Two Wheels for Life : Un nouveau combat face au Covid-19

Andrea Coleman, cofondatrice de Two Wheels for Life, en appelle à la générosité des gens en cette période de pandémie.

Il y a près de 30 ans, Andrea Coleman lançait, avec son mari Barry et la star des Grands Prix Randy Mamola, un organisme de charité visant à améliorer l’accès au soin auprès de la population africaine et ce, par le biais de la moto. À vrai dire, cette dernière avait été bouleversée en voyant l’état des routes et les difficultés parfois rencontrées par ces médecins et autres professionnels de la santé pour accéder à certains villages ; ce qui l’avait poussée à créer Riders for Health - association dont elle est la présidente.

Sans MotoGP™, difficile toutefois de collecter des fonds pour mener à bien leur mission. « À ce stade de l’année, grâce aux différentes expériences proposées au travers du paddock, nous aurions déjà recueilli l’équivalent de 2000£… Ce programme a besoin d’encore plus de financements que d’ordinaire, indique-t-elle, en référence à la crise actuellement traversée avec le Covid-19. Les virus ne sont pas une nouveauté en soi en Afrique. Malheureusement, beaucoup d’états y souffrent encore de VIH, de tuberculose multirésistante. On assiste aussi à des épidémies de peste, de lèpres, des choses que nos sociétés ne connaissent plus depuis longtemps ! »

Ces maladies sont en effet toujours répandues dans des pays comme le Libéria, la Gambie, le Lesotho, le Nigéria ou le Malawi, où cette organisation à but non lucratif est une des plus présentes comme en attestent ces 1400 véhicules et 700 collaborateurs.

Mais Andrea Coleman est encore plus inquiète à l’idée que le Coronavirus se propage sur ces terres. « C’est quelque chose auquel on n’a jamais été confronté, confesse-t-elle. Personne n’a d’informations, ils n’ont pas les vêtements nécessaires et se laver les mains relève d’un véritable challenge dans des régions où il n’y a pas d’eau potable, où la distanciation sociale est difficile à appliquer. Il est vraiment important que nous puissions communiquer auprès d’eux à ce sujet, tout en mettant à disposition de nos collaborateurs les moyens appropriés. C’est très difficile pour eux, pour leur famille, ainsi que pour cette communauté rurale. À ce fardeau qu’ils portent au quotidien, vient s’ajouter une nouvelle maladie, qui leur est inconnue. »

Selon de récentes données, le nombre de cas liés au Coronavirus serait relativement faible comparé aux autres continents, avec 11 cas recensés en Gambie, 141 au Libéria, 36 au Malawi, 1728 au Nigéria et 0 au Lesotho ; des chiffres qu’Andrea Coleman pensent faussés en raison de l’absence de tests. « Peu de cas ont été reportés au Lesotho pour le moment, mais il faut savoir que c’est bientôt l’hiver là-bas, que c’est assez montagneux donc que ces populations vont se retrouver retranchées chez elles et c’est là où le risque de propagation est le plus élevé, explique-t-elle. En Afrique du Sud on dénombre près de 5000 cas… Alors forcément j’ai du mal croire qu’il n’y en ait pas au Lesotho. Ils sont entourés par l’Afrique du Sud. Certes il existe bien des frontières, mais les gens les traversent assez facilement, sans compter que beaucoup font quotidiennement l’aller-retour pour aller travailler. Nous craignons une grave épidémie dans les prochains mois et nous essayons de nous y préparer. Au fond de nous, nous espérons que ça n’arrivera pas, mais personne n’est en mesure de dire. Après le risque, c’est aussi que ça détourne l’attention des gens face à des maladies comme le VIH ou la tuberculose multirésistante encore grandement présentes au Lesotho. C’est un nouveau défi pour eux et on resent une certaine anxiété […] En Gambie et au Nigéria, l’objectif est de profiter du travail que nous faisons auprès des laboratoires pour leur faire passer des tests, mais comme on le sait c’est très cher et on compte près de 200 millions d’habitants, ça ferait beaucoup de personne à tester. Et je suis d’autant plus préoccupée par la situation en Afrique, car la tuberculose s’attaque aux voies respiratoires. Autrement dit, si les gens contractent en plus de ça le Coronavirus, ça peut leur coûter la vie. Nous devons penser à ce continent où le système de santé est plus fragile, c’est notre responsabilité. »

