Comme le bon vin, ça valait le coup d’attendre

Nick Harris, ex-commentateur du MotoGP™, revient sur ces deux premiers succès en MotoGP™ de Fabio Quartararo.

On m’a toujours dit qu’un vin était meilleur à déguster après avoir attendu quelques années. Le laisser porter à maturité pour pouvoir mieux l’apprécier en quelque sort… un peu comme pour Fabio Quartararo (Petronas Yamaha SRT) finalement.

En 2014, certains medias français annonçaient déjà avoir trouvé le digne successeur de Valentino Rossi (Monster Energy Yamaha MotoGP), un pilote pouvant porter haut leurs couleurs en mondial, que cette longue période de disette avait pris fin. Et j’imaginais très bien ce qu’ils pouvaient ressentir. Après tout, plus aucun britannique n’avait plus triomphé en catégorie reine depuis 33 ans. La dernière victoire d’un pilote tricolore datait quant à elle de Valence 1999 avec Régis Laconi.

Fabio Quartararo venait d’avoir 15 ans et j’avoue qu’il m’avait fait déjà forte impression. Il avait gagné la course du Championnat du Monde FIM Moto3™ Junior, il était en route pour un deuxième titre. En conférence de presse, j’avais tenté vainement d’aligner quelques mots de français pour qu’on puisse communiquer. Mais je dois dire que dix mois plus tard, quand il faisait son arrivée en mondial, son niveau d’anglais s’était grandement amélioré. Il avait encore 15 ans, le monde à ses pieds et quelle course il nous offrait au Qatar !

Cet adolescent terminait septième, à seulement huit dixièmes du vainqueur Alexis Masbou. Deux semaines plus tard, il grimpait ensuite sur le podium à Austin, enchaînait sur deux poles à Jerez et au Mans. Cet élan popularité qui l’entourait prenait tout son sens. La seule question était de savoir quand est-ce qu’il allait décrocher sa première victoire. En tout cas, ce ne fut pas en Moto3™. Toutes ces jolies promesses s’évaporaient en effet avec ces blessures et ces motos pas forcément au niveau désiré ; même si au fond, il y avait toujours cette petite étincelle.

Après deux ans, le grand Fabio faisait son ascension en Moto2™ dans le team de Sito Pons, un homme respecté au sein du paddock pour sa grande expérience. Je me souviens, il m’avait dit que Fabio avait un énorme talent, un bel avenir devant lui, malheureusement cette collaboration s’achevait en fin de saison, faute d’avoir porté ses fruits. Ce fut un tournant dans sa carrière, jusque-là en pleine ascension. Mais soudainement ‘El Diablo’ allait retrouver confiance sur la Speed Up et se produisait alors ce carton plein à Montmeló, avec pole position, meilleur tour et victoire. Un moment tant attendu, suivi d’un second podium à Assen. Le Niçois terminait ainsi cette campagne 2018 au dixième rang.

Malgré ce regain de forme, je reconnais avoir été surpris, comme beaucoup d’autres, quand le tout nouveau team Petronas Yamaha SRT l’a officialisé aux côtés de Franco Morbidelli. Sauf qu’en réalité ils savaient parfaitement ce qu’ils faisaient. Fabio se révélait véritablement avec six poles, sept podiums, ce titre de Rookie of The Year et cette cinquième place au Championnat. En fin de compte, il ne lui manquait que ce premier succès dans la cour des grands, qui arriva le week-end dernier à Jerez. Mieux encore, il récidivait une semaine plus tard, dans des conditions ô combien difficiles, tant pour les machines que pour les pilotes.

Mais comme pour le bon vin français, ça valait le coup d’attendre ! Et je suis certain que ça n’est qu’un début. En attendant, je lève mon verre à ces journalistes français, qui avaient eu du nez six ans plus tôt. Ça a juste pris un peu plus de temps que prévu…

Regardez les courses en Direct ou OnDemand, et profitez avec le VidéoPass, de tout le contenu motogp.com, qu’il s’agisse d’interviews, de sujets techniques… ou encore d’épreuves historiques.