Ne jamais dire jamais, par Nick Harris

L’ex-commentateur du MotoGP™ évoque ces remontées quasi-improbables au classement après des blessures.

Écrire le dénouement de cette saison 2020 apparaît, à ce stade, un peu risqué… Certes, nous arrivons au mois d’août, mais 12 courses restent encore à disputer, l’équivalent de 300 points à distribuer. Fabio Quartararo (Petronas Yamaha SRT) a réalisé une superbe entrée en matière, mais le plus gros reste à venir, l’histoire l’a souvent montré.

En 1979, le tout fraîchement sacré Kenny Roberts avait été contraint d’assister à la victoire de son rival Barry Sheene depuis son lit d’hôpital, après une chute survenue au Japon durant les essais de présaison. Ses espoirs de conserver son trône avait quasi disparu jusqu’à son retour à la compétition, six semaines plus tard pour la seconde manche de la saison au Salzburgring. Ce jour-là, l’Américain s’imposait avec plus de six secondes d’avance sur Virginio Ferrari. Finalement, ce dernier allait parvenir à défendre son statut de n°1, bien que tout se soit joué sur la 12e et dernière manche au Mans. Ce jour-là, Kenny Roberts s’assurait d’une troisième place, alors que son adversaire triomphait. Et dire qu’il avait débuté sa campagne blessé.

13 ans plus tard, son protégé Wayne Rainey avait presque adieux à une troisième couronne d’affilée, alors que le Championnat du Monde débarquait à Assen pour le huitième round : une manche à laquelle il ne pouvait pas assister, puisque le pilote Yamaha était lourdement tombé en essais à Hockenheim. Mick Doohan, qui avait triomphé, avait alors un avantage de 65 points sur Wayne Rainey, à seulement six épreuves de la fin.

Oui mais voilà, vendredi après-midi, Mick Doohan allait se casser la jambe. À l’époque, j’étais Media Manager chez Rothmans Honda et j’ai assisté aux conversations avec l’Australien, qui décidait de se faire opérer sur place plutôt que de rentrer à Londres ou aux États-Unis pour gagner du temps. Mick pensait être de retour sous 15 jours en Hongrie, mais les choses ne se sont pas du tout passées comme prévu. Il lui aura fallu patienter sept semaines avant de revenir, sept semaines assez douloureuses et pour cause ! Il aura failli y laisser sa jambe. Pour ne prendre aucune risque niveau circulation sanguine, il aura dû rester coucher, tout en voyant son avance fondre au Championnat.

Mick Doohan retrouvait finalement sa Honda à Interlagos pour l’avant-dernière épreuve du calendrier, mais il n’était plus que l’ombre de lui-même, même si je n’ai jamais vu quelqu’un autant se démener pour tenter de ramener ne serait-ce un petit point… en vain ! Il échouait à la 12e place, tandis que son adversaire triomphait. Résultat, il ne possédait plus que deux petites longueurs d’avance à l’aube de la grande finale à Kyalami en Afrique du Sud.

La suite ? Vous la connaissez, Wayne Rainey remportera la couronne pour quatre unités, grâce à cette troisième position inscrite derrière John Kocinski et Wayne Gardner ; Mick Doohan ne faisant pas mieux que sixième au terme d’une prestation pourtant valeureuse. Mais ce n’était qu’une question de temps – on le savait – puisque deux ans plus tard, Mick Doohan allait empocher le premier de ses cinq titres consécutifs.

Fabio Quartararo arrive à Brno avec une avance de dix longueurs sur Maverick Viñales. Mais en l’espace de trois semaines, ces derniers enchaîneront trois courses ; soit 75 points mis en jeu. Marc Márquez (Repsol Honda Team) - actuellement pointé à 50 unités - aurait dû revenir, mais il a la possibilité de rattraper son retard. Regardez, deux semaines avant le coup d’envoi, Andrea Dovizioso (Ducati Team) se fracturait la clavicule ; ce qui ne l’empêchait pas de signer une troisième et une sixième place à Jerez. Tout le monde ne parlait alors que de ce contrat pas encore renouvelé. Et souvenez-vous Andrea Dovizioso avait terminé deuxième à Brno l’an passé, avant de s’illustrer au Red Bull Ring. Depuis quatre ans, la marque italienne y est d’ailleurs invaincue !

N’oubliez pas, ne jamais dire jamais en MotoGP™.

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