Les enjeux de ce GP d’Europe par Randy Mamola

La légende du MotoGP™ nous livre son point de vue sur les éléments qui seront au centre de l'attention ce week-end à Valencia.

Nous voilà repartis pour une nouvelle série de « points clés » à analyser en amont de ce GP d’Europe ! C’est mon avant-dernière analyse de la saison et je suis très impatient de suivre la fin de ce Championnat avec Joan Mir (Team Suzuki Ecstar) en tête et son coéquipier Alex Rins (Team Suzuki Ecstar), avec ses 32 points de retard. Cela nous fait donc un total de six pilotes séparés par seulement 32 points et croyez-moi, ils sont tous après Mir et tout se jouera au cours de ces trois dernières épreuves. Les deux manches de Valence coup sur coup promettent d’être passionnantes car c’est ici que tout commence vraiment.

LE VIRAGE N°4

Je voulais parler de ce virage parce qu'il piège bon nombre de pilotes chaque année, toutes catégories confondues. Pourquoi ? Tout simplement parce que le Circuit Ricardo Tormo compte 14 virages, dont neuf à gauche, qui sont très agressifs et se prennent avec beaucoup de vitesse et d’appui sur le côté gauche, ce qui signifie qu’ils font monter les pneus en température. Sur le côté droit en revanche, le pneu n'est mis en contrainte que cinq fois sur la longueur d’un tour. L'une des raisons pour lesquelles les pilotes tombent au virage 4 est que la dernière fois que leur pneu a touché le côté droit remonte au virage 12. Ensuite, il y a les virages 13 et 14 qui se prennent à gauche, une longue ligne droite, puis les virages 1, 2 et 3 également à gauche, avant d'entamer le virage 4. Le pneu se refroidit pendant 45 secondes et, au mois de novembre, la température ambiante peut être assez fraîche, donc si l’on est pas assez prudent en début de tour, on peut se faire surprendre très facilement. 

L’autre virage piégeux est le virage 10. De la même manière, après les virages 4 et 5 qui se prennent à droite, le pilote emprunte les courbes 6, 7, 8 et 9 sur la gauche, avant d’entrer dans la chicane des virages 10 et 11 où ils se font souvent piéger. Cela s’explique encore une fois par ce faux sentiment d’adhérence ressenti du côté gauche, car les pneus montent vraiment en température quelle que soit la température ambiante en raison des particularités de la piste.

Gardez donc les yeux rivés sur les virages 4 et 10 tout au long du week-end. Si la température globale augmente, il y aura moins de risques de chutes, mais même les meilleurs pilotes peuvent parfois être pris au dépourvu. Si j’étais à la tête d’une équipe, je laisserais clairement un message à l’attention du pilote indiquant « Attention aux virages 4 et 10 ».

DUCATI

Ducati peut-elle se relancer dans la course au titre ? Après deux épreuves très difficiles en Aragon, Ducati conserve toutefois une chance de remporter le Championnat en arrivant à Valence, bien que ce soit avec 28 points de retard pour Andrea Dovizioso (Ducati Team). Ils doivent combler cet écart en remportant des courses ou au moins en montant sur le podium. Valence, en outre, n'est pas l’un des circuits de prédilection de Ducati, mais l'année dernière, Jack Miller (Pramac Racing) y a terminé troisième et Dovizioso quatrième, tous deux à seulement trois secondes du vainqueur Marc Márquez (Repsol Honda Team). Ils avaient aussi battu la Suzuki d'Alex Rins, en cinquième position. Il sera intéressant de voir ce que Ducati peut faire et s'ils parviennent à se débarrasser de ce mauvaises feeling avec le pneu arrière. Ils n'ont rien à perdre et tout à gagner. Je suis très curieux de voir non seulement Miller et Dovizioso, mais aussi Bagnaia (Pramac Racing) et Zarco (Esponsorama Racing) en piste pour voir ce qu'ils sont capables de faire. Le premier indice de performance sera de savoir si l'un des six pilotes Ducati peut se qualifier directement en Q2 à l’issue des trois premières séances libres.

LES YAMAHA D’USINE VS. LES INDÉPENDANTS

C'est Yamaha qui a remporté le plus grand nombre de victoires en 2020 jusqu'à présent, avec en tout six victoires : trois grâce à Quartararo (Petronas Yamaha SRT), deux grâce à Morbidelli (Petronas Yamaha SRT), les deux seuls pilotes du Championnat à avoir gagné plus d'une course en 2020, et enfin, une grâce à Maverick Viñales (Monster Energy Yamaha MotoGP). Ces pilotes sont tous en lice pour la couronne MotoGP™ cette saison et il sera vraiment intéressant de voir lequel d'entre eux sortira vainqueur de la lutte pour la place de meilleur Yamaha. Le seul homme que je n'ai pas mentionné ici est Valentino Rossi. Il vient d’être déclaré apte à rouler mais a manqué plusieurs épreuves importantes après avoir contracté la Covid-19. En attendant son retour, Garrett Gerloff a fait un excellent travail en tant que pilote remplaçant ce vendredi.

STRATÉGIE D’ÉQUIPE CHEZ SUZUKI

Y aura-t-il une stratégie d’équipe au sein du clan Suzuki ? Certainement pas. Avec Alex Rins qui accuse un retard de seulement 32 points sur son coéquipier Joan Mir, actuel leader du Championnat et un total de 75 points à prendre au cumul des trois épreuves, tout est encore possible. Bien entendu, la meilleur chance de titre pour Suzuki reste entre les mains de Mir, mais Rins compte à son actif trois victoires en catégorie reine, dont une récemment au Grand Prix d’Aragón. L’équipe Suzuki a su se montrer incroyablement performante, particulièrement lors des deux manches sur le tracé d’Alcañiz et ils chercheront à faire de même à Valence. Les choses pourraient ensuite changer à l’approche de la manche Portugaise, en fonction de l’issue des deux courses de Valence, mais pour l'heure, il n'y aura pas de consignes d'équipe chez Suzuki. Quoi qu'il arrive au cours trois dernières courses, il est tout simplement formidable de voir Suzuki se battre à nouveau pour un titre de Champion du Monde, leurs deux pilotes ont vraiment été au rendez-vous cette année.

VERS UN AUTRE NOUVEAU VAINQUEUR ?

Oserais-je lancer les paris sur un autre vainqueur différent en 2020 ? Cela nous donnerait ainsi neuf vainqueurs différents au cours d’une même saison. Regardez attentivement la liste des pilotes qui se sont battus aux avant-postes et sont montés sur le podium cette année, mais qui n'ont pas encore gagné. Ils ont tous une chance de gravir la plus haute marche du podium au cours des deux prochaines semaines. Il s'agit de Joan Mir, Jack Miller, Pol Espargaró, Valentino Rossi, Álex Márquez, Takaaki Nakagami, Francesco Bagnaia et Johann Zarco.

Croyez-moi, il y a aussi quelques autres concurrents qui n'ont pas encore goûté au podium cette année et qui pourraient facilement gagner une course également. Mais il faut dire qu'avec six podiums à son actif en 2020 et sa place de leader au Championnat du Monde, s'il devait y avoir un numéro neuf, le candidat le plus probable serait sans conteste Joan Mir. Qu’en pensez-vous, si ce n'est pas Joan Mir, qui pourrait être le neuvième pilote à l’emporter cette année ?

À vos paris ! En attendant profitez du spectacle et rendez-vous en fin de saison à Portimao pour la dernière série de « points clés » de cette saison 2020 palpitante.

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