Tour d’horizon des francophones du paddock : Michaël Rivoire

Michaël Rivoire, technicien Racing Service pour Shoei, vous décrit son quotidien au sein du paddock.

Comment avez-vous attrapé cette passion des sports mécaniques ?
« Aucune idée ! Gamin, je n'avais pas les moyens d'acheter les magazines. En revanche, je voyais mes potes se balader sur leur "brêlon" et forcément, quand on m'en a prêté un, je n'ai pas pu faire autrement que de me tirer la bourre. Je pense que ça a démarré comme ça, façon Joe Bar Team mobylette. L'attrait de la compétition est venu beaucoup plus tard. Certains de ces copains sont partis en Championnat de France Promosport ou en Endurance, et c'est en allant sur le Bol d'Or avec Pierre Chapuis en 1997, que je me suis dit que je pourrais travailler dans ce milieu. »

Décrivez-nous les grandes lignes de votre parcours.
« Je suis donc monté au Salon de la Moto en 1997 et j'ai fait le tour des stands. J'ai eu la chance d'être tout de suite embauché par Shoei. J’y ai d’abord fait office de représentant, mais comme j'avais des connaissances en Sport / Endurance, ils m'ont de suite demandé de leur couvrir la Hornet Cup et la CB Cup avec qui on avait un partenariat. Durant dix ans, j’y ai ainsi assuré comme une sorte de mini Racing Service. Par la suite, on a ouvert un vrai Racing Service en Endurance, en FSBK, ainsi que sur la manche française du WorldSBK. Au Salon de la Moto 2007, le patron japonais me demande alors si je suis prêt à travailler plus et gagner moins, mot pour mot ! (rires) J'ai répondu oui et courant 2008, je partais à l'usine au Japon et commençait mes premières formations sur le travail des casques. Depuis 2009, je suis donc à part entière dans le paddock. »

Quels sont les moments les plus difficiles auxquels vous avez dû faire face ?
« Pour moi, il n’y a pas photo : Misano 2010 (ndlr: Shoya Tomizawa). C’était il y a longtemps certes, mais ça reste dans les mémoires… Après, toutes les fins de saison sont physiquement difficiles. Ce n'est pas une passion, c'est une addiction : on est fatigués, et parfois je n'ai qu'une envie, m'allonger dans mon canapé. »

À l’inverse, y a-t-il eu des moments particulièrement forts, au point de vous tirer des larmes de joie ?
« Comme je vous l'ai dit, on arrive à Valence fatigués mais ce matin-là, je me suis réveillé tout excité, à l’idée qu’Alex (Márquez) roule pour la toute première fois sur une MotoGP™. Cette excitation-là, je l'ai eu quand Bradley (Smith) est arrivé dans la cour des grands, même chose avec Marc (Márquez), bref à chaque fois qu’un de mes pilotes grimpe dans une nouvelle catégorie. »

Quel bilan dressez-vous de cette saison 2019 ?
« Nous avons inscrit trois titres : un en MotoGP™ avec Marc Márquez, un second en Moto2™ avec son frère Álex et un troisième en WorldSSP avec Randy Krummenacher… Sachant qu'en Moto2™, si ça n'avait pas été Álex, ça aurait pu être Tom (Lüthi). Même chose en WorldSSP, car Jules (Cluzel) n’était pas très loin non plus. D'une manière générale, je suis donc assez content de mes pilotes, tous s'en sortent plutôt pas mal. Ça c'est pour le côté positif. Je suis en revanche un peu déçu pour Can Öncü, c’est un gamin tellement adorable. Mais par chance, il va pouvoir rebondir la saison prochaine en WorldSSP. »

Quelles sont les perspectives pour 2020 ?
« On ambitionne toujours le titre MotoGP™ avec Marc Márquez. En Moto2™, notre fer de lance y sera Tom Lüthi, avec pourquoi pas un combat face à Fabio Di Giannantonio. Enfin, en Moto3™, on espère de bons résultats de Kaito Toba avec la KTM. On va aussi voir arriver Yuki Kunii, Jason Dupasquier… et Denis (Öncü) chez les amis de Tech3. Côté WorldSSP, j'aimerais bien que Jules Cluzel gagne enfin son titre. J’en ai un peu marre de peindre ses casques en or pour les remballer derrière (rires). Il le sait hein, je me suis permis de lui dire (rires). En termes de compétition, voilà. Après, pour Shoei, nous aurons un nouveau camion pour remplacer l’actuel, après 12 ans de bons et loyaux services. Ce sera une nouvelle maison pour moi, un nouvel espace d'accueil pour tous les pilotes et tous les gens qui ont l'habitude de venir ici ! »