Doohan, partie 2 : « Pedrosa méritait un titre en MotoGP™ »

Mick Doohan évoque dans cette deuxième partie d’interview, les cas d’Andrea Dovizioso, de Dani Pedrosa et de Yamaha.

Que penses-tu d’Andrea Dovizioso ?
« Il est fort, mais une fois encore, on ne sait pas si la Ducati est aussi bonne face à la concurrence d’un week-end à l’autre. Andrea a officié chez Honda et Ducati et pendant longtemps il a eu du mal à accomplir de grandes choses. Depuis l’an dernier, il a réalisé quelques courses excellentes, mais pas suffisamment pour ravir le titre ou être régulièrement au-dessus de ses adversaires. C’est un bon gars, mais je ne sais pas s’il est assez fort pour rivaliser. »

Andrea Dovizioso a-t-il besoin que tout se passe bien pour gagner, alors que Márquez y parvient, peu importe la situation ?
« C’est ce que je pense. Marc peut courir sur n’importe quelle moto. Comme je le mentionnais précédemment, quand tout va bien pour certains d’entre eux, tout est plus serré. Dès lors que les écarts se creusent légèrement entre les machines, Marc fait la différence. Je crois que ce qui permet à des individus comme lui de sortir du lot. Ce fut également le cas pour d’autres, Dani Pedrosa. Lorsque tout va pour le mieux, il devient intouchable. Il en était de même pour Luca Cadalora, mais la course suivante... Andrea a progressé, mais il est encore hésitant sur ce point. Une fois de plus, je pense qu’il est devenu plus fort ces dernières années, mais aujourd’hui, on ne sait pas ce qu’il est en... est-ce la Ducati ? Selon moi, en le plaçant en concurrence face à Marquez, il n’est pas encore au niveau. »

Mick Dooan - Interview

Comment analyses-tu les difficultés rencontrées par Yamaha ?
« Décevant est un mot. Les Yamaha ont toujours été très fortes. Mais depuis la domination de Maverick en début de saison dernière, elles ont connu des hauts et des bas. Est-ce la M1 ? Comment en sont-ils arrivés là ? Je ne saurai pas dire exactement… Malgré tout on note une légère amélioration sur les dernières courses […] Dans l’histoire de la discipline, Yamaha a pourtant toujours figuré parmi les meilleurs constructeurs. Pendant longtemps, c’était d’ailleurs Honda face à Yamaha. Quand je suis arrivé chez Honda, la moto fonctionnait bien, mais d’une année sur l’autre, ils recommençaient à chaque fois d’une page blanche et je reconnais avoir un peu changé leur état d’esprit afin de maintenir un cap en termes de développement plutôt que d’apporter des changements drastiques ; chose que Yamaha fait encore beaucoup je pense… Au lieu de conserver les bonnes pièces et de mettre l’accent sur les mauvaises, je crois qu’ils repartent de zéro. Et lorsque vous tentez de retrouver une pièce, c’est terminé ! »

L’évolution de la Honda est-elle plus stable en raison de Marc Márquez ?
« Ils ont toujours eu des pilotes très forts, mais ils ont su rester proches de leur base disons, alors que dans le cas de Yamaha, Suzuki et Ducati, les variations sont parfois plus conséquentes. Il y a en quelque sorte plus d’homogénéité chez Honda […] Yamaha a depuis longtemps dans ses rangs Valentino Rossi, qui est un excellent pilote au-delà du fait d’être intelligent. Maverick est un jeune talent qui arrive, mais souvenez-vous de ce début de saison 2017. La moto semblait ultra compétitive et après ils ont eu plus de mal. Est-ce que c’est une question de mental, de moteur ou une autre chose ? Je ne sais pas. Je ne suis pas assez proche de l’équipe pour me prononcer. »

Mick Dooan - Interview

Le team officiel Ducati aurait-il dû se donner plus de temps avec Lorenzo ?
« Peut-être… À ce moment-là, la combinaison Jorge Lorenzo – Ducati ne portait pas vraiment ses fruits. Mais en fin de saison, la Ducati était de nouveau très rapide et Jorge tout autant. Il a commis quelques erreurs, en plus de ses blessures, mais qui sait… Là encore, je ne suis pas le dossier de suffisamment près. »

Quel regard portes-tu sur la décision de Dani Pedrosa de stopper sa carrière ?
« Dani va énormément nous manquer car il faisait partie intégrante de ce sport depuis si longtemps. C’est vraiment dommage qu’il n’ait jamais été sacré en catégorie reine, il le méritait amplement. Malheureusement il a souvent été blessé après avoir joué de malchance… Mais je pense qu’il a pris cette décision au bon moment et ce poste de pilote essayeur chez KTM est une belle opportunité pour lui. Je suis persuadé qu’il leur sera d’une grande aide. Mais le sport garde toujours de sa grandeur et en même temps ça permet à de nouveaux talents d’éclore. »

La notion de malchance existe-t-elle en MotoGP™ ?
« Oui, les choses vous sont parfois hors de contrôle. On entend souvent que vous pouvez être maître de votre propre chance en travaillant la préparation, mais s’il y a une chute devant vous, que vous glissez sur une trace d’huile ou que la moto coupe, l’entraînement ne fera rien, hormis limiter la casse. Vous avez besoin d’une part de chance car malheureusement le risque est bien réel dans les sports mécaniques… Et à la fois, s’il n’y avait plus du tout de risques, ça serait pas aussi excitant. »

Mick Dooan - Interview

As-tu été tenté de revenir ?
« Pour être honnête, juste après avoir arrêté oui. Mais il n’y avait rien de plus excitant que la course à mes yeux. Tu n’as pas la même adrénaline quand tu travailles pour un constructeur… Enfin peut-être que maintenant c’est différent. Alberto a vraiment un super poste, à vrai dire il a une telle façon de travailler. Les Japonais ont un grand respect pour lui et il peut faire la différence. Ceci étant, rien ne remplace la compétition pour moi. »

Découvrez dès demain, la troisième et dernière partie de cet entretien en compagnie de Mick Doohan.

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