Trois Grands Prix en 15 jours, par Nick Harris

L'ancien commentateur du MotoGP™ nous raconte l'enchaînement Assen-Spa de l'époque, qui mettait les organismes à rude épreuve

Je n'ai jamais eu besoin de consulter le calendrier. Le dernier samedi de juin, c'était Assen, suivi de Spa huit jours plus tard. Le jeudi soir à Assen donnait le coup d'envoi de 10 jours de chaos total et de batailles passionnantes. Courses automobiles, horaires à respecter, ferries de nuit, vols dans des vieux avions, frites recouvertes de mayonnaise, bière fraîche en abondance et stationnement planifié : tout était mis en œuvre pour garantir la tenue de deux Grands Prix consécutifs sur des sites européens mythiques qui, d'une manière ou d'une autre, ont produit des textes et des photos dans les pages de nos magazines respectifs.

Le plaisir et les jeux commençaient sur le ferry de nuit entre l'Angleterre et les Pays-Bas. Je me souviens que Wayne Gardner avait dû se rendre au centre médical d'Assen pour une élongation du bras. Il a dit au médecin qu'il souffrait d'un syndrome des loges, alors qu'en réalité sa blessure venait d'un bras de fer disputé tard dans la nuit au milieu de la Manche. Le jeudi soir à Assen, le rythme s'accélérait. Après un après-midi complet consacré aux essais des six catégories du Grand Prix, le circuit néerlandais accueillait les courses de Formule 1 et Formule 2. C'était l'époque des Championnats dominés par des pilotes britanniques et surtout irlandais, comme les grands Joey Dunlop et Brian Reid. Après la remise des prix, c'était l'heure des célébrations ou de la commisération, qui commençaient généralement à Assen et se terminaient souvent à Groningue, avec également les sidecaristes, toujours prêts à faire la fête.

La course d'Assen se déroulait toujours le samedi puisqu'à l'époque, on ne voulait pas affecter la fréquentation des églises locales. Se garer tôt le matin de la course était un élément crucial du plan. À la fin du dernier affrontement, il fallait quitter Assen et prendre la route avec un sac rempli de films et de photocopies des résultats des Grands Prix 50cc, 125cc, 250cc, 350cc, 500cc et side-car, en route vers Hoek van Holland et le ferry de nuit pour l'Angleterre. Ce voyage de 250 km était notre propre Grand Prix et les délais étaient serrés. Les commissaires de la FIM auraient été très occupés. De retour en Angleterre le dimanche matin, il fallait se rendre au bureau, rédiger 2 000 mots, taper les résultats, faire développer les films, puis dormir.

Deux jours plus tard, on était prêts à recommencer le processus sur le magnifique circuit de Spa Francorchamps, creusé dans la forêt des Ardennes belges. Pour ce trajet, on avait plutôt l'habitude de survoler la Manche. Une fois, on a bénéficié d'un vol gratuit à bord d'un ancien avion de ligne Viscount utilisé par un certain Richard Branson pour créer une nouvelle compagnie aérienne. Dieu merci, il n'y avait pas de Formule 1 ou 2, mais tout autant de plaisir et de jeux. Une course le dimanche signifiait des délais plus serrés. Nous devions partir encore plus tôt pour prendre le vol retour. Je me souviens qu'un sac de films a été jeté sur la piste pendant la course de side-cars depuis l'intérieur de l'épingle de La Source afin que nous puissions partir avant qu'il y ait des bouchons.

Assen et Spa, l'enchaînement de courses le plus mémorable de la saison... Enfin pas tout à fait. Tous ceux qui ont eu la chance, même si je n'ai pas utilisé ces mots à l'époque, d'embarquer sur le ferry de nuit entre la Finlande et la Suède après les Grands Prix disputés là-bas, seraient d'accord. Était-ce le soulagement de quitter Imatra en vie ou l'inquiétude de partir d'Anderstorp avec la perspective d'une course sur les voies ferrées d'Imatra ? Était-ce le fait qu'il ne faisait jamais vraiment nuit alors que le bateau se frayait un chemin à travers des centaines de petites îles ? Peut-être un mélange des deux, mais les blondes scandinaves fêtardes, la musique à fond et la bière ont clairement joué un rôle.

Les pilotes, les équipes et les médias viennent d'enchaîner trois Grands Prix consécutifs en l'espace de 15 jours. À l'époque, je ne pense pas que mon cerveau, mon corps ou mon foie auraient pu supporter cette pression. Profitez de la pause estivale, vous l'avez bien méritée.

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