« Se concentrer sur le présent pour construire l’avenir »

Témoin des progrès technologiques survenus dans le domaine audiovisuel, Pilar Gancedo partage son histoire de mère et de professionnelle.

Il y a toujours un moment dans la vie où on se demande : ‘pourquoi ?’ Cette simple question est en réalité le meilleur moyen de partir à la découverte du monde qui nous entoure. Pilar a justement gardé cette curiosité et c’est ce qui lui a permis de faire de son travail une aventure.

En cette journée du 8 mars, où on évoque souvent les difficultés que certaines femmes rencontrent à s’intégrer ou à évoluer dans le milieu professionnel, motogp.com vous raconte l'histoire de Pilar Gancedo, Commercial Media Senior Director Media Sales chez Dorna Sports : une femme qui a vu son grandir son entreprise en même temps que sa famille, jusqu’à devenir une véritable source d’inspiration et référence pour beaucoup.

Ses premiers pas dans le journalisme

« La télévision m’a toujours fascinée, je ne m’imaginais pas travailler autre part. C’est pour cette raison que je me suis orientée vers le journalisme, révèle-t-elle. En fait, j’ai toujours aimé lire et écrire. Je suis une personne de nature plutôt curieuse, je ressens en permanence ce besoin d’apprendre. » Et après avoir enchaîné les stages en parallèle de ses études, à travers toute l’Espagne, elle obtenait une bourse pour entrer à Televisión Española : « Juste l’année où j’ai été diplômée, les chaînes privées sont nées et j’ai eu la chance d’être embauchée à Antena 3 comme productrice, » indique-t-elle.

Puis elle déménageait à Madrid pour couvrir un certain nombre d’événements historiques : « Ce furent des années fascinantes. Je voyageais avec un journaliste et un caméraman. On était envoyés dans toute l’Europe, mais on a aussi sur des campagnes électorales en Espagne. On a accompagné l’ancien président Felipe González. J’ai également fait la Guerre du Golfe, le fameux Rallye d'Argentine où Carlos Sainz a été sacré Champion du Monde et deux ‘Final Four’ de basket : des expériences toutes super enrichissantes, » raconte-t-elle.

Dans sa carrière, son excellente maîtrise de l’anglais a par ailleurs été un élément clé et ce, dès son arrivée à Antena 3 : « À cette époque, les directeurs de télévision ne le parlaient pas très bien. Du coup, j’ai été réquisitionnée pour la traduction de réunions, qui traitaient notamment de gestion et de l’achat de droits, » précise-t-elle

Le début d'un nouveau chapitre

Une série de circonstances personnelles l’ont finalement conduite à demander sa mutation à Barcelone : un retour aux sources qui était néanmoins loin de la satisfaire… « Je ne voyageais plus du tout, je passais mon temps au bureau. Dans le même temps, un vieil ami et collègue Sergi Sendra, actuel Head of Global Technology, m'a suggéré de rejoindre Dorna Sport en tant que productrice, » explique-t-elle.

Dans son entretien avec Manel Arroyo, Chief Commercial Officer, elle mettait alors en avant ce qu’elle pouvait leur apporter : « Je ne connaissais pas trop la moto, mais ils m’ont proposé de jouer les intermédiaires avec les broadcasters qui s’étaient procurés les droits télévisés. En d’autres termes de leur signifier comment ils allaient recevoir le signal international, de les informer des horaires, de leur préparer les accréditations… Je lui faisais savoir que c’était un domaine auquel j’étais familier, si ce n’est que j’avais eu l’occasion d’y toucher côté clients. Cela dit, l’idée me plaisait car je savais que j’allais voyager et que j’allais côtoyer des gens de tous les pays, » rapporte-t-elle.

MotoGP™ et technologie, une formule gagnante

« J’ai intégré l’entreprise un lundi et dès le jeudi de la semaine suivante, j’étais à Jerez pour un Test. C’était en 1994, la Dorna venait d’être crée. Durant les essais, on enregistrait les images sur des cassettes et il nous fallait trouver le point le plus proche pour les envoyer. Alors que durant un week-end de Grand Prix, on avait recours à une antenne parabolique, » décrit-elle.

Des chaînes publiques, qui furent leurs premiers clients, Pilar vivra ensuite la migration vers le privé et le payant. « La plupart des événements sportifs ont subi cette transformation. Les droits ont acquis plus de valeurs, car au bout, c’est le consommateur qui paie pour profiter du sport, tout en bénéficiant de la meilleure qualité, sans qu’il y ait trop de publicités, » fait-elle remarquer.

