Le premier périple de Nick Harris en Argentine

Nick Harris revient sur son premier voyage en Argentine, sur fond de guerre des Malouines.

Je me souviens de mon premier voyage en Argentine. C’était en 1982 et je n’avais jamais entendu parler des îles Falkland. Dix jours après mon retour de Buenos Aires, je savais exactement les situer sur une carte, mais comment pouvait-on nous reprocher de ne pas connaître ce groupe d’îles isolées, qui allaient faire les gros titres quelques mois plus tard ?

Avant de nous rendre au Grand Prix d’Argentine, première épreuve du calendrier, nous avions convaincu notre employeur d’effectuer un roadtrip de 1600 km depuis la frontière chilienne. Honda nous avait fourni les motos. Alors que nous étions à Mendoza, un des journaux titrait justement sur les îles Falkland, mais à vrai dire je n’en pensais rien de plus. Et je n’avais même pas remarqué la présence de tous ces avions militaires à l’aéroport, lorsque j’avais emprunté la voiture de location de Barry Sheene pour faire quelques plans d’ambiance.

Nous passions un bon moment dans cette ville et puis un soir, en cherchant un magasin qui vendait des vestes en cuir bon marché, nous nous retrouvâmes au bon milieu d’une manifestation de femmes. Ces dernières brandissaient des pancartes, exigeant de savoir ce qu’il était advenu de leurs fils, sous les yeux d’un important contingent de policiers anti-émeutes armés de canon à eau.

Loin de tout ça, la vie continuait et le matin de la course, nous nous rendîmes au circuit sur nos motos. Le Néo-zélandais Greme Crosby, qui venait juste de signer au sein du team d’usine propriété de Giacomo Agostini, faisait le trajet avec nous et je sentais déjà la catastrophe arriver. Vêtu de tongs et d’un short, le vainqueur du Tourist Trophy et de Daytona, se mit debout sur ses repose-pieds… quand soudain ce dernier ce retrouva à terre. À tout juste quelques heures du départ, il était là, par terre, le genou ensanglanté. Finalement, Croz arrivera à temps pour sa course. Le Grand Prix, long de 32 tours, allait quant à lui se résumer à un duel Kenny Roberts – Barry Sheene ; l’Américain battant le Britannique pour 0,670 seconde.

Après la course, nous attrapions un vol de nuit, un des derniers à quitter l’Argentine en direction de l’Angleterre, mais sur le moment nous n’en avions pas conscience. C’est à notre arrivée à Gatwick que nous réalisions ce à quoi nous avions échappé. Deux jours plus tard, la guerre était déclarée !

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