Le syndrome des loges, un trouble fréquent chez les pilotes

motogp.com passe en revue les pilotes qui en ont été victimes ces dernières années, tout en expliquant la pathologie.

Le syndrome des loges est le trouble le plus commun chez les pilotes. Le week-end dernier, Fabio Quartararo (Monster Energy Yamaha MotoGP) en a fait l’amère expérience, lorsque n’ayant plus de force dans le bras, il baissait soudainement son rythme, tout en disant adieu à cette victoire qui lui était pourtant promise. C’est la deuxième fois en trois ans que le Niçois est obligé de subir une intervention de ce genre.

Fabio Quartararo, Monster Energy Yamaha MotoGP

Concrètement, cette pathologie – également connue sous le nom de syndrome compartimental – correspond à une affection musculaire et nerveuse découlant d’un exercice répétitif qui provoque douleurs, gonflements et une incapacité dans les muscles des jambes et des bras. Tout le monde peut la développer, mais les sportifs de haut niveau et plus particulièrement les pilotes, en font souvent les frais.

La pratique d’un exercice fait à vrai dire gonfler vos muscles et dans le cas des pilotes, les avant-bras sont particulièrement sollicités, par exemple au freinage. Il arrive alors que le tissu qui entoure le muscle, en l’occurrence le fascia, ne se dilate pas correctement, engendrant pression et douleur.

Interrogé sur le fait que certains pilotes soient visiblement moins enclin à ce genre de blessure, comme dans le cas de Valentino Rossi (Petronas Yamaha SRT), Fabio Quartararo ne savait que répondre. « Honnêtement, l’an passé ça m’avait gêné, alors que cette fois, tout était parfait. À l’inverse, je n’ai jamais eu le moindre handicap sur ce tracé de Jerez et soudainement là, j’ai été pris une violente douleur, expliquait-il. Je peux vous assurer que j’ai serré les dents… J’ai essayé de tenir, mais c’était juste impossible. Ça devenait limite dangereux, même si je tenais à terminer, histoire d’empocher quelque précieux points. »

« Je ne sais pas pourquoi, reprenait-il. Comme je l’ai dit, je n’avais eu aucun souci à ce sujet en 2020, je n’avais aucun mal à couvrir 25 tours, alors que là j’étais obligé de freiner non pas avec un doigt mais quatre. Je n’arrivais pas à tourner la poignée de gaz. Pourtant, je n’ai rien changé à ma préparation physique. Au contraire, je me sens beaucoup plus à l’aise. »

Et trois semaines plus tôt, le vainqueur du GP d’Espagne Jack Miller avait dû lui-même passer sur le billard exactement pour les mêmes raisons… « Les examens étaient sans appel : mon bras droit était beaucoup trop compressé. Du coup, je me suis fait opérer en revenant du Qatar et mercredi j’étais déjà sorti, » soulignait-il. Dans sa chute à Portimão, sa plaie se sera réouverte. Ceci étant, aucun souci n’était cette fois à déplorer.

Iker Lecuona (Tech3 KTM Factory Racing) se sera également fait opérer entre les Grands Prix de Doha et du Portugal.

Le Champion du Monde Joan Mir (Team Suzuki Ecstar), s’estimait quant à lui relativement épargné. « J’ai parfois ressenti cette douleur. En fait, ça dépend des tracés. Ici à Jerez, c’est peut-être un peu plus compliqué avec toutes ces accélérations et ces freinages, il faut savoir se ménager. Mais je ne suis pas forcément le mieux placé pour parler, » reconnaissait-il.

Aleix Espargaró (Aprilia Racing Team Gresini) a lui aussi été touché par ce syndrome et devrait d’ailleurs être le quatrième pilote à s’opérer après Le Mans. « Les derniers tours ont été particulièrement pénibles. Mon bras droit m’empêchait de freiner correctement, avouait-il. Je ne pense pas que ça vienne du tracé en lui-même. Je pense en fait que ces motos sont toujours plus puissantes et que nous ne sommes pas des robots, nous sommes humains. Après je ne sais pas comment il serait possible d’éviter ça. J’adore le fitness, j’adore m’entraîner, tester de nouvelles choses, qui me permettraient d’être davantage en forme. »

« Je me suis fait opérer il y a plus de dix ans, mais il va peut-être falloir que j’y repasse. Je vais voir mon médecin ce qu’il en dit, car ce n’est pas normal, je n’avais jamais autant souffert à Jerez, ajoutait-il. Oui nous avons enchaîné pas mal de jours au Qatar et puis Portimão était un tracé particulièrement exigeant. Sans compter que la course était beaucoup plus rapide comparé à celle de l’an passé. Je crois qu’on a du mal à réaliser à quel point ces brusques accélérations peuvent être difficile à encaisser. »

Toutefois, pas question pour autant d’évoquer la moindre limite du corps humain. « Je n’aime pas cette théorie, répondait-il. Avec tous les moyens dont on dispose à l’heure actuelle, il doit bien avoir un moyen de s’entraîner différemment, de changer sa position, j’en sais rien. Mais c’est quelque chose qui m’intéresse, car en dix ans je n’avais jamais réellement senti concerné. C’est tout nouveau pour moi. Je ne suis pas inquiet pour Le Mans, mais davantage pour le Mugello, car c’est peut-être la pire piste en la matière. Voyons donc comment il serait possible d’y remédier d’ici-là. »

Jamais réellement exposé, Maverick Viñales (Monster Energy Yamaha MotoGP) avait également son mot à dire. « Je n’ai jamais eu de soucis par rapport à ça, quelle que soit la catégorie, donc je ne sais pas d’où ça vient, affirmait-il. Certes, il y a des circuits qui sollicitent davantage vos avant-bras, comme Jerez, Assen ou le Mugello. »

Miguel Oliveira (Red Bull KTM Factory Racing) a pareillement eu des lésions de ce type en 2016, pour sa première année en Moto2™. « Je ne pouvais pas piloter comme je le voulais. C’est comme si j’étais spectateur de ma propre course, déclarait-il. Et à partir du moment où j’ai été opéré, ça m’a totalement changé la vie. Ça me limitait dans certains mouvements. Néanmoins, je ne sais pas s’il y a une façon de prévenir ça. Je pense que ça dépend aussi des personnes. Mais c’est vrai que ça devient assez fréquent avec ces motos toujours plus rapides, ça nous oblige à freiner plus fort. »

Cal Crutchlow – souvent en proie à ce problème durant sa carrière - avait dû subir une opération plus sérieuse l’an passé, qui consistait à retirer carrément une bonne partie du fascia. Le n°35 nous avait d’ailleurs gratifier de quelques photos sur Instagram… Âmes sensibles s'abstenir !

Avant lui, Dani Pedrosa avait subi le même sort en 2015. Le Catalan avait mis six semaines pour s’en remettre. « L’opération, qui avait duré près de deux heures, avait été assez délicate et radicale, commentait le Docteur Angel Villamor. En ayant recours à la microchirurgie et à des loupes microscopiques, on s’était aperçus que le muscle fascia était totalement hypertrophié. Il fallait l’ouvrir et l’enlever, car cette augmentation de volume créait une privation d’oxygène au niveau du bras et donc une atroce douleur. »

Fort heureusement, ni Jack Miller, ni Fabio Quartararo n’aura dû subir ce type de chirurgie et le Français devrait être de retour à 100% de ses capacités pour son épreuve nationale, prévue dans deux semaines au Mans. Mais on constatera tout de même que certains ont plus ou moins de chance à ce niveau…

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