Continuer de faire vivre le rêve américain, par Nick Harris

L’ex-commentateur du MotoGP™ se remémore quelques anecdotes que ça soit à Austin, à Indianapolis ou à Laguna Seca.

Je n’oublierai jamais quand ces amis d’Eddie Lawson m’ont demandé autour d’une bière comment il gagnait exactement sa vie. Ils savaient qu’il faisait de la moto, mais rien de plus. Et dire qu’à cette époque Eddie était déjà triple Champion du Monde 500cc ! Je m’étais d’ailleurs rendu sur ses terres en 1989 pour préparer cette présentation marquant son onéreux transfert vers Honda. En Europe, il était une véritable icône du sport. À l’inverse, le fait d’être totalement anonyme chez lui, situation qui certes lui convenait, montrait à quel il était difficile de convaincre le public américain de tous ces exploits accomplis par leurs compatriotes hors États-Unis. Le retour des Grands Prix dans ce pays a quelque peu aidé à rectifier le tir, même si ce constat a toujours été de mise.

Dans les années 60, Daytona avait bien accueilli quelques courses. Ceci étant, c’est véritablement à Laguna Seca que le Grand Prix des États-Unis s’est établi. Comment ne pas adorer cette destination, située dans la péninsule de Monterrey, qui s’avance vers l’Océan Pacifique ? Si parfois le brouillard s’engouffrait dans les collines, la plupart du temps un grand soleil brillait au-dessus de ce circuit… Et puis il y avait le Corkscrew. Des pilotes comme Kenny Roberts nous en faisaient tout un tas d’éloges. Alors à ma première venue sur ce circuit en 1988, j’ai immédiatement été voir à quoi ressemblait ce virage et je dois admettre qu’il avait raison. Cette section était certainement la plus iconique ; cette passe d’armes opposant Valentino Rossi à Casey Stoner en 2008 allait en attester. Je revois encore ‘Il Dottore’ forcer le passage à l’intérieur, tout en mordant la poussière, pour obliger l’Australien à écarter.

Incroyablement, cette même année, il y avait une autre épreuve organisée aux États-Unis, plus exactement à Indianapolis. La nouvelle piste avait ouvert ses portes en 1909 avec sept courses motos et 99 ans plus tard, le Championnat du Monde la foulait pour la première fois. Certes, le tracé de 4.216 km, qui empruntait seulement une partie de cet ovale, n’avait rien excitant à mes yeux. Mais le simple fait d’être là, au milieu de cette arène de 250 000 personnes, avec ce fameux ‘brickyard’ formant la ligne de départ et d’arrivée, était suffisant. Je pouvais sentir l’odeur de l’essence, des pneus et imaginer la clameur du public et les commentaires du speaker…

Au cours de ma carrière, j’ai fait quelques gaffes, néanmoins celle que mes amis me rappellent sans cesse est bien celle d’Indianapolis 2008. La course MotoGP™ avait été stoppée à cause d’un ouragan. Résultat, j’ai dû meubler l’antenne. Je me souviens : des panneaux publicitaires s’envolaient de partout et alors qu’une banderole traversait justement la pitlane, j’ai quand même sorti qu’un cheval était en train de galoper… Un moment que je ne suis pas prêt d’oublier.

À Austin en 2013, ce n’est pas un cheval qui a retardé la première séance cette fois, mais bel et bien un chien errant. Au moins cette fois, j’avais le bon animal. Aussi étonnant que ça puisse paraître, il y avait alors trois manches aux États-Unis, avec Laguna Seca et Indianapolis. Ce tracé faisait office de véritable test pour les pilotes, notamment avec sa montée. Sans compter cette ville qui avait la réputation d’être la meilleure salle de concert au monde. Assez dit, Austin est toujours un endroit aussi agréable.

Et aujourd’hui, cette métropole constitue la seule étape américaine du calendrier : une course qu’il est précieuse de conserver pour garder intact cet héritage et ce rêve américain.

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