Commenter à l'époque de Rossi, par Nick Harris

L'ancien commentateur du MotoGP™ Nick Harris raconte comment il a vécu les deux décennies de Valentino Rossi en catégorie reine.

J'ai sauté dans un manège et je m’y suis accroché durant 17 années extraordinaires. Je n'avais absolument aucune idée de ce qui m'attendait, mais le timing était parfait. Je suis revenu à temps plein dans le paddock du MotoGP™ en 2000, après une aventure de six ans en Formule 1. Le Champion du Monde 125 et 250cc Valentino Rossi faisait à ce moment précis ses débuts en catégorie reine à Welkom. 89 succès en Grands Prix et sept titres mondiaux plus tard, Vale fait ses adieux au terme d’un inoubliable voyage.

Ces 20 dernières années, j'ai pu commenter les exploits de grands Champions. J'arrivais de la F1, où j'ai pu constater la vague médiatique que des pilotes comme Ayrton Senna et Michael Schumacher avaient générée dans le monde entier, mais rien ne m'avait préparé au phénomène Valentino Rossi. Je pense que personne n’a jamais douté de son talent, peut-être à part Casey Stoner dans ce premier virage à Jerez en 2011.

Le MotoGP™ a connu une période difficile à la fin des années 90, lorsque Mick Doohan et Honda dominaient. En Grande-Bretagne, ce sont même les titres de Champion du Monde Superbike de Carl Fogarty qui faisaient les gros titres.

D’un coup, tout le monde savait qui était le Docteur/le n°46/Vale. Ce jeune homme, qui venait de la côte Adriatique et qui faisait des courses de motos pour gagner sa vie, était devenu une star mondiale : un Champion du Monde charismatique, arrogant et amusant, qui a acquis le statut de véritable légende. J'ai tout simplement pris part à ce voyage et j'en ai apprécié chaque instant. En Grande-Bretagne en 2000, seuls 18 500 fans ont assisté à sa toute première victoire en 500cc. L'année suivante, la foule avait doublé, triplé trois ans plus tard et quadruplé quatre ans après.

J'ai commenté chacun de ces 89 triomphes et assuré l'intégralité des conférences de presse d'après-course… enfin presque. J'étais présent dans la cabine de commentateurs, mais j'avais perdu ma voix pour l'un des plus grands combats de tous les temps en 2008. C'était une bataille épique entre Valentino Rossi et Casey Stoner, qui m’avait laissé impuissant. Cette victoire est la deuxième plus belle de sa carrière, après celle de Welkom en 2004, pour sa première course avec Yamaha.

Vale était la seule personne que je connaissais dans le sport international qui pouvait régulièrement dire « F*** » en interview sans que personne ne lui dise d'arrêter. Beaucoup de ses passages en salle de presse m'ont marqué. J'adorais quand il gagnait un Grand Prix, parce qu'après un long week-end, j'avais juste à demander comment le GP s'était déroulé et je pouvais m'asseoir pendant qu'il détaillait chaque aspect. Bien sûr, certains entretiens ne se déroulaient pas aussi facilement. La plupart des pilotes n'aiment pas les obligations médiatiques du jeudi après-midi. Valentino Rossi ne faisait pas fait exception à la règle… mais parfois il se chargeait d'animer les débats. Je n'oublierai jamais les deux conférences de Sepang, où il s'est lâché sur Sete Gibernau et Marc Márquez. Avec lui, on s'ennuyait rarement.

Alors que je couvrais une cérémonie pour Yamaha à Phillip Island en 2017, je m'apitoyais un peu sur mon sort car il ne me restait que trois épreuves avant de tirer ma révérence. Sans que je le sache, Vale venait d'enregistrer un merveilleux message pour ma vidéo de retraite. Il est venu vers moi, a mis son bras autour de mon épaule et m'a dit : « P*tain, qu'est-ce que je vais faire sans toi, Nick, parce que maintenant je vais être le plus vieux du paddock MotoGP™. » Je suis sûr que c'est un statut qu'il ne sera pas triste de perdre ce dimanche.

Il n'existe aucun sport qui illustre mieux le besoin de changement et de progrès. En piste, la discipline se porte très bien, avec cette nouvelle génération de jeunes pilotes et de Champions du Monde qui lui assurent un bel avenir. Bien sûr, elle continuera d'évoluer sans Valentino Rossi, mais pour être honnête, je pense que le MotoGP™ ne sera jamais vraiment le même sans son Docteur.

Lorsque je suis arrivé à Welkom en 2000 en ce matin de mars, j'étais loin de me douter de ce qui m'attendait. Ce sont deux décennies de ma vie professionnelle que je n'oublierai jamais.

Ciao Vale et merci !

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