Les yeux sur la piste, le cœur à Valence, par Nick Harris

Avant ce dernier GP si particulier, Nick Harris nous parle des différentes initiatives prises par le MotoGP™ au fil des décennies

Tous les yeux seront rivés sur le duel pour le titre à Barcelone ce week-end, tandis que tous les cœurs et toutes les pensées iront aux habitants de Valence. Souvent, le sport peut prendre toute la place dans la vie et bloquer ce que l'on ne veut pas entendre. Il peut aussi rassembler les gens dans la douleur et le chagrin et contribuer, collectivement et individuellement, à apporter un soutien et une aide pratique. Les Grands Prix de moto n'ont jamais hésité à faire preuve de compréhension, d'attention et de soutien. Parfois, cela se fait à grande échelle, comme le Grand Prix Motul de la solidarité de ce week-end et les 35 ans des campagnes Two Wheels for Life. De simples actes de gentillesse individuelle ont eu un impact considérable par le passé. Parfois, le simple fait d'être présent a apporté un soulagement et un espoir pour l'avenir à des communautés brisées.

Je me souviens de la première journée des champions de Riders for Health à Brands Hatch, en Angleterre, en 1989. Cette idée venait de Randy Mamola ainsi qu'Andrea et Barry Colemen. C'était le début de quelque chose de si grand que personne, à l'exception peut-être de Randy, n'aurait jamais pu imaginer ce qui allait suivre. Le sport, et en particulier les pilotes et les équipes, n'ont jamais faibli dans leur soutien et leur générosité à l'égard des populations d'Afrique en leur fournissant des soins de santé et des moyens de transport indispensables à leur survie. Rebaptisée Two Wheels For Life, cette organisation, devenue l'association caritative officielle du MotoGP™, ne cesse de prendre de l'ampleur et reste un exemple pour tous les sports de ce qu'il est possible de faire si l'on s'en préoccupe suffisamment.

Il est normal que ces efforts caritatifs considérables soient mis en lumière. Parfois, les actes de bonté et d'attention individuels passent presque inaperçus. La seule visite du MotoGP™ sur le circuit d'Interlagos, dans la banlieue de São Paulo au Brésil, s'est déroulée lors d'un week-end pluvieux de septembre 1992. Ce fut une expérience désastreuse à tous points de vue. La piste ne convenait pas aux motos, l'organisation chaotique et la pauvreté qui régnait dans la ville et surtout autour du circuit faisaient peine à voir. Le paddock était tellement bouleversé par l'état épouvantable des favelas occupées et recouvertes de boue qui surplombaient le circuit qu'ils ont fait quelque chose pour y remédier. Une collecte a été effectuée au profit d'une association caritative locale. C'est peut-être une goutte d'eau dans l'océan, mais cela démontre qu'au moins quelqu'un se soucie d'eux.

Valentino Rossi a rendu visite aux victimes du sida au plus fort de la pandémie à Welkom, en Afrique du Sud, et le fait que le MotoGP™ se soit rendu sur place a grandement contribué à aider une région à bout de souffle. Une ville de 200 000 habitants laissée à l'abandon entourée de chevalements de puits de mine abandonnés et de terrils résultant de la disparition des mines d'or. Des ronds-points encombrés de gens qui, tôt le matin, espèrent qu'on viendra les chercher pour un emploi. Le MotoGP™ a apporté un peu d'espoir, surtout pour les jeunes qui travaillent sur le circuit dans des fonctions très diverses. Pour eux, l'espoir était peut-être encore plus précieux que l'argent de l'œuvre charitative. Ce fut une véritable tragédie lorsque Welkom a organisé son dernier Grand Prix en 2004, qui fut marqué par le duel Rossi/Biaggi.

21 ans plus tôt, je me trouvais à l'aéroport de Johannesburg en plein désarroi. Je me demandais ce que je faisais là. C'était une Afrique du Sud en proie au régime de l'apartheid, je ne comprenais pas pourquoi un Grand Prix de moto était sur le point de s'y dérouler. Quatre jours plus tard, alors qu'on rentrait chez nous, je savais exactement pourquoi. On a enfreint toutes les restrictions imposées par l'apartheid dès qu'on en avait l'occasion. Le paddock a totalement ignoré toutes les règles. On a contrarié ceux qui établissent les lois, mais je pense qu'on a apporté de la joie, de l'espoir et même du plaisir pour l'avenir, ce qui était une denrée rare pour la majorité de la population.

En 2011, le Grand Prix du Japon a été reporté après le tremblement de terre et le tsunami du mois de mars. Une nouvelle date a été fixée en septembre, mais une fuite de radiations à la centrale nucléaire de Fukushima Danichi a suscité de vives inquiétudes. Après de longues délibérations, le Grand Prix a eu lieu et la nation japonaise nous a réservé un accueil formidable. C'était le premier grand événement sportif organisé au Japon après la catastrophe et le fait qu'on était prêts à suivre leurs conseils et à nous rendre sur place signifiait beaucoup pour eux. Certes, certains pilotes ne se douchaient qu'avec de l'eau en bouteille et les radiations mesurées sur le circuit étaient plus importantes qu'à Bologne, mais tout le monde a fait le voyage.

Les compétitions de motocyclisme ont toujours pris soin des gens et le fait de pouvoir les aider par le biais du sport qu'on aime rend les choses très spéciales. Il ne faut jamais l'oublier.

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