Cette série Women in MotoGP™ repose sur une certaine curiosité pour les histoires de ces professionnels impliqués dans le milieu et sur le désir de partager leurs expériences. La combinaison entre ces deux éléments génère de la motivation, l’envie d’essayer, tout en s’inspirant de ces femmes qui ont transformé l’ordinaire en extraordinaire. Et la curiosité est justement un des fils conducteurs de l’histoire vécue par Isabelle Larivière, qui a été amenée à vivre plusieurs vies professionnelles.
Enfant, elle se destinait davantage à suivre les traces de sa mère, infirmière à domicile dans la région de Calais ; une vocation qu’elle souhaitait combiner avec la danse : « J’ai toujours rêvé de faire au moins deux choses à la fois, révèle-t-elle. Je suis une personne dynamique, qui cultive les différents centres d’intérêt. » Mais très tôt, elle se découvrait également une passion pour les motos. « J’avais 16 ans quand j’ai eu ma première moto et ça m’a accompagné partout par la suite, » ajoute-t-elle.
Après avoir terminé ses études d’infirmière, elle commençait dès lors à épauler sa mère : une façon de conjuguer l’expérience de l’une et les compétences technologiques de l’autre. « Ce boulot a façonné ma vie et mes relations avec les gens, explique-t-elle. C’est ce qui me fascine le plus : donner et partager avec les autres ! »
Bien qu’elle adorait son travail, au bout de 20 années à exercer l’emploi d’infirmière, Isabelle ressentit le besoin de changer, ne serait-ce pour pouvoir consacrer plus de temps à son fils de sept ans. Et cette fameuse occasion se présentait en 2000 pour Noël, par l’intermédiaire de sa sœur Hélène qui était présidente et fondatrice d’une agence de communication spécialisée dans les sports mécaniques à Paris (Philip Morris International, Michelin, Team Proton KR, Dorna, Suzuki, BMW…) : « Elle m’a donné l’opportunité de travailler avec elle, en tant qu’assistante relations publiques pour le Championnat du Monde FIM MotoGP™, raconte-t-elle. Je savais que je m’embarquais dans quelque chose de totalement différent, mais que je pouvais compter sur son soutien. Alors j’ai accepté ! »
En l’espace de trois mois, Isabelle avait trouvé des infirmières de substitution à ses patients, déménagé à Paris et en mars, cette dernière était déjà en route vers l’Afrique-du-Sud pour le premier Grand Prix de la saison 2001 : « J’étais excitée à l’idée de voyager, même si c’était un grand saut dans l’inconnu. Je n’avais aucune idée de ce qui m’attendait et encore heureux, car je pense qu’aujourd’hui j’aurais pris peur. Il y a des personnes qui étudient pendant les années pour atteindre le MotoGP™, le nec plus ultra des sports mécaniques. Pour moi, ce fut différent. Je cherchais juste un second souffle, à découvrir de nouvelles choses. Néanmoins, je ne savais absolument pas ce que j’allais y trouver, » reconnaît-elle.
Hélène conseillait à Isabelle de se donner quelques mois pour apprendre, pour voir si elle se plaisait et se sentait à la hauteur. « Elle m’a dit d’être comme une éponge : d’observer les autres pour comprendre leur dynamique. J’étais en quelque sorte une goutte d’eau dans ce paddock. Personne ne m’a sans doute remarquée au premier abord, mais rien ne m’échappait, » confie-t-elle.
Durant les deux années qui ont suivi, Isabelle alternait son poste en agence avec des gardes à l’hôpital : « Je voulais assurer le coup au cas où ça ne se passait pas comme prévu, bien que je n’aie jamais été trop inquiète, car j’avais déjà une profession viable, » souligne-t-elle.
