C'est drôle à quel point la perspective peut vous jouer des tours. Si vous regardez derrière le leader, une avance de 38 points semble être un écart assez important pour Jorge Martín (Prima Pramac Racing) en tête du Championnat du Monde FIM MotoGP™. Ce n'est probablement pas le cas pour lui, bien qu'il dispose de plus d'un Grand Prix d'avance. En effet, il pourrait passer le Grand Prix Monster Energy de Catalogne dans les tribunes et toujours être en tête lundi.

Si vous êtes Francesco Bagnaia (Ducati Lenovo Team) et que vous regardez vers le haut depuis la deuxième place, sachant que vous avez rattrapé un retard de 91 points en 2022 alors qu'il n'y en avait que 25 en jeu chaque week-end, vous êtes loin de paniquer. C'est assez proche, après une bonne dose de malchance aussi, pour expliquer pourquoi il n'a pas tout risqué dans le dernier tour du GP de France. Il s'agit d'engranger des points et d'avancer, de revenir plus fort. Un triomphe à Barcelone serait également un message fort puisque le tracé catalan est l'un des trois seuls du calendrier où le n°1 n'est jamais monté sur le podium d'un GP.

Si vous êtes un octuple Champion du Monde, que vous vous retrouvez troisième, que vous êtes dans le top 3 du classement pilotes pour la première fois depuis 2019 (avant que tout ne s'écroule et que la frontière entre magie et physique ne disparaisse soudainement) et que vous ne cessez de gagner en vitesse, un retard de 40 points vous semble soudain insignifiant. Voici à quoi ressemble le bras de fer entre Jorge Martín, Pecco Bagnaia et Marc Márquez (Gresini Racing MotoGP™) à l'approche de Barcelone.

VIENS ME CHERCHER

La performance de Pecco Bagnaia à Jerez est toujours aussi impressionnante à ce jour. Se retrouver face à face avec l'un des meilleurs pilotes de l'histoire avant même qu'il ne prenne sa retraite, et non seulement ne pas céder, mais sortir vainqueur ? Le message est envoyé. La démonstration de Jorge Martín au Mans est encore plus remarquable puisqu'il s'est attaqué non seulement au champion en titre mais également au n°93 et qu'il les a tous les deux battus dans son propre style. Trois approches pour atteindre le même objectif, c'est en partie ce qui rend l'histoire si intense jusqu'à présent. Jorge Martín est explosif, Pecco Bagnaia imperturbable et Marc Márquez ? Il a marqué une époque et est en train de laisser sa trace dans une autre.

Sa saison jusqu'à présent peut être résumée par son attaque dans la chicane du Mans alors qu'on semblait se diriger vers un duel pour la victoire dans le dernier tour. À noter que l'Espagnol est parti de la 13e place sur la grille avec la moto de l'année dernière. À présent, il ne lui reste plus qu'à recommencer, encore et encore, lui qui est le seul sur la grille à en être capable. Trois pilotes, trois approches, un spectacle incroyable.

Pourtant, même si les deux dernières courses ont été l'occasion d'une étonnante confrontation entre le champion en titre, le prétendant au trône et la référence d'une époque, tous déterminés à montrer à l'autre ce dont ils sont capables, nous n'avons pas que trois potentiels vainqueurs. Ce n'était pas le cas au Qatar, ni au Portugal, ni à Austin, ni à Jerez, ni au Mans et ce ne le sera pas non plus à Barcelone, car l'un des pelotons les plus serrés de l'histoire du MotoGP™ débarque en Catalogne, prêt à nous peindre un nouveau chef-d'œuvre.

PAS DE RETOUR EN ARRIÈRE, SEULEMENT DES RETOURS

Les résultats du GP de France sont toutefois trompeurs à certains égards. Si Enea Bastianini (Ducati Lenovo Team) n'avait pas coupé le point de corde et reçu une pénalité de Long Lap, la « Bête » aurait sûrement été dans la course au podium, ce qui lui aurait permis de rester dans le trio de tête au général. Cependant, c'est arrivé, et il n'y a pas de retour en arrière en MotoGP™... seulement des retours. Alors que les rumeurs autour de 2025 vont bon train, Enea Bastianini peut-il lui envoyer envoyer un message à tout le monde à Barcelone ? L'Italien est loin d'être lent en 2024, il sait ce qu'il faut faire pour gagner et possède un excellent palmarès au circuit de Barcelone-Catalunya. Il veut aussi probablement rappeler à tout le monde qu'il mérite son guidon, lui qui a gagné quatre courses dans le team de Marc Márquez dont deux lors des quatre premiers GP.

