Notre pèlerinage avait débuté dimanche matin, sur les coups de 6h30. Avant même que mon réveil sonne, je pouvais déjà entendre le bruit de ces motos dévaler l’autoroute A420 en direction de Silverstone, circuit qui se situe pourtant à près de 35km… Dès l’aube, « l’armée jaune » était de sortie !
Rien n’avait changé au fil des années. Il y avait toujours les mêmes personnes en retard et arrivé au légendaire pub Green Man, les bouchons commençaient, avec une circulation réduite à deux voies et des motos slalomant à toute vitesse entre les voitures. Sur les t-shirts, sur les casquettes ou sur les drapeaux : le n°46 était partout.
Alors que nous nous approchions doucement mais sûrement de l’entrée, je me suis souvenu de ces fameux sandwichs que me préparait ma maman pour ces jours de courses et que je mangeais généralement sur le trajet nous conduisant au circuit.
Le parking semblait si loin de la piste... Mais nous nous sommes joints à cette marée jaune et nous nous sommes mis en marche, sans broncher malgré la longue queue qui nous attendait. 40 minutes plus tard, après que nos billets aient été scannés, nous y étions !
Désormais il nous fallait trouver mon ami Martin Raines, ancien statisticien du MotoGP™, au Sud du circuit. Mais tout un tas d’obstacles allaient ralentir notre progression, comme ces files de personnes, qui patientaient pour aller aux toilettes, pour aller acheter à manger et surtout pour ramener un dernier souvenir du ‘Docteur’.
Quelques coups de fil nous auront finalement permis de le localiser. Il était assis à côté d’une famille qui avait accroché un énorme drapeau 46, accompagné de l’Union Jack, à un poteau. Certains avaient pensé à prendre une chaise pliante, ce qui ne m’avait jamais traversé l’esprit en l’espace de 50 ans. Nous étions fin prêts à vivre cet après-midi de MotoGP™.
Romano Fenati (Sterilgarda Max Racing Team) aura reçu une véritable ovation, mais le grand moment approchait. 21 ans plus tôt, j’avais commenté la première victoire de Valentino Rossi (Petronas Yamaha SRT) en catégorie reine à Donington et ironie du sort, j’étais cette fois sur la piste de Silverstone pour assister à sa dernière venue en terres anglaises. Dans son tour de formation, tout le monde s’était levé pour l’acclamer comme s’il était devenu l’un des nôtres.
Ces fans sont uniques et si loyaux, qu’ils n’ont cessé de soutenir Jake Dixon (Petronas Yamaha SRT) tout au long de ces 20 tours et applaudi le vainqueur du jour Fabio Quartararo (Monster Energy Yamaha MotoGP). Quand soudain Valentino Rossi est arrivé pour un ultime tour d’honneur en Grande-Bretagne : c’était la dernière fois qu’on le voyait sur ce tarmac. Il s’est arrêté au Club Corner, a salué la foule, avant de repartir pour toujours… J’avais les larmes aux yeux, mais s’il vous plaît, ne le dites à mes potes !