Carolina Micó fut une des premières femmes à travailler dans le paddock. Alors en cette journée du 8 mars, nos équipes éditoriales ont décidé de mettre à l’honneur son parcours en Championnat du Monde MotoGP™ ; discipline qu’elle rejoignit à l’aube des années 2000 pour ensuite devenir la responsable du bureau de Carmelo Ezpeleta. Nous souhaiterions d’ailleurs la remercier d’avoir contribué à rendre ce paddock plus accessible aux femmes.
« Quand j’ai commencé à assister aux Grands Prix, je me suis rendue compte que c’était un monde principalement d’hommes. Il y avait une vingtaine de femmes tout au plus. On se connaissait toutes, on allait même parfois jusqu’à organiser des repas ensemble, se souvient-elle. Je n’aurais jamais imaginé y voir autant de femmes, à des postes aussi divers que variés quelques années plus tard ! »
Carolina travaille à vrai dire auprès d’une personnalité des plus connues et respectées en sports mécaniques : Carmelo Ezpeleta. « Quand nous sommes à Madrid, le travail est forcément distinct de celui qu’on a sur les week-ends de courses. D’ordinaire, je me rends chaque jour au bureau. Toutefois depuis la pandémie, j’y vais uniquement quand c’est nécessaire. Je peux ainsi me consacrer à mes proches et à mes hobbies en fin de journée. Sur un Grand Prix, le rythme est en revanche plus accentué et intense. Toutes les réunions ont lieu dans la même salle, mais ce n’est pas pour autant qu’on se voit beaucoup. Nos journées débutent à 8h et ne se terminent jamais avant 20h. Une fois revenus à l’hôtel, on dîne généralement avec la même équipe, tout en se racontant quelques anecdotes du jour. Malgré ça, le téléphone peut sonner à n’importe quel moment, » fait-elle remarquer.
Carolina souligne par ailleurs l’importance de prêter attention au moindre détail quand on travaille avec une personne qui occupe des fonctions aussi importantes, comme c’est le cas avec le PDG de Dorna Sports : « On doit tenir compte de tous les aspects, évaluer chaque détail et les possibles erreurs qui pourraient en découler pour justement les prévenir, explique-t-elle. À mon niveau, c’est important de ne pas commettre de fautes, d’autant plus que des imprévus peuvent surgir à tout moment. Autrement dit, je me dois d’être très attentive, pour qu’elles ne se produisent pas. Sinon quoi les conséquences pourraient être considérables. »
Mais au bout du compte, il y a aussi des récompenses, ce qui la pousse chaque jour à s’améliorer : « Qu’on me félicite pour mon travail me procure toujours une grande satisfaction et suscite en moi le désir de faire encore mieux à l’avenir, s’exclame-t-elle. Carmelo est une personne passionnée par son travail, il le vit avec beaucoup d’intensité. Alors logiquement, il est assez exigeant ; ce qui suppose un apprentissage permanent à ses côtés. »
Ceci étant, en dehors du fait que ce métier requiert du sérieux et une concentration maximale H24, ce dernier comporte aussi quelques privilèges… « Ces dernières années, j’ai eu l’opportunité de rencontrer tout un tas de personnes, du monde politique, du sport ou encore de la culture : des personnes que je n’aurais probablement jamais eu la chance de connaître si j’avais exercé une autre profession, » reconnaît-elle.
Il faut dire que ce Championnat du Monde MotoGP™ est un milieu qui offre de grandes perspectives, mais qui vous confronte aussi à de sacrés défis chaque saison : « On passe pas mal de temps loin des siens et ce n’est pas toujours facile à gérer moralement, même si une seconde famille s’est en quelque sorte formée avec les années, avoue-t-elle. Cependant, en y réfléchissant bien c’est un travail qui procure beaucoup d’adrénaline. Vous vivez des expériences auxquelles vous ne seriez jamais exposé dans un autre milieu. Et c’est toujours agréable de pouvoir les partager avec ses proches en rentrant chez soi. »
En 23 ans de bons et loyaux services chez Dorna Sports, Carolina identifie en tout cas deux caractéristiques, qui l’ont accompagnée tout au long de ce voyage professionnel : « Avant d’occuper ce poste, j’ai connu de nombreuses expériences et quand ce que je désirais n’arrivait pas aussi rapidement, je me disais ‘Ok, si ce n’est pas aujourd’hui, ça sera demain’, ou ‘si je ne réussis pas là, j’essaierai dans un autre département’. La passion et la détermination font toute la différence dans ce travail. Il ne faut jamais abandonner, » déclare-t-elle.
