Comment El Diablo va-t-il terminer sa saison ?

L'ancien commentateur du MotoGP™ Nick Harris se remémore de beaux souvenirs pour prédire la fin de saison du Champion du monde 2021

Quel genre de Champion du monde va être Quartararo lors des deux dernières courses de l'année maintenant qu'il est assuré de la couronne ? Dans les décennies passées, des pilotes tels que Giacomo Agostini et Barry Sheene ont tourné le dos au championnat dès l'instant où ils ont été sacrés. D'autres, à l'image de Kenny Roberts Jr, ont tenu à prouver au monde qu'ils méritaient la couronne tant convoitée.

Dans les années 60 et 70, participer au championnat du monde coûtait énormément d'argent, même pour le Champion. La décision de Giacomo Agostini de ne pas prendre part à certaines courses une fois le titre 500cc acquis était à la fois une question de sécurité et de budget. Pourquoi risquer sa vie sur un circuit dangereux, surtout si vous avez la possibilité de participer à une course hors-championnat dans un autre pays le même jour et gagner plus d'argent ? L'absence de l'Italien à ces GP a donné lieu à des résultats historiques.

En 1969, alors que Giacomo Agostini renonce à l'avant-dernière manche de la saison à Imola, Alberto Pagani s'impose, devenant le premier fils d'un vainqueur de Grand Prix à remporter une course. Une semaine plus tard, sur le circuit Opatija en Yougoslavie, Giacomo Agostini est toujours absent et Godfrey Nash offre à Norton son dernier succès en Grand Prix. Il s'agit également de la toute dernière victoire d'une monocylindre en catégorie reine.

Pour l'ultime rendez-vous de l'année, c'est le coéquipier de l'Italien chez MV Agusta, Angelo Bergamonti, qui triomphe pour la première et dernière fois en 500cc lors du Grand Prix d'Espagne 1970 au Montjuic Park, pendant que Giacomo Agostini prend part à une course hors-championnat en Angleterre. L'année suivante à Jarama en Espagne, Dave Simmons apporte à Kawasaki la première de ses deux victoires en catégorie reine, profitant de l'absence du pilote transalpin. En 1972, Giacomo Agostini renonce une nouvelle fois à la manche finale de la saison à Montjuic Park et Chas Mortimer en profite pour remporter le tout premier succès de Yamaha sur une deux temps 352cc.

Suzuki RG500 Gamma, Kenny Roberts, 2000

De son côté, Barry Sheene a manqué en 1976 les trois dernières courses, disputées à Imatra, Brno et au Nürburgring. En Finlande, Pat Hennen devient le premier Américain vainqueur en Grand Prix. John Newbold remporte quant à lui son unique victoire en 500cc à Brno, tandis que Giacomo Agostini s'impose pour la dernière fois sur la MV Agusta quatre temps en Allemagne, son 68e et dernier succès en 500cc.

Faisons un bond dans le temps pour nous rendre en 2000 à Motegi, au Japon. Kenny Roberts Jr offre le titre à Suzuki avec une sixième place à Rio lors d'une course remportée par Valentino Rossi, au terme d'une fantastique bataille avec le héros local, Alex Barros. Une magnifique performance de l'Américain qui passe au second plan à cause de la lutte entre le n°46 et le Brésilien. Huit jours plus tard à Motegi, le désormais Champion du monde écrase la concurrence emmenée par Valentino Rossi pour montrer au monde entier pourquoi il a décidé de suivre les traces de son père.

Dimanche dernier, on pouvait imaginer l'incrédulité puis la panique dans les salles de presse, les studios et les cabines de commentateurs du monde entier lorsque Pecco Bagnaia a chuté si près de l'arrivée à Misano, synonyme de sacre pour Fabio Quartararo. On est tous passés par là, avec un scénario ou un papier rédigé prêt à être envoyé au coup de sifflet final ou en l'occurrence, au drapeau à damier. C'est arrivé plusieurs fois en football avec des buts à la dernière minute qui changent toute l'histoire. Que ce soit sur deux ou trois roues, il est impossible d'oublier Brno 1988. J'avais les pieds sur le bureau dans la cabine de commentateurs, rêvant d'une bouteille de ce champagne rose russe qu'on peut trouver à Brno pour moins de cinq euros.

J'étais très satisfait car j'avais passé une belle après-midi de travail à la BBC. Je venais juste de commenter la course et d'interviewer le nouveau Champion du monde 500cc Eddie Lawson en direct à la radio. J'ai dit au producteur qui était à Londres qu'il valait mieux attendre le dernier extrait de voix pour pouvoir ajouter dix secondes à la course de side-car, même si le champion du monde britannique Steve Webster avait 18 points de retard sur Rolf Biland lors de cette dernière épreuve. Steve Webster avait peu de chances de remporter le titre, si important pour les fans britanniques, car il n'avait pas réussi à s'imposer en individuel. L'Anglais et son passager Gavin Simmons mènent la danse, tandis que le virtuel champion Rolf Biland est confortablement installé en quatrième position. Soudain, le Suisse commence à ralentir, puis s'arrête à quatre tours du drapeau à damier. C'est le chaos total dans la cabine de commentateurs, mais je parviens à faire vivre les deux derniers tours en direct et à interviewer Steve Webster. C'était serré et ça a certainement pris plus de dix secondes, mais ça en valait la peine lorsque l'hymne national a retenti dans la campagne de Brno.

Donc, à tous les médias avant l'Algarve dimanche, soyez patients. Ne commencez pas à écrire avant la fin des courses Moto3™ et Moto2™. Fabio Quartararo, j'en suis sûr, suivra l'exemple de Kenny Roberts pour fêter ce titre mondial en MotoGP™.

Regardez les courses en Direct ou OnDemand, et profitez avec le VidéoPass, de tout le contenu motogp.com, qu’il s’agisse d’interviews, de sujets techniques… ou encore d’épreuves historiques.