Marco Bezzecchi (Pertamina Enduro VR46 Racing Team) avait quant à lui un bon rythme en France mais l'Italien a chuté. Le pilote VR46 aura donc à cœur de rebondir et de réitérer sa performance de Jerez tandis que son coéquipier Fabio Di Giannantonio (Pertamina Enduro VR46 Racing Team) cherchera à prouver sa supériorité. Rapide, Franco Morbidelli (Prima Pramac Racing) a enfin terminé dans les points le dimanche avec une septième place, bien que cela ne soit pas suffisant pour lui. Pour ce qui est d'Alex Márquez (Gresini Racing MotoGP™), ce GP à domicile qui lui a si bien réussi par le passé est une opportunité en or de retrouver les avant-postes comme à Jerez.

VOS RIVAUX VOUS ATTENDENT

Chez Aprilia Racing, pas de pression, mais un peu quand même, au vu de ce qu'il s'est passé au GP de Catalogne 2023. Aleix Espargaró (Aprilia Racing) avait réalisé le doublé pendant que Maverick Viñales (Aprilia Racing) avait pris la troisième place en Tissot Sprint avant de se classer deuxième le dimanche. Il est fort probable que la marque soit de nouveau aux avant-postes en 2024 mais il sera intéressant de voir si la hiérarchie change. Aleix Espargaró possède un excellent palmarès à Catalunya et Maverick Viñales est particulièrement performant en 2024 puisqu'il a déjà remporté un Grand Prix et deux Tissot Sprint.

Chez Trackhouse, Miguel Oliveira (Trackhouse Racing) cherchera à redresser la barre après Le Mans, lui qui comptait construire sur les bases solides de Jerez. On notera qu'il a toutefois privé Marc Márquez de la Q2, ce qui n'est pas un mince exploit. Son coéquipier Raúl Fernández sera également à surveiller puisque l'Espagnol roule avec la machine qui a remporté le GP de Catalogne 2023 et qu'il a dominé son coéquipier au Mans. Que nous réserve-t-il à Barcelone ?

Le week-end en France a été plus difficile pour KTM et GASGAS. Brad Binder (Red Bull KTM Factory Racing) a pris le départ depuis la dernière place après un début de week-end cauchemardesque mais dimanche, le n°33 a réalisé une performance dont lui seul a le secret pour repartir avec les points de la huitième place. Pour ce qui est du rookie Pedro Acosta (Red Bull GASGAS Tech3), ce fut presque l'inverse puisqu'il s'est qualifié septième avant de commettre sa première erreur le dimanche. Le Mans et Pedro Acosta ne font pas bon ménage, du moins pour l'instant. Toutefois, le jeune prodige sera déterminé à revenir au sommet à Barcelone, où KTM a déjà connu le succès. De son côté, Jack Miller (Red Bull KTM Factory Racing) manque de rythme en fin de course et cherchera à mieux terminer tandis qu'Augusto Fernández (Red Bull GASGAS Tech3) a marqué des points en France mais cherche toujours à passer un cap.

POUR ENCOURAGER LES AUTRES

Quelques pilotes se sont distingués en France. Chez Yamaha, il y avait de quoi se réjouir du GP national de Fabio Quartararo (Monster Energy Yamaha MotoGP™), même si les points n'ont pas été au rendez-vous. Le Niçois est rentré directement en Q2 et dimanche, il occupait la sixième position avant de chuter avec cette livrée qui en disait long sur sa performance. Avec son excellent palmarès sur ce circuit de Barcelone, pourra-t-il répéter cette belle performance ce week-end ? Son coéquipier Alex Rins (Monster Energy Yamaha MotoGP™) en attend quant à lui un peu plus à domicile après une course difficile en France.

Johann Zarco (CASTROL Honda LCR) a également creusé l'écart sur ses collègues Honda au Mans et il cherchera à continuer sur sa lancée. Après un bon week-end à à Jerez, Joan Mir (Repsol Honda Team) aura à cœur de faire un bon résultat devant son public tandis que la mission continue pour Takaaki Nakagami (IDEMITSU Honda LCR) et Luca Marini (Repsol Honda Team) pour faire avancer le projet. Après un Test privé pour Yamaha et Honda au Mugello et une wildcard ce week-end pour Stefan Bradl, tout le monde est sur le pont pour progresser.

Le peloton n'a jamais été aussi serré. L'écart moyen entre le premier et le deuxième lors des cinq premiers Grands Prix de 2024 n'est que de 0,951, ce qui est la première fois dans l'ère du MotoGP™ qu'il est inférieur à une seconde. Mieux encore, il ne s'agit pas simplement d'une course folle ou d'un jeu de hasard, mais d'une galerie de chefs-d'œuvre peints par les meilleurs du monde. Alors rejoignez-nous pour le retour du MotoGP™ sur le circuit de Barcelone-Catalunya du 24 au 26 mai !