la réception de l’hôtel Abners soit ornementée de plusieurs photographies illustrant certaines légendes locales, telles que Agostini, Bergamonti et Pagani. Comme tout circuit routier, le danger était là et c’est d’ailleurs dans le rond-point menant au front de mer qu’Angelo Bergamonti a perdu la vie ; un incident survenu en avril 1971 durant une course 350cc. Le transalpin était alors à la poursuite de son coéquipier Giacomo Agostini.

Dans ce même hall de réception, j’ai également eu la chance de rencontrer le légendaire mécanicien et futur responsable médias de Honda, Iain Mackay. Ce dernier m’invitera à dîner le premier soir et qui y avait-il en bout de table lors de mon arrivée ? Un certain Giacomo Agostini. L’homme aux 15 titres mondiaux se leva pour saluer la jeune recrue MCN.

Les premiers essais se déroulèrent en présence d’un soleil plutôt discret. Le tracé de l’époque était situé plus dans les terres et l’endroit était désert… ou du moins avant d’arrivée des rugissants moteurs deux temps. Les choses se mettaient doucement en place, lorsque Phil Read m’a repéré dans le paddock, toujours vêtu de ma bonne vieille veste. Vous devez être le nouveau journaliste de Motor Cycle News, exact ? Le soir-même, le Britannique m’invitait à dîner avec lui… au restaurant de l’Abner. Vous connaissez me demanda-t-il ? – Bien sûr, j’y ai mangé hier avec votre ami Giacomo Agostini. De retour à ma chambre d’hôtel, je n’avais qu’une envie : téléphoner à mes amis pour leur raconter que j’avais dîné avec Giacomo Agostini, Phil Read et rencontré Walter Villa.

Mais tout le monde attendait en réalité la course et au petit-déjeuner nous fûmes accueillis par une sorte de neige fondue. Les premiers officiels commençaient à arriver, les Carabinieri, les pilotes et les journalistes… Giacomo Agostini avait décidé quant à lui de ne pas courir. Les organisateurs finirent ainsi par livrer leur verdict : pas d’Agostini, pas de course.

Me voilà revenu au Championnat britannique de Sidecar !