Ce changement supposait plus d’engagement de la part de Dorna : « Il a donc été décidé de développer en interne un système pour offrir aux différentes télés des caméras OnBoard, d’engager un hélicoptère pour avoir des images aériennes et d’introduire de nouveaux graphiques à partir des informations que nous pouvions obtenir, déclare-t-elle. Le but était d’en faire profiter encore plus les fans en leur donnant la possibilité de suivre le MotoGP™ à partir de l’angle de vue qu’ils préfèrent, que ça soit au travers de la App ou de la télé en elle-même. Nous avons aussi multiplié les contenus exclusifs de types Unseen, pour permettre aux téléspectateurs de pénétrer dans les coulisses. »

À vrai dire, Pilar et tout le département Commercial Media ont toujours mis un point d’honneur à adapter les contenus aux diverses évolutions : « De ce point de vue, Dorna a fait un excellent travail en interprétant les opportunités offertes par la technologie, » admet-elle.

En sports mécaniques, nombreux sont les détails : il suffit de regarder les composants d’une moto, d’observer les disparités d’un prototype à un autre ou encore les style de pilotage. Et le public peut avoir connaissance de toutes ces informations ou presque, durant une séance, comme le souligne Pilar : « On peut voir quels rapports ils enclenchent pour négocier tel ou tel virage, l’angle d’inclinaison… autant de données que l’on a réussi à retranscrire visuellement. »

Découvrir de nouveaux mondes

En 1997, Pilar donnait naissance au premier de ses trois enfants. Dès lors, cette dernière s'est éloignée de la production pour se concentrer sur la vente des droits, tout en réduisant ses déplacements. Dotée de cette soif d’apprendre, aussi bien à l’échelle professionnelle que privée, c'est la curiosité qui l'a poussée vers des horizons inexplorés. « Je n’ai jamais eu du mal à associer boulot et famille. J’ai reçu beaucoup de soutien de mon entourage et de l’entreprise, » confie-t-elle. À ce stade, l’organisation et la confiance revêtaient tout autant d’importance. « J'ai cherché des personnes qui pouvaient m'aider à élever mes enfants et je m’en suis remise à eux. Je crois que cela a fait de moi un exemple auprès de mes enfants car je leur ai montré qu'il était possible de concilier travail et vie de famille, » commente-t-elle.

En délaissant quelque peu la sphère personnelle pour contribuer à la croissance de Dorna Sports, Pilar a ainsi ouvert la voie à de nombreuses femmes qui travaillent désormais dans ce milieu : « À la fin des années 90, on n’était pas très nombreuses. Mais je pense que la plupart du temps c’était un avantage d’être une femme avec des responsabilités car, même si cette situation a de quoi surprendre, surtout avec des gens de culture différente, j’ai toujours senti une certaine admiration, » reconnaît-elle.

Mettre sur pause, regarder en arrière… et sourire !

Lorsqu’elle dresse un bilan de ses nombreuses réalisations, Pilar apprécie l'exclusivité de son travail, qui lui aura permis d’expérimenter un nombre infini de réalités : « Nous avons affronté le présent, en essayant de tirer profit au mieux des technologies, affirme-t-elle. Notre rôle, c’est de faire des courses et de les enseigner au travers de médias. Facebook, Youtube ou encore TikTok : il a fallu apprendre à composer avec, puisque ce sont des plateformes comme les autres, où nous nous devions de figurer. »

Concernant, la croissance exponentielle de l’entreprise et du nombre de femmes dans les sports mécaniques, Pilar y accorde énormément d’importance : « Même s’il n’y a pas eu de politique explicite destinée à faciliter leur accès à ce milieu, je crois qu’il y a eu une sorte de prise de conscience et par conséquent de nouveaux engagements à cet égard, répond-t-elle. Il y a de plus en plus de femmes, dans la mesure où l’intérêt pour cet environnement grandit et qu’elles sont mieux préparées. »

Élargir les horizons est une valeur que Pilar s'est toujours efforcée de maintenir dans son groupe de travail : « À mon sens, si vous voulez toucher un plus large public, il est primordial d'avoir des personnes avec des parcours différents et notamment des femmes à des postes de direction, » conclut-elle.

L’histoire de Pilar est en tout cas très précieuse, car elle bouscule les préjugés. Elle a su démontrer qu’on pouvait être une femme et officier au plus de la hiérarchie, au sein d’un organisateur d’événements sportifs de renommée mondiale, sans pour autant renoncer à son statut d’épouse et de maman.

Les histoires de ces femmes, qui œuvrent pour le Championnat du Monde méritent d’être célébrées plus d’un jour par an. Et en ce 8 mars, nous vous proposons de vous replonger dans leurs portraits publiés depuis deux ans, au travers de notre rubrique #WomenInMotoGP.

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