Pourquoi Bastianini s’est démarqué des autres Ducati ?

Notre rédaction analyse les points forts des différents packages à ce stade.

Malgré cette victoire d’Enea Bastianini (Gresini Racing MotoGP™), Ducati n’aura pas tout à fait connu les débuts escomptés au Qatar. À vrai dire, la marque de Bologne faisait parler d’elle dès vendredi avec son moteur, qui soulevait de nombreuses interrogations car jugé trop brutal. Les rouges ayant révélé avoir confié une spécification 2022 un peu différente à Francesco Bagnaia (Ducati Lenovo Team) et Jack Miller (Ducati Lenovo Team). Mais au-delà de ça, leur week-end virait à la catastrophe pour d’autres raisons.

Les problèmes rencontrés seraient attribués à cette GP22, moins réussie qu’au premier abord : beaucoup y allaient de leurs propres théories, même si en réalité les choses semblent un peu plus compliquées.

Francesco Bagnaia, Ducati Lenovo Team, Mandalika MotoGP™ Official Test

En tout cas, à l’issue de la pré-saison, on constatait clairement que ce surplus de puissance se retournait contre eux, puisqu’à partir du moment où leurs représentants réaccéléraient, ils ne pouvaient plus tourner correctement. Or la vitesse de pointe et la sortie de virage constituaient jusqu’à présent leur principal atout : un point fort dont ils n’étaient plus en mesure de profiter.

Durant l’ultime Test, Francesco Bagnaia revenait dans le même temps à l’échappement 2021. On était cela dit loin de se douter que Ducati testait alors une version hybride de son moteur 2022.

Fait intéressant, l’équipe Pramac a décidé de s’en tenir au modèle 2022, néanmoins pourvu d’une configuration différente au niveau de l’échappement. Le fameux didjeridoo, visible au plus bas de cette photo, a été définitivement écarté de toutes les GP22. Par contre, Jorge Martín (Pramac Racing) et les pilotes officiels disposent de la variante 2021 pour celui du dessus, à la différence de Johann Zarco (Pramac Racing) et de Luca Marini (Mooney VR46 Racing Team).

Michael Pirro, Ducati Lenovo Team, Mandalika MotoGP™ Official Test

Leur choix de poursuivre avec le moteur 2022 est intrigant car ça montre qu’ils croient davantage en son potentiel. Après, à ce niveau de la compétition, tout l’enjeu est aussi de trouver ce qui pourrait leur permettre de performer rapidement. Et perdre trop de points en début d’année, en tentant d’apprivoiser ce moteur 2022 pourrait leur coûter cher au Championnat…

Nous savons que les pilotes dotés du moteur 2022 ont procédé à de gros ajustements côté électronique, pour tenter d’adoucir la puissance délivrée et ainsi mieux tirer profit du traction control.

Cependant, ils ont également dû réajuster l’équilibre de la moto, en mettant plus de poids à l’arrière, de telle sorte à avoir plus de grip et à réduire cette sensation de patinage. Toute la question est de savoir à quel prix ? Dans la mesure où l’avant était une des forces de la GP21.

Au final, Enea Bastianini est peut-être content de ne pas avoir hérité d’une GP22 ! L’avantage de sa GP21, c’est qu’ils savent comment la régler. Sans compter que cette Desmosedici n’a pas vraiment un an d’âge, puisqu’en cours de saison des évolutions y avaient été apportées.

Enea Bastianini, Gresini Racing MotoGP™, Sepang MotoGP™ Official Test

D’autre part, la pré-saison d’Enea Bastianini aura juste ‘consisté’ à enchaîner les tours jusqu’à se sentir à l’aise : un programme bien éloigné de celui des pilotes officiels, qui avaient pour mission d’évaluer différentes pièces. Dans ces conditions, difficile de prendre ses marques.

Comme nous l'avons mentionné, cette sensation de confiance ressentie avec le train avant était une des qualités de la GP21. Francesco Bagnaia avait fait la différence en deuxième partie de saison, principalement grâce à ça. Or ce week-end, Pecco n’a jamais eu la même spécification d’une session sur l’autre. Autrement dit, ces derniers étaient encore en phase de test. Il a malgré tout admis que durant les FP4, il avait pu retrouver un bon feeling à l’avant. Mais qu’il avait eu du mal à se réadapter, compte tenu de la diversité des réglages préalablement expérimentés. Ceci expliquerait le fait qu’ils aient été globalement à « côté de la plaque » à Lusail.

Mais à quel point étaient-il loin du compte en course ?

Jack Miller (Ducati Lenovo Team), parti quatrième, a perdu six positions au départ et sa course s’est achevée après seulement six tours en raison d’un souci électrique. Son coéquipier Francesco Bagnaia aura lui aussi été contraint à l’abandon, dans des circonstances toutefois différentes. Auteur d’un envol relativement moyen, l’Italien se retrouvait 16e au terme de la première boucle. Sauf qu’il se sera fait piéger au 11e passage. Le n°63 tournait dans une fourchette située entre les 1’54.6 et 1’55.3. En comparaison, Pol Espargaró (Repsol Honda Team), qui n’avait personne devant lui, enregistrait des chronos allant de 1’54.5 à 1’54.9. Son rythme était donc loin d’être ridicule. Il paie juste ses qualifications et son mauvais départ, qui l’auront embourbé dans le trafic.

Francesco Bagnaia, Ducati Lenovo Team, Grand Prix of Qatar

En attendant, Francesco Bagnaia déclarait que cette version hybride était bien meilleure que la GP22 ; son retour aux avant-postes n’étant peut-être qu’une question de temps.

Ceci n’enlève en rien à la démonstration faite ce dimanche par Enea Bastianini !

Le natif de Rimini aura particulièrement été redoutable dans les sept derniers tours. S’il veut se battre au Championnat, il a néanmoins tout intérêt à prendre de l’avance, car les GP22 risquent de le rattraper en cours d’année…

Regardez les courses en Direct ou OnDemand, et profitez avec le VidéoPass, de tout le contenu motogp.com, qu’il s’agisse d’interviews, de sujets techniques… ou encore d’épreuves historiques.
Enea Bastianini, Gresini Racing MotoGP™, Grand Prix of Qatar