Merci Cal, tu m’as sauvé la vie : par Nick Harris !

L’ex-commentateur du MotoGP™ rend hommage au parcours du Britannique, qui disputait sa dernière course comme titulaire.

Je m’étais engagé à être transporté hors de la cabine commentateur dans une caisse en bois si je ne commentais pas la moindre victoire britannique en MotoGP™ avant que je me retire. Mais dieu merci, Cal Crutchlow m’aura permis de ne jamais mettre cette promesse à exécution.

J’ai admiré Cal dès le moment où il est arrivé en MotoGP™, même si j’étais un peu nerveux à chaque fois que je devais l’interviewer. Il voulait juste intégrer les rangs du MotoGP™ alors qu’il aurait pu connaître une carrière riche en succès et lucrative en WorldSBK. Je pense même que Cal a eu des doutes quant au fait d’avoir pris la bonne décision au départ. Mais il s’est accroché et a fini par gagner trois Grands Prix, avant au bout compte d’annoncer la fin de sa carrière en tant que titulaire, puisqu’il rejoindra bientôt le clan Yamaha pour en devenir le pilote essayeur.

Ce 21 août 2016, il pleuvait des cordes quand nous sommes arrivés au circuit. Je n’avais nullement envie de travers le parking pour aller en salle de presse, loin de me douter qu’une malédiction de 35 ans allait prendre fin. J’avais été témoin et célébré cette victoire de Barry Sheene au GP de Suède sur la piste d’Anderstorp. Un circuit bien éloigné de celui de Brno, qui empiétait sur un aérodrome au cœur d’une forêt, envahie par des gangs de motards à chaque week-end de course. Barry remportait cette épreuve de 30 tours sur sa Yamaha devant deux néerlandais : Boet van Dulmen et Jack Middelburg. Je me souviens avoir pris une photo de Barry et de son acolyte Marco Lucchinelli, les têtes dans la même couronne de fleurs. La neuvième place de l’Italien lui avait suffi à empocher le titre pour Suzuki.

Et puis plus rien, malgré tous les efforts de Niall Mackenzie, Jeremy McWilliams ou encore Ron Haslam, la Grande-Bretagne n’allait plus inscrire la moindre victoire… Barry Sheene s’est éteint il y a 13 ans et je commençais à croire très honnêtement qu’il n’y aurait pas de suite, jusqu’à l’arrivée de Cal.

Cette journée pluvieuse en République tchèque avait si bien commencé : John McPhee décrochait son premier triomphe en Moto3™. Les pilotes du MotoGP™ profitaient quant à eux d’une accalmie, ceci étant la piste restait relativement humide. À la fin du premier tour, Cal pointait au 15e rang. Mais au fur et à mesure une trajectoire sèche finissait par se dessiner et il se frayait un passage au travers du peloton. Je ne réalisais pas ce qui était en train de se produire sous mes yeux. Ce qu’est qu’à partir du 12e tour que j’ai compris, qu’on allait peut-être vivre un moment historique. Il venait alors de s’emparer de la quatrième place. J’étais tellement excité à l’idée d’y assister et d’un autre côté, je commençais sérieusement à paniquer car je n’avais rien de préparer, pas la moindre statistique. Du coup je me contentais de commenter. Quatre boucles plus tard, il s’installait en tête pour distancer Valentino Rossi et Marc Márquez. Sur la fin, je ne voulais même plus regarder, je reconnais que ce n’est pas très professionnel. Quand Cal est arrivé au sommet de la colline, j’ai prié pour qu’il ne commette aucune erreur dans l’ultime chicane. Fort heureusement, tout s’est passé à la perfection. Il était presque plus détendu que moi lors de la conférence de presse organisée dans la foulée. Et deux mois plus tard, Cal remettait ça à Phillip Island : Barry Sheene aurait adoré !

Merci beaucoup Cal et bonne chance pour ton nouveau challenge chez Yamaha.

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