Au terme de la manche d'ouverture à Jerez, Loris Capirossi s'empare de la tête du Championnat du Monde MotoGP™ pour la première fois. Ducati découvre la première place du classement constructeurs, tandis que Bridgestone remporte sa première course sur le circuit espagnol. Pour la deuxième fois de sa carrière en MotoGP™, Loris Capirossi décroche la pole position et s'impose en course. Dani Pedrosa fait ses débuts en MotoGP™ et se classe deuxième. Le regretté Nicky Hayden est sacré Champion du Monde à la fin de la saison et l'Italie soulève la Coupe du monde.
Nous sommes en 2006. C'est la dernière fois que l'épreuve inaugurale du Championnat du Monde MotoGP™ est officiellement disputée en Europe. Après 17 ans d'attente, le premier rendez-vous de la saison MotoGP™ a lieu sur le Vieux Continent, sur le circuit de Portimão au Portugal.
Cette manche d'ouverture est toujours très spéciale et particulièrement attendue. Pendant ces 17 années, c'est le circuit international de Losail, au Qatar, qui a eu le privilège de donner le coup d'envoi de la saison, bien qu'en 2020, la catégorie MotoGP™ ait dû débuter à Jerez en raison des restrictions imposées par la Covid. Toutefois, la campagne a officiellement débuté au Qatar pour les Moto3™ et Moto2™.
La saison 2020 et ses restrictions Covid a été un cauchemar et m'a rappelé ma première année en tant que reporter sur les Grands Prix en 1980. Les deux premières manches avaient été annulées pour des raisons très différentes. Le manque de fonds a entraîné la disparition du Grand Prix du Venezuela alors que j'étais sur le point d'acheter mes billets pour San Carlos. J'ai ensuite réservé mes vols pour la nouvelle manche d'ouverture au Salzburgring en Autriche, avant que Barry Sheene ne m'appelle pour m'annoncer qu'il était impossible d'entrer dans le paddock enneigé et encore moins de disputer un Grand Prix sur des motos 500cc. Nous nous sommes rendus en Autriche un an plus tard pour la première épreuve, dont le premier jour d'essais a été annulé à cause de la neige.
Ensuite, le MotoGP™ a déployé ses ailes et s'est lancé à l'assaut du monde entier, avec des circuits d'ouverture incroyables. En 1982, Kenny Roberts a remporté une bataille mythique face à Barry Sheene et le jeune Freddie Spencer à Buenos Aires, en Argentine, trois jours avant le début de la guerre des Malouines. Un an plus tard, nous nous sommes rendus dans une Afrique du Sud en proie à l'apartheid. Nous sommes revenus à Kyalami les deux années suivantes, heureux d'avoir continuellement enfreint les lois et les restrictions de l'apartheid. En 1986, Jarama a été le dernier circuit européen à accueillir la manche d'ouverture avant une attente de 19 ans, puisque c'est le tracé japonais de Suzuka qui a ensuite été choisi pour assumer ce rôle. Pour beaucoup d'entre nous, le Grand Prix de 1987 était notre premier voyage au Japon. Nous nous y sommes rapidement habitués, puisque Suzuka a accueilli l'épreuve inaugurale pendant les six années suivantes. Je pense qu'avec la domination des motos japonaises, c'était l'endroit idéal pour débuter la compétition.
Le tour du monde s'est poursuivi sur des sites aujourd'hui oubliés comme Eastern Creek en Australie et Shah Alam en Malaisie, ainsi que des plus récents comme Sepang et Welkom, en Afrique du Sud. Impossible d'oublier cette manche inaugurale à Welkom en 2004, qui a vu Valentino Rossi et Max Biaggi s'affronter dans un combat personnel entre Yamaha et Honda qui a donné le ton de la saison et des années suivantes.
Le Qatar a repris le flambeau en 2007 et a organisé un an plus tard le premier Grand Prix nocturne. C'était un véritable spectacle, pionnier dans les Championnats du Monde de sport mécanique disputés sous les projecteurs. Je me souviens d'être arrivé à Doha en survolant le désert sombre qui s'est soudain transformé en un véritable feu d'artifice de 3600 ampoules illuminant une zone de la taille de 70 terrains de football. Quelle introduction à la nouvelle saison lorsque le grand soleil rouge s'est abaissé sous la ligne d'horizon du désert et que les lumières se sont lentement allumées pour illuminer le ciel, accompagnées de la symphonie d'un orchestre de moteurs à quatre temps en pleine effervescence !
Il n'y aura donc pas de neige au Portugal ce week-end, ni de restrictions imposées par la Covid ou de problèmes financiers, alors que le MotoGP™ entame son nouveau chapitre en Europe, là où tout a commencé sur l'île de Man il y a 74 ans.