Aux origines de la domination espagnole en MotoGP™

Nick Harris, ex-commentateur du MotoGP™, se souvient de ce titre obtenu en 500cc par Alex Crivillé, qui a ouvert la voie à ses compatriotes.

On ne sait pas encore qui de Fabio Quartararo (Monster Energy Yamaha MotoGP) ou de Francesco Bagnaia (Ducati Lenovo Team) sera sacré cette saison mais une chose est sûre, une domination record prendra fin. C'est Joan Mir (Team Suzuki Ecstar) qui avait établi ce record la saison passée en devenant le neuvième Champion du Monde espagnol d’affilée en catégorie reine ; un exploit jamais égalé par d'autres pays dans l'histoire de ce sport. Même de très grands pilotes tels que Giacomo Agostini, Mike Hailwood, Kenny Roberts et Mick Doohan ne sont pas parvenus à établir une telle série pour leur pays, bien qu'ils s'en soient approchés.

Cette dernière a commencé en 2012, lorsque Jorge Lorenzo a décroché sa deuxième couronne mondiale. Marc Márquez (Repsol Honda Team) empochait les deux suivantes, avant que Jorge Lorenzo ne soit auréolé pour une troisième et dernière fois en 2015, au milieu de la polémique Rossi/Márquez. Le légendaire n°93 retrouvait dans la foulée son trône jusqu’en 2020, année de la consécration pour Joan Mir. Une prouesse d’autant plus impressionnante quand on sait le temps qu'il a fallu aux pilotes ibériques pour briller à ce niveau.

En 1992, Alex Crivillé est devenu le premier vainqueur espagnol en 500cc au Dutch TT d'Assen. Ses compatriotes, qui s’étaient distingués dans les catégories inférieures, avaient jusqu'alors peiné parmi l'élite. La victoire d'Alex Crivillé ouvrira la voie à d’autres concurrents comme Alberto Puig ou Carlos Checa.

Au cours des 33 années précédentes, de célèbres Champions du Monde avaient tenté de se distinguer, mais sans grand succès. Le regretté Angel Nieto a ravi 13 titres mondiaux et 90 succès en 50, 80 et 125cc. Il était tellement prometteur que le roi d'Espagne en personne aurait persuadé Honda de lui prêter l'une des NS500 propriété de Marco Lucchinelli pour le Grand Prix d'Espagne 1982 à Jarama. Cela n'a pas payé et Angel Nieto est ensuite redescendu dans les catégories inférieures pour dominer les débats.

Sito Pons, qui a survolé la 250cc en 1988 et 1989, effectuait son grand retour en 500cc où il avait terminé 13e en 1985. En 1990, il ne faisait toutefois pas mieux que dixième de ce Championnat, avec deux cinquième places.

L'Espagne devra attendre sept ans après la victoire historique d'Alex Crivillé, pour inscrire sa première couronne mondiale dans la cour des grands. Fort logiquement, c'est ce même Alex Crivillé qui sera sacré Champion en 1999 à Rio. Il aurait pu l'être plus tôt. Néanmoins, son coéquipier chez Honda, un certain Mick Doohan, s’était accaparé le monopole durant cinq saisons. Lequel finalement contraint de prendre sa retraite en raison d'une blessure.

Sans surprise, c'est l'Italie et Giacomo Agostini qui sont les plus proches du record espagnol. Le transalpin s’est adjugé sept titres successifs en 500cc entre 1966 et 1972. Les États-Unis, grâce au talent d'Eddie Lawson, Wayne Rainey et Kevin Schwantz, en ont remportés six de 1988 à 1993, tandis que Doohan en a offerts cinq à l'Australie entre 1994 et 1998. Le Britannique Mike Hailwood a pour sa part occupé le trône de 1962 à 1965.

Le Championnat du Monde a drastiquement changé au cours des trois dernières décennies. Jorge Lorenzo, Marc Márquez et Joan Mir ont progressivement gravi les échelons, avant de rayonner en MotoGP™.  Malheureusement pour eux, il n'y aura pas de dixième titre consécutif espagnol cette saison. Cependant, avec le retour de Marc Márquez sur la plus haute marche du podium, les débuts impressionnants de Jorge Martin (Pramac Racing), le regain de forme de Joan Mir et de son coéquipier Alex Rins (Team Suzuki Ecstar) ainsi que l'arrivée de Raúl Fernández (Red Bull KTM Ajo) en provenance du Moto2™, l'Espagne a toutes ses chances de retrouver son rang en 2022.

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