Le rêve américain reviendra, par Nick Harris

L’ex-commentateur du MotoGP™ évoque le peu de réussite actuellement rencontré par les États-Unis en mondial.

Avouez-le, vous avez ressenti des frissons lorsque ces avions de chasse ont survolé le COTA, alors que l’hymne américain fut entonné. Plus de 11 ans que ce dernier n’a plus résonné sur un podium. Mais ce dimanche, il y a eu une lueur d’espoir.

Porté par son public, le Californien Cameron Beaubier avait inscrit la veille la toute première pole de sa carrière, avec un chrono en 2’08.751. Jamais un Américain n’avait accompli un tel exploit en catégorie intermédiaire depuis John Kocinski (Laguna Seca 1989) : c’est dire l’importance du moment ! Le dernier à y être parvenu, c’était Ben Spies il y a 12 ans, mais en MotoGP™, lorsqu’on roulait encore à Indianapolis. L’ultime victoire des États-Unis quel que soit le plateau, c’est justement lui qui l’a décrochée à Assen en 2011.

Le dernier podium avec un de leur représentant est en revanche à mettre au crédit de Joe Roberts, classé troisième du GP de République tchèque 2020 en Moto2™. Et puis il y a bien sûr Nicky Hayden, sacré en 2006 dans la cour des grands. Mais la réussite n’est plus vraiment dans leur camp… Qui l’aurait cru ?

Ce pays a vu naître sept Champions du Monde en MotoGP™ et deux en 250cc. En 2013, trois épreuves étaient disputées sur leur territoire : à Laguna Seca, à Indianapolis et à Austin. Aucune autre nation n’a eu le privilège d’avoir un binôme père / fils titrés parmi l’élite. Ils ont enregistré pas moins de 173 succès : 154 en catégorie reine et 19 en 250cc, respectivement répartis entre 11 et quatre pilotes.

Dans les années 80, il n’y avait qu’à claquer des doigts pour voir arriver des talents par bateaux. Kenny Roberts aura montré la voie à compter de 1978 en décrochant trois couronnes mondiales successives en 500cc. Cela dit, il était aussi un fervent défenseur de la sécurité, ce qui aura contribué à sa popularité au sein du paddock. D’autres lui emboîteront le pas, à l’image de Freddie Spencer, seul pilote à avoir été auréolé la même année en 250cc et 500cc, le quadruple Champion du Monde Eddie Lawson, qui a aussi bien fait briller Honda que Yamaha, Wayne Rainey, décoré à trois reprises en 500cc et Kevin Schwantz. Kenny Roberts Jr suivra les traces de son père au début de la nouvelle décennie et Nicky Hayden était le dernier à ajouter son nom à cette liste. Malgré tous les efforts de Ben Spies, les triomphes se sont taris comme une traversée de l’Arizona en plein été.

Les courses nationales ont perdu de leur splendeur. Les circuits pourtant ô combien spectaculaires de Laguna Seca et d’Indianapolis ont disparu du calendrier. Les temps se sont faits plus moroses.

Wayne Rainey, qui aurait pu empocher un quatrième titre s’il n’avait pas connu cet accident qui le laisserait paralysé, a décidé de faire bouger les choses. Son ancien patron Kenny Roberts avait bien essayé de promouvoir ce sport outre-Atlantique dans les années 90… en vain. En 2015, Wayne a donné un coup de fraîcheur au Moto America. Lentement mais sûrement, des talents en émergent pour intégrer le MotoGP™ ou le WorldSBK. La patience, une qualité que Wayne a été forcé d’apprendre à ses dépens. Bien évidemment, il reste encore du chemin à parcourir, mais il est convaincu que ce travail acharné finira par porter ses fruits et que les États-Unis reviendront un vivier sérieux de vainqueurs !

Comme dirait Bob Dylan : « Les temps changent ! »

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