Tour d’horizon des francophones du paddock : Jacques Hutteau

Focus sur Jacques Hutteau, consultant technique pour Total-Elf en Grands Prix et WorldSBK.

Comment avez-vous attrapé cette passion des sports mécaniques ?
« Paradoxalement, quand j'étais gamin, j'étais beaucoup plus intéressé par les voitures, je les collectionnais et je rêvais que d’une chose : devenir pilote automobile. Mais j'ai commencé à faire du deux-roues et ça m'a plu. La compétition, elle, est venue tout à fait par hasard en rencontrant un mécanicien qui vendait sa moto de course, une 125 Motobi. Ma maman m'a permis de l'acheter et je me suis retrouvé à Montlhéry pour commencer la compétition. »

Décrivez-nous les grandes lignes de votre parcours.
« J'ai disputé ma première course en Championnat de France en 1967. Dix ans plus tard, je rejoignais ensuite les Grands Prix, que j’ai finalement délaissés en 1988 pour travailler à l’IRTA. Et puis en 1998, j’ai été recruté par Elf ; entreprise que je représente toujours. Entre-temps, j'ai entre autres collaboré avec la télévision, mais également avec le Salon de la Compétition à Paris. Je continue de même à écrire dans la revue Sport-Bikes où je tiens une chronique. Ça représente pas mal d'activités annexes, toujours étroitement liées à la compétition moto : cette passion ne me quitte jamais ! »

Quels sont les moments les plus difficiles auxquels vous avez dû faire face ?
« J'ai connu quelques moments difficiles à l’époque où je courais en tant que privé. Mon chef-mécanicien n’était autre que mon épouse Léonie, on n’avait pas énormément de moyens. Malgré tout, on était bel et bien conscients de la chance qu’on avait de partager la piste avec les plus grands ! Après on y a aussi perdu beaucoup de copains, car les circuits n’étaient pas aussi sécurisés qu’aujourd’hui. Fort heureusement, de gros progrès ont été faits depuis dans ce domaine. Ça n’a pas été évident non plus quand j’ai intégré l’IRTA. Par contre, ce fut une période très instructive. » 

À l’inverse, y a-t-il eu des moments particulièrement forts, au point de vous tirer des larmes de joie ?
« J'ai eu plusieurs carrières successives et chacune d'entre elles m'a apporté son lot de joies, mais d'une façon générale, je reconnais que mes plus grandes émotions ont été générées par des victoires françaises. J'ai beaucoup d'affection pour la majorité de nos compatriotes, alors forcément je suis toujours ravi de les voir briller. »

Quel bilan dressez-vous de cette saison 2019 ?
« Ces quatre dernières saisons, nous avons fourni du carburant à de nombreux clients en Moto3™, Moto2™ et MotoGP™, tout en assurant un constant suivi. C’est mon travail, d’où ma présence sur les Grands Prix. Cette année, le groupe Total m’a permis de tous les faire, ce que j’ai énormément apprécié car ça m’a permis de poursuivre le relationnel avec toutes les équipes. 2019 a donc été une très belle année, d'autant qu'à côté de ça, nous avons découvert un talent exceptionnel en la personne de Fabio Quartararo. Durant un moment, nous n'avions plus qu'un seul pilote français, toutes catégories confondues, mais fort heureusement Johann Zarco est revenu dans le jeu pour la fin de saison et 2020. »

Quelles sont les perspectives pour 2020 ?
« Nous ne fournirons malheureusement plus de carburant, ni en Moto2™, ni en Moto3™. En revanche, nous continuerons de travailler avec certaines teams MotoGP™. N'oublions pas non plus le WorldSBK, où nous avons beaucoup de clients. Sur le plan extra-professionnel, je suis beaucoup attaché à nos deux tricolores. J’espère qu’ils brilleront, mais aussi que le renouveau arrivera bientôt. On a des jeunes qui courent en Red Bull MotoGP Rookies Cup et le prometteur Lorenzo Fellon en Championnat du Monde Junior FIM Moto3™. Ce dernier sera dans une très bonne écurie : on compte donc sur lui, car il est vrai qu'en regardant autour de nous, il n'y a hélas pas beaucoup de monde pour le moment. »