Comment ont-ils vécu ce flag-to-flag ?

À l’issue de cette course qui aura fait de nombreuses victimes, les avis étaient partagés.

La météo aura décidément joué des tours aux pilotes tout au long de ce week-end manceau et pour la première fois en quatre ans, un flag-to-flag était déployé : une expérience, plus ou moins bien géré par les pilotes, y compris pour les plus aguerris.

Maverick Viñales (Monster Energy Yamaha MotoGP) franchissait tout compte fait la ligne d’arrivée en dixième position, juste devant Valentino Rossi (Petronas Yamaha SRT), qui reconnaissait ouvertement ne pas trop apprécier cette procédure.

« C’était assez compliqué. Quand ça passe du mouillé au sec, c’est une chose. Quand on passe du sec au mouillé, c’en est une autre et rouler sous la pluie, alors que vous êtes en slicks, c’est juste une horreur, indiquait le Catalan. Mais ce dimanche, c’est de ma faute car la moto était juste parfaite. Nous n’avons juste pas été aidés par la météo. »

« Personnellement, je n’aime pas les courses flag-to-flag. Plus que leur côté stressant, je les trouve plus dangereuses, déclarait pour sa part ‘Il Dottore’. Parfois, vous êtes contraints de rouler en slicks alors que c’est mouillé, parfois l’inverse. Je préfère largement les épreuves de 45 minutes car vous avez le temps de trouver votre rythme, d’élaborer une stratégie, alors qu’ici c’est plus délicat. »

Et certains à l’image d’Alex Rins (Team Suzuki Ecstar) ou de Marc Márquez (Repsol Honda Team), pourtant réputé adroit dans ces conditions, se faisaient piéger…

« Ce dimanche, nous avons fait l’impossible. J’ai dû récupérer une dizaine de places dans les premiers tours, je suis rentré au box, j’ai changé de moto à une de ces allures et je suis tombé stupidement, » regrettait le n°42.

« Je savais que si je me montrais patient sur les premiers tours, il y avait un moyen de faire une bonne course. Malheureusement, je suis tombé au moment où je m’y attendais le moins, racontait l’octuple Champion du Monde. Je n’attaquais pas spécialement, mais ce sont des choses qui arrivent en cas de flag-to-flag, car c’est davantage risqué. Il y a d’ailleurs eu énormément de chutes ce dimanche. Point positif, quand je suis reparti, j’étais le plus rapide en piste. En fait, je suis énervé contre moi-même car la deuxième chute n’était absolument pas nécessaire. J’étais plus concentré sur d’autres choses, comme sur ma position sur la moto, que sur les conditions. »

Malgré le côté risque induit par cette piste à l’adhérence changeante, d’autres s’en sortaient plutôt bien. Exemple d’Aleix Espargaró (Aprilia Racing Team Gresini) qui était toutefois rattrapé par des soucis mécaniques, l'ayant contraint à l’abandon.

« Je partais 13e. Nous avons eu droit à un flag-to-flag, alors que je me sentais super rapide sur le sec. Avant que la pluie s’abatte, je rattrapais Marc et Takaaki, autant dire que j’étais confiant. Et puis il s’est mis à pleuvoir, ce qui m’a mis en colère. J’ai perdu pas mal de positions en repartant. Mais je ne sais pas pourquoi, soudainement je me suis senti bien, expliquait le représentant du team Aprilia. J’ai commencé à doubler Valentino, Iker, Danilo, Maverick en l’espace de seulement deux tours. C’est dommage qu’on ait eu ce souci, sinon quoi on aurait facilement terminer parmi les cinq / six premiers. Nous avons laissé passer une jolie opportunité. »

Quant à ceux qui n’avait jusqu’alors jamais goûté au flag-to-flag, ces derniers auront connu des fortunes diverses.

Francesco Bagnaia (Ducati Lenovo Team) échouait au pied du podium, sans trop comprendre sur le coup pourquoi il avait été pénalisé d’un Long Lap ; tandis qu’Alex Márquez arrachait une honorable sixième place.

« Au départ, j’ai essayé de faire très attention, mais le moment clé de la course, c’est quand il a commencé à pleuvoir, affirmait le natif de Cervera. Dans ce tour, j’ai pris un peu plus de risques et j’ai récupéré pas mal de positions. Je suis ressorti avec un medium à l’avant et un soft à l’arrière, ce qui était le choix le plus judicieux. Malheureusement sur la fin, la piste est devenue beaucoup trop sèche. Il y avait la possibilité de repasser sur du slick, mais ça aurait été possible à 12 ou 13 tours de la fin, pas à huit. Donc au final on s’en tire plutôt bien. »

Son coéquipier Takaaki Nakagami, classé septième, pouvait en dire autant, en dépit de quelques regrets.

« Avant toute chose, je n’avais jamais réalisé la moindre course flag-to-flag et je ne m’attendais pas à une telle expérience, j’étais persuadé que ça resterait sec. Mais après quelques tours, il s’est mis à pleuvoir et nous avons dû changer de moto. Ce fut très compliqué de trouver son rythme, sur le mouillé toutes les Honda souffraient d’un manque de grip à l’arrière. Nous avons tenté des modifications au warm-up, en vain : j’avais l’impression de rouler sur de la glace, relatait le Japonais. J’ai malgré tout pu rester sur mes roues. Et quand la piste a commencé à sécher, je n’ai pas été en mesure de suivre Johann et les autres, j’avais plus de mal, donc forcément je suis un peu déçu. Seule consolation : j’ai donné tout ce que j’avais. Ceci étant, tellement de choses se sont passées, en si peu de temps. Voyons ça comme une bonne expérience. »

Le tenant du titre Joan Mir (Team Suzuki Ecstar) et Miguel Oliveira (Red Bull KTM Factory Racing) auront quant à eux trouvé ça constructif, même si tous deux se faisaient piéger.

« C’est quelque chose dont j’avais besoin, mais j’ai aimé. Après c’est sûr que c’est différent, c’est plus risqué car vous avez beaucoup d’eau sur la piste et ceux qui sont derrière, sont davantage handicapés avec toutes les projections. Regardez Fabio, son rythme n’avait rien d’extraordinaire dans ces conditions, mais comme il est parti de la pole, il a été en mesure d’arracher un podium, faisait remarquer le Majorquin. De toute évidence, il faut qu’on se qualifie mieux, surtout quand on prévoit une course flag-to-flag. »

« Il y avait quelque chose d’excitant dans le sens où c’était nouveau pour moi, mais ce n’est pas franchement amusant d’être en slick quand il commence à pleuvoir, confiait de son côté le Portugais. J’ai essayé de rallier la pitlane tant bien que mal, de suivre chaque procédure à la lettre. Mais arrivé dans le virage 7, j’ai tiré tout droit car mes freins n’étaient pas encore suffisamment en température. Résultat, je me suis retrouvé 18e. J’étais malgré tout bien remonté quand je suis tombé. En résumé, les courses flag-to-flag c’est sympa, mais c’est aussi assez risqué, car vous devez être capables de vite cerner les conditions. »

Une page se tourne désormais, cap sur le Mugello. En espérant cette fois que la météo soit plus clémente.

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