Chanter sous la pluie, par Nick Harris

L'ex-commentateur du MotoGP™ nous livre son point de vue sur ce retour en Indonésie, quelque peu arrosé.

Je dois avouer que ma première réaction ce dimanche matin, quand mon réveil a sonné, a été de me demander si je n’avais pas oublié mon pass, mon téléphone, si j’avais le temps de prendre mon déjeuner avant de me rendre au circuit… Et puis j’ai réalisé que j’étais chez moi dans la province d’Oxford, et que tout ce que j’avais à faire c’était de sortir le chien, d’allumer la bouilloire et de prendre place devant ma télé pour regarder le GP d’Indonésie.

Tout était si paisible à la différence de ce qui se passait au circuit entre ces coups de tonnerre, cette foudre et ces torrents d’eau qui s’abattaient sur la piste. On aurait presque dit un lac ! Les averses et les retards : le cauchemar de tout commentateur. Des souvenirs me reviennent immédiatement de longs après-midi, que ça soit à Motegi ou à Indianapolis, à parler de tout et de rien à l’antenne histoire de meubler.

Rappelez-vous de pilotes comme Anthony West qui nous improvisaient des danses de la pluie, tellement ils adoraient courir dans ces conditions. Mais plus généralement ça provoquait un certain chaos. Surtout avant que le système du flag-to-flag ne soit introduit, les courses étaient plus généralement interrompues. Deux départs avaient été donnés à Spa-Francorchamps en 1989. Eddie Lawson, finalement déclaré vainqueur, ne s’était vu attribué que la moitié des points. D’autres continuent aujourd’hui encore de débattre sur les résultats du GP de Grande-Bretagne 1978, officiellement remporté par Kenny Roberts en catégorie reine.

Fort heureusement, on ne connaissait pas de tels problèmes ce dimanche. Après 1h15 de retard, les hostilités étaient lancées : 20 tours de pur théâtre où talents d’équilibriste et bravoure étaient mis à rude épreuve. Quelle démonstration en tout cas de Miguel Oliveira (Red Bull KTM Factory Racing), qui aura su déjouer les éléments pour décrocher ces 25 points. Et dire qu’il en avait inscrit que neuf lors de ces dix dernières épreuves. Fabio Quartararo (Monster Energy Yamaha MotoGP™) faisait honneur à son statut de Champion en allant ravir la deuxième place juste devant son compatriote Johann Zarco (Pramac Racing), toujours en quête de sa première victoire, et qui regrettait de ne pas avoir trouvé ses marques plus tôt.

Sans oublier Darryn Binder (WithU Yamaha RNF MotoGP), qui s’offrait un Top 10 pour sa deuxième apparition dans la cour des grands ; le Sud-Africain ayant suscité quelques critiques avec ce saut direct du Moto3™ au MotoGP™. Et s’il était destiné à suivre les traces d’un Garry McCoy ou d’un Jack Miller (Ducati Lenovo Team) ? Après tout, Garry McCoy a bien enregistré trois succès en 2000 à l’époque de la 500cc pour se classer cinquième du Championnat. Quant à Jack Miller, deux ans après avoir fini dauphin d’Alex Márquez (LCR Honda Castrol), il s’illustrait sous la pluie à Assen. Seule déception pour Darryn : le fait qu’il n’ait pas réussi à battre son frère Brad. Cela dit, il en était tout proche.  

Bien évidemment, comme tout circuit fraîchement introduit au calendrier, il y a eu des petits couacs. Mais ils ont été corrigés. Et pour ces incroyables fans indonésiens, qui chantaient malgré le déluge, il y a aura plein d’autres occasions de voir leurs héros en action. Ils avaient attendu 25 ans avant d’avoir un Grand Prix, alors ce ne sont pas ces 1h15 de retard qui seront venues gâcher leur plaisir. Pour ma part, j’étais tout de même bien content d’assister à un tel spectacle au sec, sur mon canapé avec une petite tasse de thé.

Regardez les courses en Direct ou OnDemand, et profitez avec le VidéoPass, de tout le contenu motogp.com, qu’il s’agisse d’interviews, de sujets techniques… ou encore d’épreuves historiques.