« Le sport n’est pas une question de genre, mais de talent »

Ce mois-ci, les internautes de motogp.com ont le privilège de faire connaissance avec Izaskun Ruiz, journaliste pour DAZN.

Il était une fois une petite fille qui était complétement captivée par les correspondants qu’elle voyait dans les journaux télévisés. À vrai dire, Izaskun Ruiz a toujours su qu’elle voulait être le témoin et celle qui allait nous raconter l’actualité, pour nous permettre, à l’image de ses prédécesseurs, d’être au plus près de l’action.

Cette dernière, reporter sur les Grands Prix motos depuis quelques saisons, est désormais une des journalistes plus connues d’Espagne.

Sport et journalisme, une combinaison ‘presque’ fruit du hasard

Puisque son objectif était clairement défini, Izaskun s’est donc inscrite à l’Université de Navarra pour y étudier le journalisme. « Fatalité, j’ai fait un stage en deuxième année dans une chaîne locale et ils m’ont confié les sports. Cela dit, le sport a toujours fait partie intégrante de ma vie car il fut une époque, je pratiquais la GRS au haut niveau, » révèle-t-elle.

Sa timidité laissée de côté afin de pouvoir réaliser son rêve, Izaskun commençait alors à présenter quelques sujets en radio et en télévision, où elle était principalement amenée à relater des matchs ou d’autres événements sportifs. « Il y avait toujours un supérieur pour superviser mon travail, cela dit je pouvais mettre la main à la pâte ; ce qui m’aura permis d’apprendre, » précise-t-elle.

Une fois diplômée, Izaskun déménageait ensuite à Madrid pour un autre stage, mais à la rédaction de TVE, Televisión Española : « Dans un premier temps, j’étais affectée au service des sports, puis j’ai obtenu un poste comme présentatrice de météo. J’ai pu m’y familiariser avec le direct, avant de retourner aux sports, » raconte-t-elle.

Devenue présentatrice de l’édition matinale de leur magazine sports, en 2010 une nouvelle opportunité se présente à elle : un projet ‘unique’ auquel elle pouvait pleinement se consacrer. « Nous avons couvert pas mal de disciplines durant cette période 2010/2011, jusqu’au jour où TVE a acquis les droits télés du Championnat du Monde MotoGP™ et ils m’ont proposé d’intégrer cette équipe, » explique-t-elle.

Son arrivée dans le paddock MotoGP™

Ayant fréquenté de nombreux milieux sportifs, celui du MotoGP™ lui parut en comparaison relativement accueillant mais tout aussi exigeant : « Au départ, je ressentais comme une certaine distance, se souvient-elle. Néanmoins, le respect de vos interlocuteurs se gagne à force de travail. Et il n’y a pas de place au relâchement, car il est aussi facile de gagner la confiance de quelqu’un que de la perdre. Tout dépend de vos questions, de la façon dont vous les posez, des formules que vous employez pour rapporter les choses. C’est comme ça qu’on se construit une réputation, » affirme-t-elle.

Une première expérience avant un retour définitif

« La première année, ils m’ont lâchée dans la pitlane et il m’aura fallu un peu de temps avant de connaître les fonctions de chaque personne, leur manière de travailler… Je commençais vraiment à prendre plaisir, je décelais des points à améliorer. Malheureusement les droits de TVE n’ont pas été reconduits, » indique-t-elle.

Du coup, Izaskun a été redirigée vers les Jeux Olympiques, le Dakar et le mondial de natation. « J’ai beaucoup aimé travailler en MotoGP™ à tel point qu’en 2014, j’ai décidé de quitter TVE et Madrid pour venir m’installer à Barcelone, où étaient situés les locaux de Movistar, déclare-t-elle. Ernest Riveras et Javier Grima en étaient les références ; deux personnes que j’admire beaucoup, avec lesquelles j’avais justement eu l’occasion de collaborer. Leur présence m’a rassurée car à leurs côtés on ne peut que progresser. »

Immergée dans un environnement à la pointe de la technologie, Izaskun a aussi su identifier au fil du temps les points sur lesquels insister dans une interview pour garantir une information précise et correcte : « Je crois que la clé de notre profession est de savoir quoi demander et à qui. J’ai la chance d’être entourée de personnes super spécialisées, qui peuvent m’expliquer, mieux que quiconque, ce qui s’opère dans un box, confie-t-elle. Mon rôle est d’essayer d’en tirer profit au maximum pour apporter tous les éléments de compréhension aux spectateurs. »

Mais au travers de son travail, Izaskun a aussi contribué à partager les plus grands chapitres de ce sport : « À chaque fois que j’interroge un pilote, je ressens l’émotion de la première fois. En 2010, trois Espagnols ont gagné : Jorge Lorenzo, Toni Elias et Marc Márquez. À l’époque, j’avais surtout tissé des liens avec ceux de la 125cc, comme Marc Márquez, que forcément j’ai vu grandir. Dès le début, j’ai compris qu’il avait un bel avenir devant lui, » fait-elle remarquer.

Un environnement qui fait l’éloge de la compétence

Ces dix dernières années, Izaskun a également vu de plus en plus de femmes intégrer ce paddock, à des emplois tout aussi variés : « Quand j’étais chez Movistar, on a eu l’idée d’organiser une rubrique pour donner de la visibilité à celles qui exercent dans ce Championnat. C’était une façon de conférer des modèles à toutes ces petites filles qui nous regardent avec émerveillement, de leur prouver qu’elles aussi ont parfaitement leur place. »

« Aucune n’est là parce que c’est une femme, reprend-t-elle, mais parce qu’elles ont les compétences pour. Elles ont dû travailler dur pour en arriver là. Ça montre que le sport ne tient pas compte du genre. »

D’ailleurs en 2021, une femme montait pour la toute première fois sur le podium : une certaine Jennifer Anderson. « Elle officie auprès de Marc Márquez et auparavant, elle faisait partie du team Red Bull KTM Factory Racing. Le fait qu’elle soit mise en avant à Austin constitue vraiment une avancée significative. Je ne me souviens pas d’avoir assisté à une telle scène auparavant, » confesse-t-elle.

C’est en se concentrant sur le présent qu’on construit le futur

Izaskun met par ailleurs en évidence la puissance d’un tel milieu, au sein duquel elle a le privilège d’évoluer : « Ils sont source d’inspiration, avoue-t-elle. Si vous pratiquez un sport de haut niveau, alors vous savez les sacrifices que ça implique. Voir tout ce qu’il y a derrière, vous procure une certaine motivation. Du coup j’aime être au contact de ces gens. »

Au bout du compte, faire une interview ne consiste pas seulement à poser des questions. Il faut chercher les mots les plus appropriés, pour que votre interlocuteur se livre plus facilement à vous. Et Izaskun a souvent reçu des compliments quant à ce savoir-faire. « Des passionnées ou des étudiantes m’envoient parfois des messages pour me féliciter, chose pour le moins gratifiante. C’est alors que vous prenez conscience des répercussions que vous pouvez avoir, » signale-t-elle.

La boucle est en quelque sorte bouclée… Enfant, Izaskun était fascinée par les reporters qu’elle voyait à l’écran. Aujourd’hui, c’est elle qui est à leur place, avec une mission à remplir : « J’aimerais leur transmettre l’authenticité et leur faire vivre les émotions simultanément que je ressens, pour leur permettre de mieux percevoir la grandeur d’un sport comme le MotoGP™, » conclut-elle.

Regardez les courses en Direct ou OnDemand, et profitez avec le VidéoPass, de tout le contenu motogp.com, qu’il s’agisse d’interviews, de sujets techniques… ou encore d’épreuves historiques.