Comment gérer l'attente d'un éventuel titre? par Nick Harris

Nick Harris, ex-commentateur du MotoGP™, se souvient de ces fins de saison en 1978 et 1983.

Fabio Quartararo découvre que l'attente est le pire moment. Si près du but, mais avec un écart de trois semaines entre les deux courses. D’ici son arrivée en Adriatique à la fin du mois, le Français aura revu un million de fois sa stratégie.

Le deuxième Grand Prix à Misano offre au pilote du team Monster Energy Yamaha sa première balle de match, mais avec deux autres rendez-vous dans la foulée, il devra peut-être faire preuve d'encore plus de patience. Alors, que fait-il pendant ces 21 jours ?

Il veut très probablement faire du motocross ou du dirt track histoire rester en forme, mais il risque de se blesser. Bien sûr, il va se maintenir en forme, tout en essayant de se détendre en même temps. Il n'est pas le premier potentiel Champion du Monde à vivre une telle situation. Ils ont géré cette inactivité de manières très différentes.

Barry Sheene et Freddie Spencer étaient deux personnages diamétralement opposés jusqu'à ce qu'ils enfourchent une machine deux temps 500 cc. Leur approche d'une dernière épreuve vitale en est la parfaite illustration, avec des résultats bien distincts.

La plus longue attente ces dernières décennies fut de 28 jours en 1983. Freddie Spencer avait remporté l'avant-dernière manche à Anderstorp dans une lutte controversée avec son rival Kenny Roberts. À deux virages de l'arrivée, Freddie Spencer, sur sa Honda NS500, heurte la Yamaha de Kenny Roberts. Les deux pilotes font une excursion dans l’herbe, mais Freddie Spencer réagit plus vite à l'intérieur et décroche la victoire ; ce qui mit Kenny Roberts hors de lui. Le jeune prodige, qui courait après sa première couronne, prenait alors cinq points d’avance au classement général. Les deux hommes rentrèrent aux États-Unis et eurent tout le loisir de réfléchir à ce qu’il s’était passé en Suède, avec des points de vue bien sûr divergents. Ils se détendirent accompagnés de leur famille et leurs amis, jouèrent au golf et firent du ski nautique, tout en sachant que Freddie Spencer pouvait terminer deuxième derrière Kenny Roberts pour être sacré lors de la dernière manche de l'année à Imola. Yamaha fit appel au Champion du Monde 250cc Carlos Lavado pour aider Kenny Roberts. Lequel usa de tous les stratagèmes pour déstabiliser son rival. En vain, malgré sa victoire, Freddie Spencer réalisa une course tout en contrôle pour empocher le titre.

Comme on peut s'y attendre, l'approche de Barry Sheene face à la menace Kenny Roberts fut radicalement différente. En 1978, Barry Sheene savait que le Championnat risquerait de se jouer sur la dernière manche du Nürburgring et espérait en sceller le sort bien avant. Ni Kenny Roberts ni Barry Sheene n'avait piloté de 500cc sur ce tracé légendaire mais vieillissant. Kenny Roberts le découvrit avec une Yamaha Road Bike et Barry Sheene avec une Rolls Royce Silver Shadow flambant neuve, super luxueuse et très chère.

Barry Sheene et son complice Steve Parris avaient réussi à convaincre Rolls Royce de leur prêter une Silver Shadow entre les Grands Prix des Pays-Bas et de Belgique, histoire de se familiariser avec ce circuit durant deux jours. Mais cette voiture était totalement inadaptée à cet exercice certes fantastique, d’ailleurs ils l’ont rendue dans un tout autre état. Au bout du compte, Kenny Roberts remportait le premier de ses trois titres mondiaux. L'Américain finissait troisième d’une course remportée par Virginio Ferrari, où Barry Sheene prit la quatrième place. Tout ce temps passé en Rolls Royce n'aura donc pas été payant et autant vous dire que la voiture n'a certainement pas été vendue.

Alors fais ton choix Fabio : Rolls Royce ou relax !

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