Les enjeux de ce GP d’Autriche par Randy Mamola

La légende du MotoGP™ nous livre son point de vue sur les éléments qui seront au centre de l'attention ce week-end.

En amont de chaque week-end de Grand Prix, retrouvez l'avis d'expert de Randy Mamola et les différents enjeux qui entourent cette première manche Autrichienne. Voici tout ce qu’il ne faudra pas manquer à Spielberg !

KTM :

On arrive ce week-end sur les terres de KTM et c’est d’ailleurs le tout premier circuit sur lequel leur pilote essayeur Dani Pedrosa et Pol Espargaró (Red Bull KTM Factory Racing) sont allés rouler après la fin du confinement. On peut donc d’ores et déjà s’attendre à ce que la marque Autrichienne possède une longueur d’avance en termes de data récoltés.

À peine quelques jours séparent cette quatrième manche de la première victoire du constructeur par Brad Binder, on imagine facilement l’euphorie qui doit régner au sein du clan KTM. Selon moi, ils doivent une grande part de cette réussite au travail de Pedrosa qui n’a pas boudé ses efforts pour aider à développer une moto capable de convenir à différents pilotes, ce qui est clairement le cas avec Pol Espargaró et Brad Binder du côté des officiels, tout comme avec Miguel Oliveira et Iker Lecuona chez Red Bull KTM Tech 3.

À mon avis, il sera très difficile de tenir KTM à l’écart des podiums cette année !

L’année dernière, c’était Miguel Oliveira qui leur avait offert leur meilleur résultat à Spielberg avec une huitième position à 16 secondes du vainqueur. En 2019, c’était sans doute une très belle performance, mais attendez de voir ce qu’ils seront capables d’accomplir cette saison ! La plus grande inconnue reste finalement : qui de Pol Espargaró - assoiffé de podiums et de victoires, de Brad Binder - nouveau vainqueur en Grand Prix, ou de Miguel Oliveira - que l’on sait excellent sur cette piste, réalisera le meilleur résultat ?

Ducati :

Rappelons que depuis le retour du Red Bull Ring au calendrier en 2016, le tracé Autrichien n’aura vu que des pilotes Ducati monter sur la plus haute marche du podium. À commencer par Andrea Iannone la première année, suivi d’Andrea Dovizioso (Ducati Team) en 2017, ensuite ce fut au tour de Jorge Lorenzo, puis de nouveau à Dovizioso de s’imposer sur le fil face à Marc Márquez (Repsol Honda Team) en 2019.

Seuls trois manufacturiers sont déjà montés sur le podium à Spielberg : Ducati, Honda et Yamaha. On peut donc s’attendre à voir la marque Italienne au rendez-vous ce week-end, toutefois, reste à savoir s’ils parviendront à faire fonctionner la Desmosedici GP20 pour lui permettre de se battre aux avants-postes. À en juger par les résultats de Brno où Jack Miller (Pramac Racing) termine neuvième et Dovizioso 11e, face à un Johann Zarco (Esponsorama Racing) sur le podium au guidon de sa GP19, rien n’est joué. Considérant que ce circuit donne clairement l’avantage à la Ducati, si le constructeur de Bologne ne parvient pas à remporter l’une des deux manches Autrichiennes avec une moto officielle, il va clairement devenir difficile pour eux de jouer le titre cette saison !

Le Red Bull Ring :

Le circuit du Red Bull Ring à Spielberg est situé dans une zone montagneuse qui nous offre l’un des plus beaux paysages du calendrier. En apparences, le tracé peut sembler très simpliste avec à peine 10 virages, dont sept à droite et trois à gauche, mais ne vous y trompez pas ! C’est un circuit avec beaucoup d’accélérations et de gros freinages où vous n’avez pas le droit à l’erreur tant les chronos sont serrés. Comme nous avons pu le voir au cours des précédentes éditions, il est primordial de bien rester dans le groupe de tête, car la victoire se décide souvent dans l’ultime tour de course. Le Red Bull Ring est généralement le théâtre de Grand Prix d’exception où le suspense se joue jusque dans les derniers virages, celui-ci ne devrait donc pas déroger à la règle.

Suzuki :

La saison a commencé difficilement pour Suzuki avec Alex Rins blessé et hors-jeu dès la première course de la saison, ainsi que la chute de Joan Mir en course à Jerez. La semaine suivante on s’attendait à ne pas voir Rins en piste, pourtant non seulement il a pris le départ, mais l’Espagnol s’est même offert le Top 10 malgré sa blessure à l’épaule.

En République Tchèque, on a presque assisté à une résurrection chez Suzuki, avec un Alex Rins toujours convalescent parti 11e et qui termine au pied du podium à la surprise générale.

Du côté de Joan Mir, les résultats sont plus nuancés, mais je pense qu’il a eu beaucoup de malchance depuis le début de saison, notamment la semaine dernière où il s’était qualifié en neuvième position et aurait pu faire une très belle course s’il n’avait pas été emmené par Iker Lecuona lors de sa chute. Tout comme pour Franco Morbidelli (Petronas Yamaha SRT) ou Francesco Bagnaia (Pramac Racing), c’est un pilote au fort potentiel et ce n’est qu’une question de temps avant qu’on puisse le voir briller à son tour.

Alex Rins, Team Suzuki Ecstar, Monster Energy Grand Prix České republiky

De surprise en surprise :

La manche Tchèque était particulièrement exceptionnelle, tout d’abord on a vu un rookie remporter son premier Grand Prix en la personne de Brad Binder, mais également du même coup la première victoire pour un constructeur. Juste derrière lui, Franco Morbidelli s’adjugeait son tout premier podium en catégorie reine à la deuxième place. Sans oublier un pilote que personne n’est prêt d’égaler à ce jour, celui que j’ai envie de surnommer « le sorcier du long-lap », Johann Zarco qui monte sur le podium en dépit d’une pénalité brillamment réalisée.

Mais le plus surprenant c’est la façon dont la hiérarchie a été bouleversée durant ce GP de Brno. Quartararo (Petronas Yamaha SRT) parti deuxième sur la grille franchissait la ligne en septième position, Viñales (Monster Energy Yamaha MotoGP) quant à lui s’était qualifié cinquième et rétrogradait tour après tour pour finir 14e, tandis que son coéquipier Valentino Rossi prenait le départ depuis une lointaine 10e place pour aller terminer cinquième.

C’était une épreuve particulièrement exceptionnelle qui nous a prouvé que la hiérarchie pouvait vite s’inverser !

Les officiels VS. les teams privés :

À l’heure actuelle on a trois Yamaha en tête du Championnat du Monde, avec Fabio Quartararo en leader sur une moto satellite. Son coéquipier Franco Morbidelli se trouve à la troisième place du classement et au milieu on retrouve Maverick Viñales sur une officielle.

De même du côté de chez Ducati, on comptabilise actuellement deux podiums, l’un pour Dovizioso sur la Ducati d’usine et l’autre pour Zarco au guidon d’une GP19 privée. Il va être intéressant de voir dans quelle mesure les manufacturiers vont changer leur fusil d’épaule, pour revenir peut-être à d’anciennes configurations qui fonctionnaient mieux l’année dernière.
Attendons de voir ce qui ressortira de la première manche de Spielberg dimanche, sans oublier que nous aurons deux épreuves coup sur coup sur ce même tracé Autrichien !

Franco Morbidelli, Fabio Quartararo, Petronas Yamaha SRT, myWorld Motorrad Grand Prix von Österreich
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