Enfant, Carolina – originaire d’Ontinyent (Valence) - rêvait de devenir enseignante. Mais en grandissant, elle éprouvait le besoin d’apprendre de nouvelles langues pour s’ouvrir au monde extérieur. Du coup, au lieu de prendre place devant un tableau à partager ses connaissances avec des élèves, elle se retrouvait à transiter d’aéroport en aéroport.
En fait, son futur allait commencer à se dessiner une fois sortie du lycée. Après avoir étudié la publicité et les relations publiques, elle s’envolait pour Paris pour perfectionner son français à l’Alliance Française, tout en travaillant au pair. Elle revenait ensuite quelques mois au pays, où elle exerçait comme agent administratif jusqu’à son second voyage, cette fois aux États-Unis. À son retour, elle n’avait plus aucun doute sur le fait qu’elle voulait habiter soit dans une grande ville comme Madrid ou Barcelone, soit partir définitivement d’Espagne.
« En rentrant à Ontinyent, j’ai commencé à envoyer des CV à plusieurs agences, raconte-t-elle. Et une dizaine de jours plus tard, alors que j’étais chez mon frère à Madrid, j’ai reçu un coup de fil d’une entreprise du nom de Dorna Sports pour y travailler comme réceptionniste. » En novembre 1998, Dorna Sports n’était alors qu’une jeune société, qui possédait les droits du Championnat du Monde MotoGP™ depuis 1992. Finalement moins d’un an plus tard, l’opportunité se présentait à elle de quitter la réception pour un autre département : « Cette offre m’a été faite par le directeur des événements de l’époque, indique-t-elle. Il m’a annoncé que j’allais commencer à voyager avec eux. Puis courant 2000, Carmelo Ezpeleta me proposait de le suivre davantage dans ses activités, ce qui me conduisait progressivement à délaisser le reste. »
Carolina garde particulièrement en mémoire ce premier Grand Prix auquel elle participait. C’était en 2000, avec l’Afrique du Sud en toile de fond : « Le promoteur de cette épreuve nous avait invités à une excursion dans sa propriété, qui s’est transformée en un véritable safari, » commente-t-elle. Et à partir de ce moment-là, ce fut une succession de découvertes. « Je crois que ce travail a commencé à me plaire, révèle-t-elle. Être au contact de personnes venues de tous les horizons provoquent d’amusants chocs culturels, qui rendent chaque voyage inoubliable, se familiariser avec des cultures aussi fascinante que le Japon ou attrayante que l’Australie… »
Pouvoir visiter des pays aussi lointains lui a par ailleurs permis de découvrir de nouvelles saveurs, coutumes, mais aussi de nouvelles couleurs : « J’adore Phillip Island, c’est un tracé qui me plaît beaucoup car il est situé à proximité de la mer et l’atmosphère y est unique. Sa localisation, la lumière et l’air qu’on y respire rendent cet endroit vraiment spécial à mes yeux, » confesse-t-elle.
Le MotoGP™ constitue un challenge pas seulement pour les pilotes, mais pour toutes les personnes qui contribuent à la création d’un de ces Championnats avec le plus de répercussions à l’échelle mondiale. Et faire partie de ce puzzle est indubitablement quelque chose de magique selon elle. « On n’a qu’une vie. C’est un travail plaisant, rapide et qui demande de la précision car tout peut très vite changer, mais je pense que ça vaut la peine d’appartenir à cette caravane, affirme-t-elle. Vivre ce sport de haut niveau de l’intérieur, être aussi près des pilotes, des équipes, des sponsors et de vos collègues de boulot, est un enrichissement à votre vite professionnelle. Pour moi, le moment le plus excitant du week-end, c’est le dimanche quand les pilotes sont enfin réunis sur la grille. Le rugissement des moteurs, la chaleur de l’asphalte et cette tension avant que les feux ne s’éteignent, c’est juste unique ! »
À ce propos, Carolina sera de nouveau très prochainement sur les circuits pour le coup d’envoi de cette saison 2021 au Qatar.