Ducati débute cette saison 2022 en position de force : de quoi lui permettre de reconquérir ce titre mondial qui se refuse à eux depuis 2007 ? Il est encore trop tôt pour le dire. En attendant, nous vous proposons de passer en revue ces nouveautés aperçues sur leurs Desmosedici durant la pré-saison, du moteur, au bras oscillant en passant par le châssis, l’aérodynamique, le holeshot device avant, le ride-height device avant ou encore l’assise.
Commençons tout d’abord par le moteur, la marque de fabrique de Ducati. On le sait particulièrement puissant cette fois-ci peut-être un peu trop. C’est en tout cas le premier ressenti qu’auront eu ses pilotes. Jorge Martín (Pramac Racing) et Jack Miller (Ducati Lenovo Team) ayant admis avoir procédé à quelques ajustements pour pouvoir mieux l’exploiter en plaçant plus de poids à l’arrière et ainsi gagner en stabilité. D’autre part, il semble que ce nouvel échappement surnommé ‘didgeridoo’ pour sa grandeur ait quelque peu accentué ce problème.
Pourtant lorsqu’il avait été introduit à Jerez fin 2021, il leur procurait une sensation d’avantage. Oui mais voilà, entre temps, pas mal de choses ont évolué sur ce prototype.
Ci-dessus, la GP21 de Fabio Di Giannantonio (Gresini Racing MotoGP™) et vous pouvez clairement distinguer la différence, entre l’ancien échappement et le plus récent. Cela dit, vous remarquerez aussi l’ancien bras oscillant, qui dispose d’un bord non plus incurvé mais beaucoup plus aigu et il ne se prolonge pas vers le haut.
Ducati a également revu l’assise. Vu de l’extérieur difficile de noter les disparités. Malgré tout, cet arrière paraît plus fourni.
Autre particularité : l’échappement supérieur, qui a également été remanié. Désormais, sa pointe est un peu plus courte et son diamètre très légèrement supérieur. Mais dans l’ensemble, les deux modèles sont relativement similaires. Et on dirait bien qu’il n’ait pas rencontré plus de suffrages que le ‘didgeridoo’…
Une des choses les plus intrigantes toutefois, ce sont bien ses holeshot devices. En photo ci-dessus, la configuration du cockpit de la GP21 appartenant à Marco Bezzecchi (Mooney VR46 Racing Team). On y aperçoit deux vis papillon, une pour activer le dispositif arrière et l’autre pour l’avant.
À Jerez fin 2021, il n'y en avait qu'une seule sur les motos d’usine et le holeshot device avait été mis à jour. Nous avons par la suite observé la différence.
En fait, certains ont constaté que la moto effectuait des mouvements étranges, surtout en sortant de virage, comme si un ride-height device était aussi monté à l’avant.
Regardez plutôt ces deux vidéos : dans le premier cas, Jorge Martín qui ne l’utilisait pas à Sepang. Focalisez-vous sur cet écart entre le haut du pneu avant et le bas de la prise d’air.
Et maintenant scrutez le même endroit sur la moto de Johann Zarco (Pramac Racing) qui en était pourvu. On voit bien que l’avant reste enfoncé.
L'objectif de ce ride-height device avant est à vrai dire le même qu’à l’arrière, à savoir : abaisser le centre de gravité, afin de réduire le phénomène de wheelie pour encore mieux réaccélérer.
Les deux combinés font de cette Desmosedici un vrai dragster !
La GP22 est aussi pourvue d’un nouvel aéro. Voici le package auquel on était habitués la saison passée, avec un jeu d’ailes supérieures assez larges, de gros sidepods sur le côté et des conduits tout en bas de part et d’autre.
Dans la configuration ci-dessus, les ailettes épousent désormais tout le carénage avant, qui plus est beaucoup plus mince. Les sidepods n’ont par ailleurs plus tout à fait la même forme. Même chose pour le carénage latéral.
De la GP21 à la GP22, il y a donc eu pas mal de changements. Néanmoins, au fil de la pré-saison, ces nouvelles pièces se sont faites de plus en plus rares.
En fait, Ducati nous a donné l’impression d’avoir été confrontée à quelques problèmes en essayant de déterminer le parfait assemblage, celui qui conviendrait mieux à son moteur 2022. La GP21 illustrée ci-dessous était une moto à la fois puissante, douce et maniable… somme toute assez complète.
Ducati maintient malgré tout que sa GP22 a un bien meilleur potentiel. Du temps leur est juste nécessaire pour l’amener où ils souhaitent.
Concernant les échappements, Ducati n’adoptera probablement pas les nouveaux, comme en atteste cette version 2021 utilisée par Francesco Bagnaia (Ducati Lenovo Team) lors de la dernière journée de Test.
Et puis après tout, Ducati peut se permettre de sacrifier un peu de ce point de vue, si c’est pour avoir un meilleur rendement au niveau moteur. Ce n’est pas comme s’ils étaient talonnés de près.
Le nouveau bras oscillant, l’aérodynamique et la prise d’air demeurent en revanche ; ce qui laisse penser qu’on les retrouvera au Qatar. La question est de savoir à quel niveau ils seront justement, s’ils seront d’ores et déjà en mesure de lutter pour la victoire, ou bien à 80% de leurs capacités.
Attention néanmoins à ne pas perdre trop de terrain sur les premières courses, puisque Francesco Bagnaia avait eu du mal à le combler par la suite, surtout que la concurrence s’avère redoutable.