Le retour du roi, par Nick Harris

L'ancien commentateur du MotoGP™ se rappelle avoir vu revenir de grands Champions à la compétition après une grave blessure

Quel premier tour à couper le souffle à Aragón ! Regarder le retour de Marc Márquez (Repsol Honda Team) ce week-end m'a rappelé tant de souvenirs et une véritable inquiétude. Même lorsque je commentais ce qui se déroulait devant moi, je me murmurais à moi-même, loin du micro, « S'il te plaît, ne tombe pas ». Voir un coureur revenir aux rigueurs et aux dangers de la moto après une grave blessure était un mélange d'émotions. C'était à la fois génial de les voir de retour au combat, mais après toute la douleur et le dur labeur qu'ils avaient endurés pour revenir, je priais pour qu'ils ne chutent pas.

Tant de coureurs sont revenus de blessures graves et ont trouvé le succès. Les pilotes de moto en Grand Prix ont toujours été et seront toujours des durs à cuire, c'est l'essence même de ce sport. Rien n'empêchera les coureurs de rouler si c'est humainement possible, souvent au prix de la douleur et de la souffrance lorsqu'ils en ont finalement assez et abandonnent. Barry Sheene et Alex Crivillé ont non seulement remporté des titres mondiaux en 500cc après être revenus de blessures graves, mais ils sont également devenus des héros nationaux dans leurs pays respectifs. Les deux accidents graves de Barry Sheene à Daytona et Silverstone ont plus contribué à son image d'icône britannique que ses deux titres mondiaux. Alex Crivillé est devenu le premier pilote espagnol à être sacré Champion du Monde en catégorie reine deux ans après une grave blessure à la main qui l'a tenu à l'écart de la compétition pendant plus de deux mois.

Je me souviens de deux retours très différents, avec des échelles de temps très distinctes, impliquant les Champions du Monde Mick Doohan et Jorge Lorenzo. L'un a duré 56 jours, l'autre seulement deux. Le visage gris et pincé de Mick Doohan correspondait à son humeur lorsqu'il est arrivé pour l'avant-dernière manche du Championnat du Monde 500cc 1992. Quand il m'a montré ses jambes grêles, surtout la droite, j'ai compris pourquoi. Son mollet droit était encore enveloppé d'un léger plâtre tandis que les blessures en dessous rappelaient notre boucherie locale. Mick avait manqué quatre Grands Prix après s'être cassé la jambe lors de la qualification du TT d'Assen. Le pilote australien avait vu son avance au général réduite à 22 points avant l'avant-dernière manche, sur le chaotique circuit d'Interlagos, dans la périphérie de l'immense ville de São Paulo au Brésil. Il avait failli être amputé de la jambe droite après une infection survenue après l'opération. À un moment donné, les médecins ont cousu ses deux jambes ensemble pour essayer de rétablir la circulation entre elles.

Regarder Mick parcourir 121 km sous la bruine a été une expérience pleine d'humilité, associée à la peur des blessures qu'il pourrait subir s'il chutait à nouveau. Il n'a pas chuté, mais toute cette douleur et ces efforts n'ont pas été récompensés. Il a terminé à la 12e place, synonyme de zéro pointé au Championnat du Monde. Wayne Rainey remporte la course et deux semaines plus tard, il est sacré avec quatre points d'avance. C'était une pilule amère à avaler pour Mick mais après une saison 1993 difficile, toute cette douleur et cette angoisse ont été récompensées lorsqu'il a décroché la couronne mondiale 500cc 1994 pour Honda. Cette victoire a ouvert les vannes pour la légende australienne qui a enchaîné quatre autres titres mondiaux d'affilée.

Même sur ce minuscule écran de télévision dans la cabine de commentateurs d'Assen en 2013, il était évident que Jorge Lorenzo s'était cassé la clavicule lorsqu'il a chuté lors de la deuxième séance d'essais sur le mouillé. Le Champion du Monde a tout de suite su ce qu'il se passait lorsqu'il marchait dans le bac à gravier avec une épaule tombante. Il s'est immédiatement envolé pour Barcelone où on lui a posé une plaque de titane avec 10 vis pour réparer la clavicule cassée. Nous pensions qu'il pourrait être de retour quelques semaines plus tard pour le Grand Prix d'Allemagne, mais Jorge avait d'autres idées en tête. Il a pris l'avion le vendredi soir et a été déclaré apte à courir après le warm-up du samedi matin. Il a couru et a terminé cinquième après 26 tours de douleur. Malheureusement, l'histoire de la défense de son titre mondial n'a pas connu de fin heureuse lorsqu'il a chuté et s'est re-fracturé la clavicule au Sachsenring deux semaines plus tard. L'Espagnol a perdu le titre mondial au profit de Marc Márquez (Repsol Honda Team), mais deux ans plus tard, il a récupéré sa couronne au milieu des affaires Valentino Rossi/Marc Márquez.

Marc Márquez peut-il donc suivre les traces de Barry Sheene, Alex Crivillé, Mick Doohan et Jorge Lorenzo ? Bien sûr qu'il le peut, mais pendant son absence, l'opposition est devenue à la fois plus forte et plus jeune. Méfiez-vous de ces jeunes prétendants lors des trois prochains Grands Prix de Motegi, Buriram et Phillip Island. L'octuple Champion du Monde a remporté les dernières courses MotoGP™ qui ont eu lieu sur ces tracés. Préparez-vous pour le feu d'artifice.

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