Petrucci : « Je n’ai jamais baissé les bras ! »

Tout juste remis de ses émotions, Danilo Petrucci nous a accordé un entretien dans lequel il revient sur son parcours et ce premier succès.

Cette victoire s’est longtemps laissée désirer pour Danilo Petrucci (Mission Winnow Ducati). Mais après 124 départs, cette dernière s’est enfin offerte à lui… et sur le plus magique des circuits aux yeux d’un Italien : le Mugello ! Le transalpin, promu au sein du team officiel depuis cette année, revient pour motogp.com sur ce GP Oakley d’Italie en émotions, tout en évoquant son parcours quelque peu atypique, qui a rendu ce moment encore plus beau.

Raconte-nous cette manœuvre décisive portée à l’entame du dernier tour.
« Nous avions fait quasiment toute la course ensemble, alors je savais parfaitement qu’ils pouvaient me doubler dans l’avant-dernier passage. Mais je me sentais prêt à répliquer, sachant que j’étais toujours assez fort en entrée de courbe. Je pense même que j’aurais pu les attaquer dans le dernier tour au cas où. Ne pouvant rivaliser à l’aspiration, je me suis dit que j’allais soigner mon freinage. La seule chose à faire était de bien rester coller à eux et d’espérer un petit écart. Fort heureusement, les deux ont tiré un peu large et j’en ai profité pour m’engouffrer à l’intérieur. Je le répète, ça m’ennuie qu’Andrea se soit retrouvé pris en sandwich. Dans l’histoire, c’est lui qui a été le plus pénalisé, mais il y avait un espace et si Marc ne s’était pas lui-même raté, il n’y aurait pas eu de problème. »

Tu as un parcours assez hors du commun. Penses-tu que cette victoire aura l’effet d’un déclic ?
« J’aurais aimé avoir un parcours un peu plus traditionnel, mais ça n’a pas été le cas. À un âge où beaucoup commencent déjà les mini-motos, mon père craignait que je sois traumatisé par cet univers très ‘concurrentiel’. Du coup, j’ai débuté avec le trial, comme ça j’étais seul face à moi-même et puis je suis passé au motocross, une discipline déjà plus proche des courses de vitesse. Mais j’ai toujours eu ce désir de me mesurer aux autres ! Finalement les années ont passées… Étant trop grand pour me lancer dans le schéma Moto3™ - Moto2™, j’ai migré vers les motos de série. Avec du recul, beaucoup croyaient certainement que je ne gagnerai jamais une course MotoGP™. Le seul à avoir été persuadé du contraire, c’était moi ; bien que je me sois souvent remis en question. Comme dans le cas de Cal, je n’ai jamais baissé les bras et j’ai prouvé qu’avec beaucoup de détermination, on pouvait triompher, sans pour autant suivre la filière classique. Cette victoire m’a certainement soulagé d’un poids, car j’ai eu la confirmation que je pouvais être compétitif. Je veux désormais continuer sur cette lancée tout au long de la saison. »

Qu’as-tu appris ce dimanche et comptes-tu revoir tes attentes après un tel succès ?
« Ça faisait si longtemps que j’attendais cette victoire. Déjà en 2017, j’avais eu quelques opportunités, mais à chaque fois, je m’étais fait battre sur le fil. Alors là, le fait de triompher, comme ça au Mugello, pour ma première année en tant que pilote officiel Ducati, c’est juste magique. À ce niveau de la compétition, il est plus facile de commettre une erreur que de faire des miracles. Ce dimanche, j’ai juste voulu abattre mes cartes et profiter du moment. Nous sommes au plus fort de la saison, il ne s’agissait pas d’une ultime épreuve, lorsque tout est déjà joué. Et le fait s’avoir bien su gérer la pression me procure une certaine satisfaction. Je pense que cette victoire a changé quelque chose en moi en termes de prise de conscience. Mes attentes ne changent pas pour autant. »

Tu as dédié cette victoire à Andrea… Cette victoire a-t-elle changé quelque chose à votre relation ?
« Je ne pense pas que ça ait changé quelque chose à notre relation. Nous venons d’ailleurs de dîner ensemble, après une journée d’entraînement à motocross. Il n’y a qu’une seule place sur la plus haute marche du podium, c’est la dure loi de notre sport. Ça ne va pas dire pour autant que l’amitié et le respect sont impossibles entre deux pilotes. Oui il voulait gagner et au lieu de ça, il perd des points sur Marc. Difficile de se satisfaire d’une troisième place, mais il était vraiment content pour moi. Je comprends ce qu’il a pu ressentir sur le moment, car je l’ai moi-même vécue. Le Mugello a toujours été une course spéciale, surtout quand on est Italien et qu’on court chez Ducati. Comme je l’ai dit, mon objectif était de gagner au minimum une course et Andrea m’a toujours soutenu. Maintenant à moi de l’aider pour qu’il puisse atteindre le sien. »

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