Les clés du Grand Prix selon… Kevin Schwantz

Le Champion du Monde 1993 nous livre son analyse à l'issue des premiers essais libres

Après avoir suivi de près la première journée du Grand Prix Pramac d'Allemagne, Kevin Schwantz partage son point de vue sur l'actualité avec motogp.com.

L'ANNONCE DE PEDROSA

« Le week-end a démarré avec Dani qui annonce sa retraite. À la fin de la saison, il aura passé 13 ans dans la catégorie reine, il devrait être fier de sa carrière. Il n'a pas gagné de titre en MotoGP™ mais il a remporté de nombreuses victoires et plusieurs titres, un en 125 et deux en 250. Hélas, dans le sport on a tendance à se focaliser sur le palmarès en termes de titres mondiaux, mais ce n'est pas comme cela qu'il faut juger les choses. S’est-il maintenu au plus haut niveau ? Est-ce qu'il s’est donné à 100% ? A-t'il profité de chaque opportunité ? Il a fait tout ce qu'il pouvait. Il a parfois été malchanceux. En tant que pilote, au-delà du talent, il faut une part de chance - il faut être au bon endroit au moment. Cela fait partie de la compétition. »

MÁRQUEZ GRAND FAVORI

« C'est un peu comme à Austin - Marc Márquez a gagné la plupart des courses qu'il a disputées ici, que ce soit en 125, Moto2™ ou MotoGP™. Il n'a pas couru dans toutes ces catégories à Austin mais il s’y est imposé à six reprises. À chaque fois il était en pole... Aussi si vous êtes un de ses rivaux, tout ce que vous pouvez faire, c'est vous demander comment le battre, comment le déstabiliser - comment le pousser à faire une erreur. Au bout du compte, c'est tout ce que vous pouvez faire. Lors des essais libres, il avait près de 0.5s d'avance sur les autres puis il a continué à progresser, petit à petit. Quand ses rivaux sont passés sur des pneus neufs, il était encore aux avant-postes. Je pense donc qu'il va être difficile de battre Marc et je pense que son principal rival... ne sera autre que lui-même. C'est ce que l'on a souvent vu - s'il reste en piste et voit qu'il peut creuser l'écart, il pourra gérer son avantage. Le battre s'annonce très difficile. »

LES DUCATI AUX AVANT-POSTES

« Il me semble intéressant de voir les Ducati - Lorenzo, Dovi et Petrucci, en tête lors de la deuxième séance d'essais - il y a un mélange de noms intéressant, en lice pour la Q2 et les qualifications s'annoncent donc assez intéressantes. Nous avons évité la pluie et l'on devrait assister à un beau week-end. »

LA FIBRE SUZUKI

« J'espère que Suzuki va faire un bon Grand Prix. Rins gagne en maturité et il a compris que si la mise au point de la moto n'est pas toujours parfaite, il peut travailler tout au long du week-end jusqu'à dimanche matin. En faisant ces petits ajustements, il peut arriver bien préparé pour la course, comme ce fut le cas à Assen. Nous avons vu ce dont il est capable. À trois tours de l'arrivée, il a réussi à reprendre du terrain pour s'emparer de la deuxième place, avec un beau dépassement sur Maverick. Avoir à faire ce genre de manœuvre est toujours intimidant, surtout en fin de course, quand il n'y a pas forcément beaucoup de grip. Suzuki continue de progresser, aussi bien au niveau de la moto que de l'équipe. J'attends de belles choses de la part d'Alex et de son nouveau coéquipier l'an prochain. »

YAMAHA EN DEMI-TEINTE

« 17è, cela fait un peu loin pour Vale. Peut-être qu'il a décidé d'engranger les kilomètres en FP2, en travaillant avec des pneus usés en vue de la course. Quand il est rentré aux stands pour changer de pneus, il était proche de la dixième place, là où il se trouve souvent le vendredi. Il semble que la Yamaha soit une machine exigeante. Tout le monde exploite sa machine au maximum et chaque pilote doit peaufiner ses réglages selon ses préférences. Il semblerait que la Yamaha soit un peu plus sensible à ce niveau. Avec la Suzuki par exemple, en l'exploitant à 98% vous pouviez gagner des courses, mais à 96%, finir dans le top 7 serait une question de chance. La marge de manœuvre est donc très limitée - il faut travailler à la perfection pour se battre aux avant-postes. Le moindre désavantage peut vous faire perdre de vue le groupe de tête avant la mi-course. »

LE MYSTÈRE ZARCO

« Les performances de Zarco semblent s'être dégradées depuis qu'il a annoncé son départ chez KTM, au Mans. Je n'ai jamais pensé lâcher Suzuki et je n'ai jamais menacé de quitter Suzuki, ne donnant pas l'occasion à l'équipe de se relâcher... Je doute que ce soit ce qu'il se passe chez Tech 3, je connais trop bien Hervé (Poncharal) et il a une équipe de premier rang. Zarco s'est-il déconcentré ? Pense-t'il trop à la saison prochaine ? Aurait-il des doutes sur le choix qu'il a fait ? Le rendement d'une moto de Grand Prix dépend avant tout du pilote et de ce qu'il a dans la tête. Que ce soit sur la meilleure ou sur la plus mauvaise moto du plateau, si les autres sont à deux secondes, c'est au pilote de gommer la majeure partie de cet écart. Si vous n'êtes pas sûr de vous-même à 100% et que vous ne vous donnez pas à fond à chaque tour, vous ne dominerez jamais vos réglages. Vous ne saurez pas lire le comportement de la moto sur la distance d'une course. Il y a tellement de facteurs à prendre en compte que la moindre distraction peut vous reléguer en quatrième ou cinquième ligne. »