Pour les connaisseurs, c'était à peine croyable en faisant défiler la feuille des temps de la Tissot Sprint au GP d'Allemagne. Jorge Martín (Prima Pramac Racing) premier, le Champion du Monde Francesco Bagnaia (Ducati Lenovo Team) deuxième, Jack Miller (Red Bull KTM Factory Racing) troisième... Marc Márquez (Repsol Honda Team) 11e !?
Le fait que la star de Repsol Honda se soit classée si bas sur un circuit où il a régné pendant plus d'une décennie est un fait plus qu'inhabituel. Depuis 2009, alors qu'il en était à sa deuxième année dans la catégorie 125cc, l'Espagnol n'avait jamais été battu au Sachsenring. Après cela, il a enchaîné 11 victoires consécutives, dont sept en catégorie reine. Malheureusement, cette série a pris fin en 2023, le natif de Cervera s'étant classé hors des points le samedi en Allemagne, ce qui n'a fait qu'aggraver ce qui était déjà un week-end difficile.
Vendredi, les choses commencent pourtant bien puisque le n°93 réalise le deuxième temps de la P1, à seulement 0.152s de Johann Zarco (Prima Pramac Racing). Fidèle à lui-même, Marc Márquez ne se ménage pas au guidon de la RC213V et va à la limite dès le début.
Après une excellente entame, les ennuis commencent avec une belle frayeur au virage 11, causant la frustration manifeste de l'octuple Champion du Monde.
Après plusieurs coups de chaud, le pilote Honda perd l'avant de sa machine dans le premier virage et percute violemment la moto de Johann Zarco qui sortait des stands, brisant la Ducati du Français en deux. Cet incident crée une vive polémique, à laquelle Marc Márquez répond : « Je suis en colère parce que si quelqu'un pouvait éviter cette situation, c'est bien Johann. »
De son côté, le Cannois réplique en déclarant qu'il est « inacceptable » de le blâmer. À la suite de cet incident, Marc Márquez ne parvient pas à réaliser un temps suffisamment compétitif pour entrer dans le top 10 de la journée, ce qui le contraint à passer par la Q1.
Tous les regards sont tournés vers l'Espagnol lorsqu'il sort de la voie des stands le samedi matin, et il ne déçoit pas. Dans une qualification disputée sur le mouillé, le pilote de 30 ans parvient à réaliser le tour de référence dès le début de la séance avant de rentrer aux stands. En voulant améliorer sa marque, l'Espagnol chute dans le dernier virage et, avant même que sa moto ne se soit stabilisée dans le bac à graviers, il se précipite vers son box pour récupérer sa deuxième machine et repartir. De retour en piste pour un dernier tour, le représentant de Honda pilote la RC213V à la limite pour s'offrir une place en Q2 in-extremis.
Alors que la bataille pour la pole commence, Marc Márquez repart directement mais ne tarde pas à chuter de nouveau, cette fois au niveau du virage 13. Comme en Q1, il regagne la pitlane, cette fois-ci en boitant, déterminé à participer à la course.
À moins de cinq minutes du drapeau à damier, il est de retour en piste. Un bon chrono lui permet de prendre la cinquième place mais alors que Pecco Bagnaia s'empare de la pole, l'Espagnol part de nouveau à la faute, terminant la séance en septième position. Déjà victime de quatre chutes au cours du week-end, on sent l'Espagnol sur la retenue en Tissot Sprint. Cinquième à la fin du premier tour, le natif de Cervera se met à dégringoler dans le peloton pour terminer à la 11e place. Après la course, il confirmera avoir préféré ne pas trop attaquer.
« Ce n'est pas ma mentalité, je suis un battant, mais on ne peut pas se battre contre un mur. Il faut ouvrir les yeux », a déclaré le n°93 lors de son débriefing de Tissot Sprint, avant d'ajouter : « Le problème, c'est qu'il y a trop de risques ».
La journée de dimanche est l'occasion d'un nouveau départ pour la star de Honda, mais les espoirs de remporter 12 victoires en autant de courses sont rapidement anéantis. Sa cinquième chute du week-end, subie pendant le Warm Up, est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Marc Márquez se retire de l'épreuve, admettant qu'il « ne se sent pas prêt à courir ».
Les répercussions de son cauchemar au Sachsenring se sont étendues à Assen une semaine plus tard, où il a également abandonné après avoir aggravé une blessure aux côtes. Le pilote Honda a connu des campagnes marquées par des problèmes physiques mais il a toujours su se montrer performant en Allemagne. En 2021, il a remporté sa première victoire après 581 jours, et ce malgré trois abandons consécutifs. Il a manqué l'édition 2022, mais on s'attendait à ce qu'il renoue avec son histoire d'amour avec le circuit dans le sens inverse des aiguilles d'une montre cette année. Au lieu de cela, l'Espagnol a connu une nouvelle déconvenue.
Après huit épreuves, Marc Márquez est monté sur le podium de la Tissot Sprint et a décroché une pole position, mais l'Espagnol n'a pas encore terminé un Grand Prix le dimanche, les blessures et les chutes ayant une fois de plus gâché la fête. Aujourd'hui, il semble que le natif de Cervera et Honda se trouvent à un moment critique de leur relation de longue date, l'ambition l'emportant sur la performance.
Le week-end au Sachsenring a peut-être mis à mal la relation entre le pilote et sa RC213V, mais il reste suffisamment de temps à la marque japonaise pour trouver une solution aux problèmes, ce qui pourrait assurer l'avenir du n°93 dans leurs rangs, avec la promesse de goûter à de nouveaux succès ensemble. Pour y parvenir, la première étape vers cet objectif commence le 6 août.
Le MotoGP™ se rend à Silverstone, où l'Espagnol a goûté à la victoire en 2014, avec deux autres podiums à son actif également. Le défi sera de taille, mais c'est l'occasion rêvée pour Marc Márquez et Honda de construire une meilleure seconde partie de saison.