Andrea Coleman souligne également l’importance de la communication dans le processus de prévention : « C’est très difficile de leur faire remonter cette information, déclare-t-elle. Ils n’ont pas accès à un grand nombre de médias. Alors la seule façon qu’on a, c’est que nos collaborateurs leur distribue des tracts, affiches, les alertent sur les risques sans pour autant les faire paniquer. Plus que jamais, on saisit l’importance de leur travail sur le terrain, encore faut-il leur donner les moyens d’accéder à ces petits villages. Bien souvent, ils n’ont pas d’eau potable, ils doivent bien souvent aller la chercher, alors vous imaginez bien qu’ils vont se laver moins souvent les mains. En plus, ils n’ont pas de savon, pas de gel hydroalcoolique, pas de masques, pas de gants. Nous devons faire en sorte d’épauler nos collaborateurs pour qu’ils les soutiennent de quelconque façon. »

Pour Two Wheels for Life et son association Riders for Health, c’est en fait la deuxième fois qu’on est confronté à une crise de taille… « Avec la récession de 2008, nos financements avaient grandement diminué, malgré tout la collecte de fonds s’était poursuivie avec les courses, rappelle-t-elle. Là, c’est bien pire car notre sport est à l’arrêt et nous sommes complétement dépendants de la communauté MotoGP™. Nous ne savons pas de quoi l’avenir sera fait, y compris à notre niveau, en dépit de tous les efforts de Dorna Sports car les recettes sont très faibles. »

Andrea Coleman est toutefois consciente que les personnes qui donnent en temps normal sont très probablement elles aussi en difficulté… « En fait, je le vois de deux manières différentes. Je pense que le fait d’être exposé à un tel virus sensibilise davantage les gens sur ce que vivent les populations dans le besoin, comme celles que nous tentons d’aider, affirme-t-elle. Je pense qu’il y a d’un coup une réelle inquiétude vis-à-vis du continent africain, qui dispose d’un système de santé bien plus fragile comparé au nôtre. Un sentiment d’empathie se développe alors et on prend aussi conscience de l’importance de disposer de vaccins. »

Même si Two Wheel for Life n’a récolté que 5% du budget en mai, l’organisation s’efforce donc continuer sa mission. « Pas question de couper dans quoi que ce soit, même si ça devient plus compliqué de transporter les femmes enceintes à l’hôpital pour qu’elles puissent accoucher, de s’assurer que leurs enfants soient bien vaccinés, que les malades soient isolés et traités, tout en les informant sur le Covid-19, reconnaît-elle. Parallèlement nous travaillons avec d’autres organismes de bienfaisance, qui agissent également au niveau médical. »

Et l’organisme de charité tente de trouver d’autres moyens de récolter des fonds : « Nous essayons d’être présents sur les réseaux sociaux, à travers les courses virtuelles du MotoGP™ qui sont diffusées gratuitement, détaille-t-elle. Comme les abonnés n’ont pas à payer, nous faisons appel à leur générosité. Même un petit geste, ça aidera toujours. On espère atteindre les 10 000 / 20 000£  mais à vrai dire, on n’a jamais expérimenté ce processus auparavant. D’ordinaire, notre objectif est de proposer aux fans des expériences en lien avec le MotoGP™. Alors la semaine dernière, nous avons improvisé un coucher de soleil virtuel avec Suzi Perry, Danilo Petrucci, Maverick Viñales et Franco Morbidelli. C’est une manière certes un peu différente de vous rapprocher de vos idoles, mais nous explorons toutes les pistes. Par ailleurs, nous sommes en train de voir pour organizer un Day of Champions virtuels, et pour en avoir discuté avec la Dorna et différents membres du paddock, ils sont extrêmement favorables. Pas évident de mettre ça en place, sachant que toutes les équipes sont actuellement dispersées dans le monde. Nous sommes en train de voir ce qui pourrait être mis aux enchères, mais ça peut être quelque chose de sympa

« Et cet argent est surtout vital pour ceux qui œuvrent en Afrique. Ils ont besoin de nous et ils ne sont pas pris en charge, ça aura aussi des conséquences sur nous tous. Nous dépendons tous les uns des autres. Je sais que c’est dur pour tout le monde, mais nous n’attendons pas de vous une grosse somme d’argent. La vie est un combat auquel nous faisons tous face, alors la moindre aide sera appréciée. Nous nous devons de prendre soin de chacun, » concluait-elle

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