Pas prêt de décrocher, par Nick Harris

L’ex-commentateur du MotoGP™ explique pourquoi il adore cette piste de Jerez.

Je pensais m’en être remis, puis Jerez est arrivé... Mick Grant, vainqueur du TT, m’avait pourtant prévenu de ne pas approcher un circuit dans les six ans après avoir raccroché. En 2021, j’avais dérogé à ses conseils en allant à Silverstone : mon premier Grand Prix, cette fois-ci en tant que spectateur, depuis la fin de mes commentaires à l’antenne. Je pensais être guéri de cette addiction, mais en voyant la course de Jerez, j’ai compris que non. Mick avait raison !

Franchement, qui pourrait ne pas aimer cet endroit ? Des collines noires de monde, un soleil radieux, une ambiance de match de foot et bien sûr la course ! Depuis 36 ans, toute l’Europe affut vers le Sud de l’Espagne début mai : un véritable pèlerinage, dans une région qui respire cette passion pour la moto. Derrière mon écran, je pouvais ressentir tout ça… j’aurais tellement adoré y être.

Je me souviens de ce tout premier Grand Prix à Jerez en 1987. Nous avions atterri à Gibraltar, nous avions parcouru la campagne andalouse, passé à côté des lacs pour atteindre une ville réputée pour son xérès. Wayne Gardner avait remporté ce premier rendez-vous en 500cc devant Eddie Lawson ; les Britanniques Ron Haslam et Niall Mackenzie s’étant respectivement classé troisième et quatrième. Sans oublier ces célébrations en 1995, lorsqu’Alberto Puig était devenu le premier espagnol à triompher dans la cour des grands à domicile. Un an plus tard, ce fut le chaos : la foule envahissait la piste dans le dernier tour, en croyant que la course était terminée, pour fêter ce succès d’Alex Crivillé. Sauf que leur héros se faisait piéger à quelques mètres du drapeau à damier et que le Champion du Monde Mick Doohan s’imposait après avoir miraculeusement évité les spectateurs, qui s’étaient introduits sur la piste. Il y aura ensuite cet accident en essais libres de Mick Doohan courant 1999 qui mettra un terme à sa carrière, cette toute première victoire plus sentimentale de Bradley Smith en 2009 et plein d’autres affrontements, à image de ce Rossi – Gibernau en 2005, de ce Lorenzo – Márquez en 2013 dans ce virage 13, tout juste rebaptisé au nom du Majorquin. Il y a 11 ans, Casey Stoner remettait également en doute le talent d’un certain Valentino Rossi, qui l’avait envoyé au tapis.

Pour avoir couvert quelques Grands Prix de F1 sur ce circuit, je peux vous dire que l’ambiance n’avait strictement rien à voir. C’est le pays des courses motos et de tout ce qui va avec… Du bon fish and chips au Puerto Santa Maria, ces fans qui sortaient des boites au petit matin, alors qu’on se rendait au circuit. Même ces énormes bouchons sur la route me font maintenant sourire ! Et cette bonne bière froide devant le restaurant Don Pepe pour conclure une longue journée de travail.

Francesco Bagnaia (Ducati Lenovo Team) a déclaré que cette journée avait été magnifique ce dimanche et je le rejoins entièrement. Pour ma part, j’ai encore du chemin à parcourir avant de totalement décrocher.

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