Les rameurs, les désarçonnés et les battants, par N. Harris

L’ex-commentateur du MotoGP™ évoque les différents styles de départ au travers du temps.

Il n’y a pas de meilleur endroit que le Mans pour assister au départ d’une course MotoGP™. Le son y résonne sur ces légendaires tribunes qui jouxtent cette ligne droite de bout en bout… et le bruit y est amplifié à vide avec ces terrasses en béton. Dimanche n’y aura pas fait exception, avec cette meute emmenée par Jack Miller, qui s’emparait des lieux. Pourtant, il y a 34 ans, la seule chose qu’on pouvait entendre c’était le bruit des pas sur le tarmac.

En effet, pour vous élancer, vous n’aviez pas d’autres choix à l’époque que de pousser votre moto, que ça soit une 50cc, une 500cc ou un side-car. C’était le seul moyen de se joindre au combat. Combien de courses ont été perdues, parce qu’un pilote n’arrivait pas à faire démarrer sa moto, alors que ses adversaires avaient déjà disparus à l’horizon ? Mais tout a changé en 1987, quand les départs avec embrayage ont été approuvés pour la manche d’ouverture au Japon.

Ce fut un événement très spécial et pas seulement pour cette histoire d’embrayage, qui allait révolutionner la discipline. À titre personnel, c’était la première fois que je me rendais au Japon et je me souviens y avoir découvert le fax : un outil qui m’épargnera des heures à taper les résultats : une merveille !

Randy Mamola remportera cette première épreuve d’une nouvelle ère, mais l’Américain était particulièrement rodé quand il s’agissait de courir tout en poussant. À vrai dire, il avait déjà décroché dix succès en 500cc. En fait il y avait plusieurs techniques…

En 50 et 80cc, tout particulièrement lorsque les deux temps envahirent la grille, les pilotes étaient déjà assis sur leur moto et ramaient à l’aide de leurs jambes. Une fois qu’ils avaient suffisamment de vitesse, ils lâchaient alors l’embrayage. C’était un pari qui fonctionnait presque tout le temps. À défaut, le pilote devait descendre de la moto et se mettre à pousser.

La méthode classique, dès lors qu’étaient introduits les quatre temps, consistait à monter de biais. Les pilotes avaient un peu l’air de cavaliers lors de promenades royales, même si je peux vous assurer qu’il n’y avait rien de reposant là-dedans. Une fois le moteur en route, ils délaissaient l’embrayage, tout en inclinant leur corps vers l’avant pour faire passer leur jambe de l’autre côté.

Mais les pilotes aimaient particulièrement les descentes et quoi de mieux que Spa-Francorchamps ! Ces derniers se laissaient rouler, avant de débouler dans le fameux Eau Rouge. En général, tous y signaient de bon envol. Phil Read était malgré tout le meilleur dans cet exercice. Je me souviens de mon premier voyage à Spa en 1974, le septuple Champion du Monde y avait effectué un parfait départ. Giacomo Agostini emmenait pour sa part le peloton de chasse. Le circuit avoisinait alors les 14 kilomètres, il n’empêche après seulement quatre minutes, on l’a vu revenir sans le moindre pilote en vue. Au bout du compte, il battra Giacomo Agostini avec plus de 72 secondes.

Toujours est-il qu’il n’y a 34 ans, les départs étaient plus silencieux. Les embrayages ont facilité la vie des pilotes. Mais comme toute évolution, elle a aussi ses inconvénients. Le moindre mouvement sur la grille, le moindre centimètre de gagné et vous écopez d’une pénalité. À l’époque, ça passait inaperçu.

Regardez les courses en Direct ou OnDemand, et profitez avec le VidéoPass, de tout le contenu motogp.com, qu’il s’agisse d’interviews, de sujets techniques… ou encore d’épreuves historiques.