Le rythme de vie, par Nick Harris

Dans cette ultime chronique, l’ex-commentateur du MotoGP™ met à l’honneur deux pilotes qui quittent la grille : Dovizioso et Rabat.

Rien ne peut arrêter le rythme effréné de la vie, pas même les pandémies et le MotoGP™ est sans doute le mieux placé pour en parler. Je n’y croyais pas. Je me remettais à peine de mes émotions que 24 heures après le GP du Portugal, la liste des engagés 2021 était déjà dévoilée. Le calendrier provisoire avait été publié il y a quelques mois et après tous ces incroyables efforts pour mener à bien cette campagne 2020, nous faisions déjà route vers 2021. J’aurais dû réaliser à quel point les choses avaient changé le jour où Bradley Smith m’a annoncé qu’il avait signé pour KTM. Sur le moment, je n’ai pas saisi vu qu’il courait pour Tech3… Sauf qu’il parlait en réalité de 2017, soit dans plus d’un an. C’est ce qui s’appelle de l’anticipation. Mais aujourd’hui, c’est devenue monnaie courante pour ne pas dire la norme. Il est bien loin le temps où on décidait des plans quand une nouvelle saison débutait.

Avant toute chose, il y avait les vacances en famille. Ensuite on commençait à préparer les déplacements et venait l’entrylist. À chaque fois, on se pressait pour découvrir qui y figurait ou pas. De nos jours, il n’y a plus aucune surprise. Je savais déjà les noms de ceux qui la composaient et l’absence de deux d’entre eux me rend particulièrement triste. Deux garçons au caractère radicalement différent avec qui j’ai apprécié de travailler : Andrea Dovizioso (Ducati Team) et Tito Rabat (Esponsorama Racing).

La grille perd quelque peu de son charme sans le calme, amical et talentueux Andrea Dovizioso. Triple vice-Champion du Monde, il a permis à Ducati de retrouver les sommets. Et c’est un pilote qui a suivi la filière traditionnelle. Sacré en 125cc, puis dauphin de Jorge Lorenzo en 250cc, il roulait en MotoGP™ depuis 2008. Ces 15 victoires ne lui auront malheureusement pas suffi à empocher cette couronne qu’il aurait pourtant tellement méritée. À trois reprises, il terminera derrière Marc Márquez (Repsol Honda Team). À vrai dire, le natif de Forli est sans doute tombé sur l’adversaire le plus redoutable. Ça me rappelle un peu Max Biaggi. Son compatriote avait lui aussi achevé trois saisons à la deuxième place, après 13 succès dans la cour des grands. À défaut, il aura au moins raflé quatre titres en 250cc.

Mais le vice-Champion le plus malchanceux serait sûrement Randy Mamola. L’Américain, auteur de 13 triomphes en Grands Prix, s’est classé quatre fois deuxième. Ce Californien, qui aura marqué les années 80, n’a en revanche jamais obtenu le moindre titre dans une catégorie inférieure, à la différence d’un Max Biaggi ou d’un Andrea Dovizioso… et c’est là où le bât blesse.

Je n’oublierai pas non plus Tito Rabat et son imitation faite dans ma vidéo d’adieux au MotoGP™, lorsqu’il tentait de parler comme dans le Oxfordshire avec son accent catalan. Malgré de gros revers et des blessures, c’est quelqu’un qui affichait toujours un grand sourire. Premier à plaisanter, Tito était aussi obnubilé par la météo. Il vérifiait en permanence pour moi, on aurait dit qu’il avait dix applications dédiées à ça. Avant d’intégrer le MotoGP™, cet Espagnol avait connu une brillante carrière en Moto2™, avec pas moins de 13 victoires et un titre de Champion du Monde en 2014.

Je me demande comment Andrea et Tito vivront ce retrait du MotoGP™. Ça ne sera sans doute pas facile. Mick Grant, vainqueur de Grands Prix et du TT, m’a dit qu’il avait passé six ans loin des circuits ; ce qui ne l’aura pas empêché par la suite d’être activement impliqué en compétition. Chris Vermeulen m’a donné un bon conseil autour d’une pinte de bière dans un légendaire pub de Phillip Island : ‘Souviens toi que rien ne reste définitivement !’ Bien sûr, Chris a raison même si aujourd’hui tout va beaucoup plus vite en MotoGP™.

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