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2020-01-10
By Paddock-GP

Tour d’horizon des francophones du paddock : C. Bourguignon

Coup de projecteur sur celui qui exerce, depuis 2015, les fonctions de chef mécanicien auprès de Cal Crutchlow chez LCR Honda Castrol.

Comment avez-vous attrapé cette passion des sports mécaniques ?
« C'est une longue histoire… Mon père faisait des courses auto en Belgique, j'ai donc goûté aux sports mécaniques dès le début. Je crois que j'ai reçu ma première moto, une Italjet, à cinq ans ! »

Décrivez-nous les grandes lignes de votre parcours.
« J'ai commencé par le motocross en Belgique : du stade amateur jusqu'au Championnat de Belgique de motocross FMB, où je me suis vite trouvé limité par les finances et les performances. Fin 1988, j'ai donc fait le choix de travailler comme mécanicien pour les frères Seel, alors engagés en Grand Prix 125 - toujours dans le milieu du motocross, puis j’ai suivi durant deux ans Marnicq Bervoets en 250cc. En 1992, Sylvain Geboers, qui était à l'époque responsable de Suzuki en motocross et de Kayaba Europe, m’a ensuite proposé de travailler pour les suspensions Kayaba en vitesse. Après réflexion, j'ai fini par franchir le pas. De 1992 à 1999, j’ai ainsi pu collaborer avec des teams comme Suzuki Lucky Strike en 500cc, Tech3 ou encore Gilera ; ce qui m’a permis de côtoyer de superbes pilotes, de Kevin Schwantz, aux Alex Barros, John Kocinski sans oublier Daryl Beattie, Scott Russel, Olivier Jacque, Shinya Nakano… mais aussi la crème des techniciens. Je peux vous dire qu’on en apprend tous les jours quand on est assis à côté de gars tels que Stuart Shenton, Hamish Jamieson et Guy Coulon ! Après je suis passé chez Öhlins en 1999. J’y ai travaillé sur les Yamaha 500 cm³, les Proton du team Roberts, les Red Bull Yamaha et une meute d'Aprillia 125 / 250, avec des pilotes comme McCoy, Haga, Roberts, Mc Williams, Laconi, De Puniet… C'est aussi là que j'ai rencontré mon actuel patron, Lucio Cecchinello. Fin 2001, Peter Clifford m’a par la suite offert le poste de chef mécanicien pour Garry McCoy en 500cc et deux saisons plus tard, l'équipe WCM décidait de construire sa propre moto, avec la collaboration de Harris Performance en Angleterre. J'ai été impliqué dans presque tous les domaines techniques. C'était un grand défi, une fantastique expérience pour moi. La tâche était presque impossible, mais nous l'avons accomplie avec tout le succès que nous connaissons, avant de passer chez Kawasaki en 2004 - 2005 avec Alex Hofmann et Randy de Puniet en 2006 - 2007. Ensemble, nous avons rejoint LCR début 2008 et j’y suis resté. Je m’y suis occupé de Toni Elias en 2011, Stefan Bradl de 2012 à 2014 et Cal Crutchlow depuis 2015. »

Quels sont les moments les plus difficiles auxquels vous avez dû faire face ?
« Il y en a eu (rires) ! Peut-être ma saison 2011 avec Toni Elias. Après, c'est dur à évaluer, parce qu'en compétition il faut se mettre des objectifs assez hauts pour conserver sa motivation. Tout en étant réaliste, j’imagine que les choses se passent au mieux, donc forcément, il y a parfois quelques déceptions. Ça fait partie du jeu… »

À l’inverse, y a-t-il eu des moments particulièrement forts, au point de vous tirer des larmes de joie ?
« C'est rare que je me mette dans un tel état, ou du moins en public (rires). Ma meilleure récompense, c'est le respect que je peux gagner auprès du paddock. Certaines personnes ont conscience de notre travail, connaissent les sacrifices que l'on doit faire. Donc être entouré de ces gens qui sont soudés autour de notre projet m'apporte la plus belle des satisfactions. Bien sûr, chaque victoire ou podium, c'est toujours un coup de boost partagé. Me retrouver avec mes gars et mon pilote, avec ce sentiment du devoir accompli : ce sont ces moments-là qui me font vibrer ! Ça aide à se relever le lendemain matin pour remettre les choses en jeu. Et puis j’ai de la chance d’avoir rencontré le team de Lucio. Tous ensemble, on a su monter une belle équipe avec du matériel très performant, un staff technique au niveau des structures officielles tout en étant une jolie bande de potes et attiré un chouette pilote, Cal. Je crois que c'est ma 12e saison avec Lucio et il y a toujours eu un très grand respect entre chacun de nous, du chauffeur de camion aux pilotes, en passant par le team manager... En compétition, c'est bien de gagner des courses mais il nous arrive aussi parfois de galérer et dans ce cas, c'est important de se sentir unis. »

Quel bilan dressez-vous de cette saison 2019 ?
« En tant que team satellite, ce que nous visons ce sont surtout les podiums. Cette année, nous avons atteint cet objectif à trois reprises, je pense donc que nous pouvons être satisfaits, surtout que la saison avait débuté avec un grand point d'interrogation concernant la blessure de Cal. Après, il y a toujours un petit goût amer, car on sait qu’il y avait un moyen de faire encore mieux. Mais parfois, ça ne tourne pas comme souhaité, comme par exemple en Argentine où on aurait pu inscrire un podium sans ce "faux-faux-départ". La gestion des chutes auraient également pu être mieux maitrisée, certaines auraient peut-être même pu être évitées, en privilégiant d’autres réglages ou pneus, mais bon c’est la course et on apprend de ses erreurs. Quoi qu’il en soit, le bilan reste très positif. On était performants à presque chaque week-end. Et puis il faut dire que Cal est du genre à tout donner quand il sent le podium à sa portée. C’était un pilote de la sorte dont nous avions besoin. Cal fait partie, je dirais, des huit noms à pouvoir rivaliser devant. » 

Crutchlow... Comment se sent-il pour son retour en piste ?

Quelles sont les perspectives pour 2020 ?
« Aujourd'hui, Cal est toujours handicapé par sa blessure à la cheville : sur certains virages, il a un peu du mal avec le frein. Alors espère que ça va s’améliorer, d’autant plus qu’il y a de plus en plus de pilotes rapides en face. Qu’il s’agisse de Fabio Quartararo, Franco Morbidelli, Joan Mir ou Álex Rins… il faut désormais compter sur eux tous les week-ends. Du coup, un GP où on n’est pas bien, on dégringole facilement entre la huitième et 12e position. Nous devons donc redoubler d’efforts pour saisir la moindre opportunité. Il a la vitesse, la moto et une superbe équipe derrière lui pour y arriver. Reste à tout réunir. Et puis humainement, il apporte tellement à l’équipe, c’est en quelque sorte notre leader. Bref si Cal est en forme et si ‘Beef’ met la main sur de bons set-ups, ça sent le podium ! (rires) »