Ces années, rythmées par des formations et sa volonté de découvrir un nouvel univers, furent pour le moins intenses pour Isabelle. « J’ai eu la chance de découvrir la communication avec des professionnels du milieu. Ça a facilité mon apprentissage, admet-elle. Au départ, je travaillais avec le team Proton KR, qui appartenait à Kenny Roberts. »
Passer d’une petite ville de province à un quotidien où on voyage à travers le monde fut forcément déconcertant dans un premier temps : « La première saison, je me suis demandé ce que je faisais là, ce qu’on attendait de moi et comment je pouvais contribuer à cet environnement. C’est bien plus tard que j’ai réalisé qu’il y avait en réalité plein de similitudes entre ces deux métiers, car au fond, il existe un tas de moyens de prendre soin des autres, » fait-elle remarquer.
Tout en retraçant ces 20 dernières années effrénées, Isabelle met en lumière l’élément qui, sans le savoir, allait occuper une grosse place dans sa vie. « Depuis toujours, j’adore les motos. Mais si quelqu’un m’avait dit en acceptant l’offre de ma sœur que je travaillerais pour la FIM, je n’y aurais jamais cru », concède-t-elle.
En fait, 2008 marquait une autre étape dans sa carrière, cette fois au travers d’un coup de fil… « C’était un mardi après-midi quand mon téléphone a sonné, se souvient-elle. Au bout du fil, une agence suisse de recrutement me demandait si j’étais libre les prochains mois, car ils recherchaient quelqu’un qui connaisse déjà le monde de la moto. Ils me précisaient qu’ils avaient déjà entendu parler de moi et qu’ils souhaitaient voir mon CV, ce qui eut le don de m’intriguer… »
Après avoir consulté sa sœur, Isabelle décidait finalement de préparer à la hâte un CV pour l’envoyer au mystérieux recruteur et quelques jours plus tard, elle était convoquée pour un entretien à Genève. Isabelle s’empressait également de contacter son fils, désormais adolescent, afin de lui faire part de la situation et il devenait clair qu’une nouvelle aventure était sur le point de débuter. « Mon fils de 17 ans m’a dit d’y aller, d’essayer, d’appliquer ce conseil que j’avais pour habitude de prodiguer aux autres, déclare-t-elle. Du coup, je me suis rendue en Suisse pour passer cet entretien, qui s’est achevé par la fameuse phrase ‘On reviendra vers vous’. Sauf que j’ai bel et bien été choisie parmi les candidats. Et c’est à ce moment-là que j’ai appris qu’il s’agissait de la FIM. »
En février 2009, Isabelle quittait ainsi Paris pour Genève, où elle intégrait le département communication de la Fédération Internationale de Motocyclisme. Et depuis, elle n’a eu de cesse de grimper les échelons pour devenir responsable de la communication : un rôle qui l’amène à promouvoir tout ce qui est relatif aux deux-roues : des stages pour les passionnés à la compétition de haut niveau.
Isabelle précise par ailleurs que tous les grands changements initiés dans sa vie ont été étroitement liés à sa famille et au soutien inconditionnel qu’ils lui auront apporté. « Je ne me serais jamais aventurée dans tout ça, si mes proches n’avaient pas été là, car seul vous ne pouvez rien faire. Qui je suis aujourd’hui est le fruit de mon travail, de mes efforts et de toutes ces personnes que j’ai rencontrées en chemin. Ces dernières ont véritablement enrichi mon parcours, au niveau privé comme sur le plan professionnel. Sans eux, rien de tout ça n’aurait été possible, » indique-t-elle.
Comme Isabelle l’a appris par elle-même, il existe plus d’une façon d’aider et de prendre soin des autres. Ça peut passer par le partage de sa passion, de son histoire et dans son cas, la curiosité a toujours été une alliée. « Je suis fière de ma vie. Je suis tellement active professionnellement parlant que je n’ai pas toujours vu grandir mon fils. Mais je sais que j’ai nourri sa curiosité et sa passion pour la découverte, ainsi que pour les voyages. Je souhaite à tout le monde la force de se dépasser pour repousser ses limites, d’être curieux et de ne pas avoir peur, car après tout, c’est en tombant ou en commettant des erreurs que vous apprenez et que vous évoluez, » conclut-elle.