Quand la jeunesse s’impose sur l’expérience

La pluie d’Assen a permis au jeune Australien Jack Miller de prouver l’étendue de son talent en signant une victoire historique.

L’annonce d’une course sur piste mouillée fait souvent le bonheur des fans, la pluie rendant toujours les courses imprévisibles et pleines de rebondissements. Certains pilotes partagent cet enthousiasme comme par exemple les experts du pilotage sur terrain glissant, tels qu’Andrea Dovizioso (Ducati Team) ou Chris Vermeulen, qui ont tous les deux remporté leur unique victoire en MotoGP™ sur piste mouillée, ou encore Anthony West, vainqueur à Assen sous la pluie en 2003 (250cc) puis en 2014 (Moto2™). Bien que leur talent leur ait permis de remporter de mémorables victoires sur piste mouillée, d’autres pilotes tels que Dani Pedrosa (Repsol Honda Team) et Jorge Lorenzo (Movistar Yamaha MotoGP) n’apprécient pas autant le challenge supplémentaire qu’apporte la pluie.

Ces deux derniers ne se sont d’ailleurs pas réjoui de voir la pluie arriver quelques dizaines de minutes avant le départ de la course MotoGP™ dimanche dernier à Assen, où plusieurs pilotes dont Danilo Petrucci (Octo Pramac Yakhnich), Yonny Hernández (Aspar MotoGP Team) et Jack Miller (Estrella Galicia 0,0 Marc VDS) se frottaient les mains devant l’opportunité d’utiliser des aptitudes développées à l’époque où ils couraient en motocross ou en flat-track.

À l’instar de l’Italien et du Colombien, Miller avait déjà prouvé qu’il avait quelque chose en plus sous la pluie mais contrairement au GP de Grande-Bretagne de 2015, où Petrucci était monté sur le podium et où Miller était tombé en emportant avec lui son coéquipier Cal Crutchlow, le TT Assen s’est cette fois-ci conclu sur un succès historique pour l’Australien. Dans des conditions extrêmement difficiles, et alors que Petrucci et Hernández avaient été contraints à l’abandon, le pilote du team Estrella Galicia 0,0 Marc VDS est allé défier Marc Márquez (Repsol Honda Team) pour décrocher sa toute première victoire en catégorie reine, huit ans après la celle de Chris Vermeulen au Mans.

La voix rauque après avoir crié sous son casque sur le tour d’honneur, Miller retenait ses larmes dans le parc fermé en évoquant les sacrifices qu’avaient faits sa famille au fil des ans pour lui permettre d’en arriver-là. Critiqué et remis en question lorsqu’il avait choisi de directement passer du Moto3™ au MotoGP™, « JackAss » faisait aussi taire ses critiques et récompensait Honda pour la confiance que la prestigieuse marque japonaise lui avait accordée.

La pluie a donné à Miller l’opportunité de démontrer son talent mais a aussi donné à Márquez l’opportunité de prouver qu’en plus d’être l’un des pilotes les plus rapides de l’histoire du MotoGP™, il était aussi désormais suffisamment mature pour remporter une troisième couronne de Champion du Monde en catégorie reine. Avec Valentino Rossi (Movistar Yamaha MotoGP) hors-course et Jorge Lorenzo (Movistar Yamaha MotoGP) loin derrière, l’Espagnol était en parfaite position pour creuser l’écart au classement général et a su faire le bon choix quand Miller est revenu à son niveau.

Au lieu de se lancer dans un duel qui se serait vraisemblablement conclu sur un drame pour l’un des deux, le pilote du team Repsol Honda a mis son orgueil et sa combativité de côté pour se contenter d’une seconde place cruciale pour sa campagne 2016 puisqu’il mène avec vingt-quatre points d’avance à l’approche du cap de la mi-saison.

En lice pour la victoire avant comme après le drapeau rouge, Rossi est quant à lui reparti d’Assen sur un très coûteux abandon, synonyme d’un troisième résultat blanc en huit courses cette année. Compétitif dès le début du week-end sur une piste où il avait gagné en 2015 et où il était arrivé après une superbe victoire à Barcelone, l’Italien espérait continuer sur sa lancée et était bien parti pour s’imposer une fois passé devant Andrea Dovizioso mais a, à l’instar de son compatriote, fini par partir à la faute. En perdant l’avant à Mandeveen, Rossi a peut-être bien perdu ses chances de décrocher un dixième titre mondial en 2016 puisque les statistiques indiquent qu’il n’a jamais été Champion du Monde en ayant abandonné à trois reprises, le très haut niveau de la catégorie reine faisant de chaque abandon une catastrophe.

Son coéquipier Lorenzo a lui aussi vécu un cauchemar mais s’en est sorti avec quelques points. En manque de rythme sur le sec, le Majorquin a coulé dans les profondeurs du classement suite à l’arrivée de la pluie et était en queue de peloton au moment où le drapeau rouge est intervenu. Une fois reparti avec un pneu pluie plus tendre à l’arrière, le Champion en titre est parvenu à s’assurer les six points de la dixième place, faisant en sorte que son retard sur Márquez au Championnat ne dépasse pas l’équivalent d’une victoire.

« Avant Le Mans nous étions déjà 24 points derrière et nous sommes plus ou moins dans la même situation maintenant, après deux courses difficiles. Je pense donc qu'il faut essayer de voir le bon côté des choses et garder à l'esprit qu'il nous reste beaucoup de courses pour rattraper Márquez. »

Le week-end s’est avéré encore plus compliqué pour Dani Pedrosa (Repsol Honda Team). Après avoir fait son retour sur le podium chez lui à Barcelone, l’Espagnol espérait s’être sorti d’une mauvaise passe mais au lieu de se battre aux avant-postes, il s’est retrouvé en Q1 pour se qualifier en 16e position. Les deux parties de la course se sont ensuite très mal passées pour Pedrosa, qui a fini par chuter dans la deuxième pour repartir et terminer avant-dernier, en douzième position.

Circuit le plus ancien du calendrier, Assen a eu place particulière dans l’histoire du Championnat du Monde. En ce dernier dimanche de juin 2016, la Cathédrale du Motocyclisme a de nouveau été témoin d’une course mémorable pour un jeune pilote promis à un brillant avenir, mais aussi d’un épisode à oublier pour trois des pilotes les plus expérimentés de la grille MotoGP™.

Jack Miller, Estrella Galicia 0,0 Marc VDS, Motul TT Assen