Par un doux matin de juin 1949, 100 pilotes, équipés de cuir, de casque et de lunettes de protection, se préparaient à rentrer dans l’histoire, sur ce rocher de granit géant, situé entre les côtes accidentées de l’Angleterre et de l’Irlande du Nord.
Ils étaient sur le point de disputer la toute première course de l’histoire en Championnat du Monde… Le grondement puis le rugissement du monocylindre 350cc alors que les pilotes s’alignaient sur la route de Glencrutchery. Ces derniers devaient parcourir sept tours du circuit sans doute le plus exigeant au monde, avec ses 60.721 kms ; soit un total de 425 kms à couvrir depuis 1909. Quand le gouvernement britannique a imposé une vitesse maximale de 32 km/h sur toutes les routes, les autorités locales ont réalisé que fermer leurs routes pourraient avoir des conséquences impactantes et ils avaient raison car aujourd’hui encore, les course de l’Île de Man demeurent. Il n’y aura pas pu avoir de meilleur endroit pour lancer ce Championnat, une saison avant que la F1 ne débute à Silverstone en 1950.
La deuxième Guerre Mondiale s’était terminée quatre ans plus tôt et à l’époque six épreuves figuraient au calendrier, toutes organisées en Europe : Berne (Suisse), Assen (Pays-Bas), Spa-Francorchamps (Belgique), Ulster (Irlande du Nord) et Monza (Italie) et donc l’Île de Man. Cinq catégories s’y affronteront : les 125cc, 250cc, 350cc, 500cc et les side-cars.
Cette nouvelle grille ressemblait beaucoup à celle de la fin des années 30, tant sur le plan humain que technique. La principale différence venait de l’interdiction des moteurs suralimentés et des machines de construction allemande.
Et cette première course de 350cc allait à elle seule illustrer ce qui nous attendra ces 72 prochaines années, à savoir de l’émotion et de l’habileté à l’état pur, des déceptions et des coups de théâtre. L’ancien pilote de bombardier Les Graham, qui fuit d’ailleurs décoré pour sa bravoure en 1944, menait avec une avance de 19 secondes à la fin du premier tour, mais un problème d’embrayage survenu dans la foulée, mettait prématurément un terme à sa course. L’AJS de Bill Doran héritait ainsi des commandes, ou du moins provisoirement, puisque sa boite de vitesses le lâchait dans l’ultime boucle dans la section montagneuse. Ignorant tout de ses déboires, Freddie Frith signait le meilleur temps pour remporter une victoire historique. Ernie Lyons offrait à Velocette un doublé devant un autre pilote d’Ulster Artie Bell (Norton).
Les Graham sera à vrai dire poursuivi par la malchance puisque quatre jours plus tard, lors de la course 500cc, une panne se produisait sur son AJS à trois kms du but. Il dû pousser sa moto jusqu’à la ligne pour rallier l’arrivée en dixième position ; des efforts qui seront récompensés dans la mesure où il sera sacré en fin d’année dans cette même catégorie.
On se souviendra également de ce triste accident connu par Ben Drinkwater qui lui coûtait la vie.
Mais s’il y a bien une chose qui a changé ce sont les constructeurs, qui à l’époque étaient tous anglais, ce qui n’est plus le cas à l’heure actuelle.