Grand Prix Lenovo de Saint-Marin et de la Riviera de Rimini… L’appellation de cette épreuve, et le nom du circuit sur lequel cette dernière se déroule, illustrent bien la magie qui opère depuis des années en marge de ce week-end. De grands combats, des tragédies, de l’innovation, un zeste de fierté nationale, mais aussi de l’humour : par où commencer ?
Personnellement, j’ai été envoyé pour la première fois sur place en mars 1976. À l’époque, il n’y avait pas de Tests de pré-saison. Soit vous claquiez votre budget dans un séjour en Floride, soit vous vous rendiez sur ce tout nouveau tracé, car des courses y étaient toujours organisées en amont dans cette région du monde. Son circuit routier du bord de mer était établi au calendrier depuis de nombreuses années, mais comme beaucoup d’autres une tragédie allait définitivement l’écarter du Championnat du Monde. Angelo Bergamonti, qui avait remporté les courses 350 et 500cc pour la grande finale de 1970 au Montjuïc, y trouvera en effet la mort début 1971 dans un rond-point.
J’y ai également eu l’opportunité de dîner deux soirs d’affilée avec Giacomo Agostini et Phil Read à l’Abners hôtel. Seulement voilà : Giacomo décidait le matin-même de ne pas courir en raison du grésil et sans sa star, les organisateurs entreprenait d’annuler l’événement. Mon titre, incluant les mots ‘pathétique Ago’, allait d’ailleurs froisser le principal concerné. Deux semaines plus tard à Modène, ce dernier ne manquait pas de me rappeler que c’était pas forcément une bonne façon de débuter sa carrière de la sorte.
La côte Adriatique a toujours été une terre à Champions, avec ces gamins habitués dès le plus jeune âge à la moto. Il y a eu Marco Simoncelli, qui a donné son nom au circuit. Cet Italien, reconnaissable à sa chevelure et sa grande voix, sera titré en 250cc avant de nous quitter à Sepang. Andrea Dovizioso vient pour sa part de Forli, mais il y a encore plus proche en la personne de Valentino Rossi. Son village de Tavullia est situé à tout juste quelques kilomètres de la piste. Ses triomphes en 2008, 2009 et 2014 auront d’ailleurs été célébrés durant plusieurs jours. Même chose lorsque Casey Stoner faisait briller Ducati en 2007, pour le grand retour du MotoGP™ sur ce tracé, dès lors négocié dans le sens inverse. Et Valentino Rossi est bien déterminé à ce que l’héritage se poursuive avec ces talents issus de son académie.
Pier Francesco Chili fut un autre héros local. Il dirigeait parallèlement un bar / restaurant du bord de mer. Il gagna son seul Grand Prix sur cette piste en 1989. La première course avait été stoppée à cause de la pluie et de nombreux pilotes avaient refusé de repartir, parmi lesquels Eddie Lawson, qui n’hésitait pas à lui faire part de son mécontentement à chaque tour du muret en lui montrant un doigt… non pas pour lui signifier qu’il était premier !
Mais à chaque fois que je vais à Bologne et que j’emprunte l’autoroute jusqu’à Misano, je ne peux pas m’empêcher d’avoir une pensée pour Wayne Rainey, victime d’un terrible accident dans le premier virage en 1993, dont il porte aujourd’hui encore les séquelles et pour Shoya Tomizawa, disparu en 2010 lors de l’épreuve Moto2™.
Bref Misano regorge de souvenirs en tout genre.